Here come the regrets [Red Velvet]

•3•

Past

Tsuyu était assise sur le lit de Bae, les yeux rivés sur le sol. Son amie était assise à son bureau et la regardait avec amusement.

- Ne sois pas aussi gênée ! Fais comme chez toi !

Plus facile à dire qu'à faire. C'était la première fois que Tsuyu venait dormir chez Bae, et elle était plus que mal à l'aise. Elle commençait à regretter d'avoir accepter l'invitation de son amie. Son coeur battait trop vite et elle avait l'impression d'être blanche comme un linge. Personne ne saura rien, se répétait-elle. Ça ne se voit pas. Mais elle n'y croyait pas. Bien sûr qu'on finirait par le remarquer. Depuis quelque temps, elle était beaucoup plus calme, beaucoup plus silencieuse, et surtout, de plus en plus effrayée. Pour l'instant, personne n'avait fait de remarque sur son nouveau comportement, mais ils n'allaient pas tarder. Et elle ne savait pas si elle le supporterait.

- Tsu, tu es sûre que ça va ?
- C'est juste... Ça fait bizarre d'être ici, j'ai peur de faire une bêtise.

Une grosse bêtise. Bae rigola doucement et la rassura :

-Tu ne feras rien, tu n'as vraiment pas à t'inquiéter. Viens m'aider à installer les matelas.

Elle alla chercher un matelas dans une autre pièce, tandis que Tsuyu se retrouvait avec une pile d'oreillers dans les bras sans savoir où les poser. Elle resta un moment immobile, jusqu'à ce que Bae entre dans la pièce et plaça le matelas sur le sol.

- Pose-les dessus, on les étalera sur l'autre matelas.
- Tu ne dors pas sur ton lit ? s'étonna Tsuyu, soudain blême.
- Je dors à côté de toi sur l'autre matelas.

Tsuyu dut prendre sur elle pour ne pas se mettre à trembler. Et merde ! Elle se concentra sur sa tâche tandis que son amie plaçait l'autre matelas.

- Ça va être génial ! s'enthousiasma Bae.
- Oui... Génial. Tes parents ne sont pas encore rentrés ?
- Non, ils travaillent au restaurant, et ma sœur les aide. Ils rentreront certainement tard, alors tu ne risques pas de les croiser avant demain.
- Oh... D'accord.

Tsuyu s'affala sur un des matelas, suivit de Bae. Les deux filles regardèrent le plafond, et Bae lança très sérieusement :

- Je suis contente de t'avoir rencontré.
- Vraiment ? s'étonna Tsuyu, surprise.
- Avant, je n'avais pas vraiment d'amis. J'étais toujours très timide, et je n'aimais pas aller vers les gens.
- Et pourtant, tu es venue vers moi, remarqua son amie.
- Tu avais l'air différente.

Il y eut un grand silence, et Tsuyu finit par avouer :

- Je n'avais pas d'amis à Séoul. Je suis riche, les gens sont obligés de m'aimer. Au début, ça allait. Je me sentais aimée. Je pensais que c'était parce que j'avais de bonnes notes, parce que j'étais gentille et respectueuse. Mais les gens sont hypocrites. Ils me détestent. La seule chose qui les intéresse, c'est m'utiliser à leurs profits. Pour avoir de l'argent, des bijoux, de l'influence. Les gens sont manipulateurs. J'ai appris à ne plus faire confiance à personne. J'ai fini par me dire qu'en restant seule, je ne pouvais pas être blessée.
- Mais maintenant tu m'as moi, fit doucement Bae en attrapant sa main. Je ne te ferai jamais ça.

Tsuyu fut tentée de la croire. Elle aurait voulu de toute son âme faire confiance à Bae. Mais elle ne pouvait pas. Elle avait déjà trop de mur qui entouraient son coeur. Bae n'allait pas pouvoir les briser aussi facilement.

- Je te promets de ne jamais tenter de te blesser volontairement, quelque soit la façon, jura Bae. Je ne te ferai jamais de mal.
- Merci..., murmura Tsuyu.

Bae regarda un instant dans le vide, perdue dans ses pensées, avant de murmurer :

- Promets-moi de ne jamais me quitter. Les gens que j'aime finissent toujours par s'en aller et m'oublier.
- Je ne ferai pas parti de ces gens, lui promit Tsuyu. Je ne te quitterai jamais.

Tsuyu ne saisit pas tout de suite la porté de sa promesse. Et quand elle le fit, elle se dit simplement : Je ne la blesserai jamais. Je l'aime trop pour ça. Et c'est là qu'elle se rendit compte, avec le plus grand effroi, qu'elle était amoureuse de Bae. Et qu'elle ne pouvait plus rien faire contre ça.