TRENTE

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Olivier

Penché sur mon ouvrage, je n'avais pas vu venir la petite fille. Elle m'avait sauté dans les bras, m'écrasant sur ma chaise.

- Ouf! Fais attention à mon vieux dos, Freesia...

L'enfant me scruta d'un air très sérieux pour évaluer les signes de vieillesse.

- Quel âge tu as?

- Mille ans!

- C'est pas vrai! C'est quoi, pour vrai de vrai?

- Quarante-Cinq, curieuse.

- Arrête de dire des menteries!

- Non, non. Je te jure, je suis vieux, attention à mon dos!

- Maman elle a quel âge?

- On ne dit pas l'âge des dames... Si tu veux savoir, vas lui demander toi-même. Vas voir maman, j'ai du travail. À plus tard, Freesia.

Elle m'écrasa un bec mouillé sur la joue et couru en riant demander son âge à sa mère. Je ris moi aussi. Qu'elle grandissait vite! Freesia allait bientôt souffler ses huit bougies.

Auguste entra dans le bureau avec une pile de papiers.

- Le roi Zandrin de Traktérie et sa mère arriveront d'ici quelques minutes, selon les gardes. Nous devrions aller les attendre à la porte.

- Bien, allons-y. Je te suis.

C'était la première fois que Zandrin ou sa mère avaient manifesté le désir de venir passer des vacances. En fait, je n'avais jamais entendu parler de ces deux là qui prenaient des vacances tout court en vingt ans. Une autre chose qui avait radicalement changé en Traktérie. Depuis une vingtaine d'années, c'était devenu un des pays les plus pacifiques des alentours. Au début, je m'étais demandé si c'était seulement à cause de la fortune qu'on lui avait supposément versée pour acheter la paix et je m'inquiétais sur combien de temps l'illusion tiendrait et, au final, la reine ne s'était jamais aperçue de la supercherie. Puis, il y a environs cinq ans, son fils avait prit sa place sur le trône.

Je m'étonnais que Gaëlle lâche prise si jeune sur son pouvoir. Je m'étais attendu à ce qu'elle s'y accroche jusqu'à son dernier souffle.

- Des nouvelles du traité de libre échange avec Norvallée?

Je sursautais. Le pas d'Auguste était si silencieux que j'en avais oublié sa présence. Presque aussi silencieux que celui d'Astride, quoique pas aussi gracieux. Comme elle semblait légère! Je me rappelle comment elle volait plus qu'elle ne marchait réellement.

J'en avais quelques fois parlé avec Zara, elle me disait que, lorsqu'elle l'avait rencontrée, on l'appelait alors l'Oiseau. Ce nom était si bien choisi que ça en était comique.

Ses gestes, sa respiration légère, son rire...

J'eu de la difficulté, comme à toutes les fois que je repensais à elle, à me tirer de mes rêveries

- Heum... Certains points restent à définir, mais les choses avancent. Je vois la voiture qui arrive aux jardins, dépêchons-nous si nous voulons être à l'heure.

GravitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant