VINGT-SEPT

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Glissé sous ma porte ce soir-là, je trouvais un nouvel horaire qui, non seulement comptait le cours de Défense de dernière année, mais tous les cours de dernière année.

Je m'étais fait griller. Faire semblant d'être une incapable ne ferait que m'enfoncer dans l'incrédibilité.

Surtout que, comme je m'en aperçus et à mon grand découragement, Olivier vint assister à tous mes cours de la journée.

M. Pellerin me regardait de haut. Les sourcils de Mme. Glazkov étaient si froncés que je n'ai pas vu ses yeux du cours. M. Defontaine n'avait jamais eu l'air si perplexe.

Le seul à se ficher de mon brusque changement d'horaire était le professeur d'histoire. En contrepartie, Zara ne se gêna pas pour passer remarque.

- Qu'est-ce que tu fais ici? Dit-elle sèchement.

Je tournais la tête vers Olivier, qui écoutait avec grande attention. Résultat, je ne dis rien de la journée. Je ne démontrais pas de talent ou d'incapacité en particulier. La nuit tombée, de retour au ciel nocturne, j'avais demandé l'aide de Cælesti, qui avait chichement haussé les épaules en répondant que la guerre n'était pas pour autant finie.

Je devais y retourner.

Maya n'y retournerait cependant pas.

Ensuite, ce fut une suite de manipulations peu scrupuleuses qui eurent pour but d'éloigner Auguste du château. Je pris l'apparence de celui-ci et j'allais voir Zara ce matin-là.

- Bonjour Zara, saluais-Je la jeune femme.

- Bonjour Auguste, elle répond.

- J'aurais un service à te demander, je reprend. Je dois mener une enquête pour Olivier... J'aurais besoin de prendre ta place pour un mois.

- Un mois?! C'est pour Maya?

- Oui, non... C'est compliqué.

- Bien. Si on me cherche, je résiderai à la librairie, en ville.

- Bon congé, Zara.

Elle s'en alla et je me changeais en Zara.

Voilà. Quand Auguste reviendrait demain, il ne saurait jamais que je m'étais introduite dans le système, m'étais-je dis. Personne ne saurait que j'avais pris la place de Zara.

Et j'eu raison.

Ce stratagème fonctionna encore mieux que ce à quoi je m'attendais. Mon but, faire avancer les élèves en magie à une vitesse accélérée, fut atteint.

Comme je maîtrisais tous ces pouvoir moi-même, je pouvais les enseigner encore plus vite que n'importe quel mortel. Les Defontaine étaient meilleurs et plus neutres que n'importe quel Ensorceleur pour enseigner la magie, puisqu'ils n'avaient pas de pouvoirs et n'étaient pas biaisés par une technique ou une sorte de magie. Cependant, j'étais encore meilleure, puisque je les connaissais toutes sur le bout des doigts, ce qui était encore mieux.

Résultat, les élèves de tous niveaux évoluèrent l'équivalent d'un à deux ans d'apprentissage en moins de deux semaines. Voilà qui était un bon pas en avant, Cælesti en fut heureuse quoique pas tout à fait satisfaite.

Le vent tourna le seizième jour.

Alors que je marchais dans le château, Auguste est sorti d'un tournant du couloir comme un lapin d'un chapeau.

- Ah! Bonjour Zara!

- Bonjour Auguste.

- Semaine productive, hein?

- Comment?

- Je n'ai jamais vu les élèves progresser si rapidement! Une nouvelle technique d'enseignement?

- Heum... Oui.

- Tu t'es fais mal au poignet? Laisse-moi regarder, ma femme est guérisseuse, elle pourra peut-être t'aider.

- Non!

Je portais un bandage au bras, c'était pour cacher mon signe distinctif, un tatouage phosphorescent en forme d'étoile. Toutes les étoiles, sous leur forme transformée, avaient un signe distinctif qui permettait de les reconnaître. Une façon de limiter les pouvoirs des étoiles, je suppose. Pour Cælesti, c'était ses yeux qui restaient lumineux.

Moi, c'était mon bras. Je devais le garder caché.

- Non? Demande une voix féminine derrière moi.

C'était Zara, l'originale.

- Qui es-tu? Demande mon ex-cousin.

Je ne répondais pas.

- J'ai l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, dit Zara.

- Comme si elle n'avait pas ton visage, Zara!

- Non, Non. C'est pas ça. Elle... elle me rappelle Maya!

Les yeux d'Auguste devinrent ronds comme des billes. Je disparu avant qu'il ne se mette à comprendre.

Dans le ciel nocturne, je demandais l'avis de Cælesti.

- Que faire?

- Essaie une nouvelle approche. Il y a quelque chose que tu dois faire.

- Quoi?

- Tu dois trouver. Ça fait partie de la dernière phase de ton apprentissage. Retourne en bas, sonde le terrain, trouve ce qui finira cette guerre.

- Mais fais-le! Je ne sais pas ce que c'est, finis cette guerre!

- Ce serait trop facile, répond-elle.

Cette fois, je me métamorphosais en soldat et m'infiltrais, au bout de plusieurs mois, dans la garde rapprochée d'Olivier.

Alors, il s'était écoulé à peu près un an après la première apparition de Maya. Pourtant, la première information que je reçus en entrant en service fut celle-ci.

- Si vous voyez un individu, peu importe son apparence, qui porte un bandage au poignet, arrêtez-le. Nous recherchons encore la personne, qui s'est fait passer pour une nouvelle étudiante du nom de Maya et une de nos enseignantes l'an passé. Nous croyons que c'est un espion pour l'ennemi.

Que j'étais heureuse que l'armure aie des brassards! Personne ne me poserait de question.

Par un total hasard, j'eu la réponse à l'énigme posée par Cælesti deux mois plus tard, en écoutant une discussion entre Auguste et Olivier.

Olivier, comme à l'habitude, lisait son courrier et arrivait à une missive d'un de ses espions quand s'écria soudain.

- C'est une véritable menace! S'écria le roi. Nous peinons déjà à gagner du terrain! Il ne manquait plus que cela.

- Que ce passe-t-il? Répondit Auguste.

- L'enfant de Gaëlle, ton neveux! Voilà ce qu'il se passe!

- Le prince Zandrin? Il a tout juste sept ans!

- Il a développé un pouvoir, Auguste. C'est un Ensorceleur.

- Un pouvoir?! Quel pouvoir?!

- C'est un animalier, il se change en n'importe quel animal. Encore pire que Gaëlle. Cet enfant pourrait faire pencher la balance de leur côté! Que faire?

- Je ne sais pas.

Moi, je le savais.

GravitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant