VINGT-DEUX

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Olivier

À mon grand désespoir, au début d'Octobre, je me retrouvais les fesses collées sur une chaise de classe. Je ne voyais vraiment pas ce que je pourrais apprendre de plus. Mon don n'était pas puissant comme celui d'Astride ou vaste comme celui d'Auguste.

Je ne voyais pas comment améliorer un simple détecteur de mensonge.

M.Defontaine entra dans la classe, accompagné de Zara, sa petite-fille et apprentie. Zara semblait plus réservée qu'à l'habitude.

- Bonjour tous, dit Defontaine, je ne passerai pas par mille questions sur votre été ou une longue introduction du cours, vous savez à quoi vous en tenir. La seule différence avec l'année passée, c'est que le programme est plus chargé, la matière plus compliquée. Nous avons appris les bases et cette année, nous pousserons plus loin. La plupart d'entre vous pensent qu'ils n'ont pas besoin de ce cours et ne voient pas ce qu'il y a à voir de plus sur leur pouvoir.

Il avait prononcé la dernière phrase en me fixant.

- Mais détrompez-vous. Nous n'arrivons jamais à bout de la magie. J'irai tous vous voir individuellement pour discuter avec vous de vos objectifs.

La classe se mit à l'ouvrage, n'ayant pas envie de poser des questions embarrassantes à quelqu'un d'autre pour tester une énième fois mon détecteur de mensonges, je sorti les papiers officiels que j'avais à signer. J'avançais mes travaux de prince du même coup.

- Olivier?

Je sursautais en entendant la voix de M.Defontaine.

-Est-ce que ça vous dérange si Zara prend part à la conversation, Olivier?

- Non, pas du tout. Essayez-vous.

- Que comptez-vous développer cette année?

-Rien en particulier, je crois être arrivé, malgré ce que vous avez dit précédemment, au bout de mes capacités.

- J'avoue que votre cas est moins évident que d'autres et qu'il faudra déployer plus de créativité, par contre je ne me laisserai pas abattre. Il y a toujours quelque chose d'autre. Surtout après seulement une année. Vous savez quand on vous ment, votre pouvoir est donc relié avec le concept du mensonge, j'ai raison?

- Oui.

- J'ai une idée de ce qu'on doit faire, alors. Tu vas te mettre en équipe avec Zara, qui fera avec toi l'exercice des questions auxquelles elle répondra un mensonge ou une vérité. Faites-le jusqu'à obtenir un résultat.

- Quel résultat?

- Aucune idée, un résultat. Bon travail, Olivier.

Il se dirigea vers un autre élève, me laissant seul avec Zara.

- Pose-moi des questions, je suis prête.

- Laissez tomber, j'ai pas envie.

- Defontaine ne te laissera pas sortir d'ici tant qu'on a pas ce qu'on veut.

- Vous pouvez pas me retenir contre mon gré, je suis le prince.

- Oui, et moi je suis violente. Bon, tu pose une question.

S'en suivit plusieurs heures de questions de plus en plus ennuyeuse, au fur et à mesure que l'inspiration nous manquait. Notre séance de question se prolongea bien après l'heure de cours, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'en plus de perdre mon temps à faire cet exercice, je devrai reprendre tous mes autres cours une autre fois.

Le travail s'accumulait.

À l'heure du souper, Defontaine mit une main sur mon épaule.

- Ça va pour aujourd'hui. Allez manger, nous reprendrons demain matin.

- Mmhh...

Le lendemain, le même manège reprit, et encore le surlendemain.

- Ta lettre préféré est-elle « s »? Demandais-je sans conviction.

- Oui.

- C'est un mensonge. Tu ne sais pas lire.

- Une autre!

- Désolé, j'en ai plus qu'assez.

- Tu ne p...

- ÇA SUFFIT! JE NE VEUX PLUS T'ENTENDRE DIRE UN SEUL MENSONGE!

- Je...

Je savais qu'elle allait dire une phrase du genre « je n'en dirai plus, crétin », mais elle sembla être incapable de formuler les mots. Comme si elle était devenue complètement muette. Parce qu'elle allait dire un mensonge.

- Je savais qu'on y arriverait! s'exclama Defontaine en sortant de nulle part. Nous allons travailler avec cela, empêcher le mensonge plutôt que le détecter. Parfait! Je vous donne le reste de votre journée pour aller méditer sur les possibilités qui y sont reliées. À demain.

Il prit son manteau, et, suivi de Zara, quitta la salle.

- Hum... À demain...

Perplexe, je retournais à mes occupation desquelles j'avais été coupé trois jours, un peu surpris que la solution fut si simple et rapide. Dans tous les cas je ne voyais pas l'utilité d'un tel pouvoir, outre celle qu'avait déjà l'autre d'avant. Un peu sans m'en rendre compte, je me retrouvais devant la salle du trône.

Justement, un homme entrait. Massif comme un bœuf, de grosses veines sortaient de son cou. Sa démarche était celle d'un guerrier, ses mains, celles d'un tueur. Ses yeux étaient froids comme la mort et cernés de plusieurs cicatrices de guerre.

C'était le roi Viihn. Il était là.

- Non... Anaïs...

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