DOUZE

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Quelques semaines à peine après le bal, nous eûmes droit à un congé pour l'été.

Une année de terminée. Je regardais en arrière et prenais conscience du chemin parcouru en si peu de temps.

Oui, j'avais côtoyé la mort et la trahison. Oui, j'avais fais des sacrifices terribles.

Mais j'avais aussi appris à m'accepter, à de venir quelqu'un de plus fort, une Ensorceleuse.

Un attelage arriva. C'était l'heure. L'heure de revenir chez moi.

L'heure de quitter Olivier, l'heure de revenir à un monde plus terre à terre, plus humain.

Je lâchais la main d'Olivier. Il avait, quelque part caché sous son sourire, une tristesse manifeste. Quelque chose d'inhabituel dans un pli de sa bouche, une lueur au fond de l'œil.

Je l'enlaçais, il me serra un peu plus fort qu'à l'habitude, comme quelqu'un qui dit adieu. Il m'embrassa légèrement le dessus de la tête et me laissa repartir sans un autre mot.

Je ramassais mes valises et rejoignais Auguste et Valériane dans la voiture.

Valériane avait décidé de passer l'été chez nous, pour célébrer comme il se devait les récentes fiançailles. À dix-huit et dix-neuf ans, ils ne comptaient pas se marier immédiatement. Leurs fiançailles tenait plus d'une promesse d'amour éternel que de l'officiel.

Olivier ne pouvait s'absenter du palais si longtemps. Par conséquent, s'il me rendrait occasionnellement des visites, elles ne dureraient jamais plus d'une journée.

J'avais pris soin, en partant de laisser ma trace. J'avais demandé à Karelle de colorer mes murs en jaune citron. Elle m'avait assuré que jamais on ne pourrait recouvrir la couleur avec de la peinture blanche.

Le manoir Bellefeuille fut en vue vers seize heures.

Ils étaient tous là.

Mon arrière-grand-mère, ma grand-mère, mon grand-père, ma grand-tante, ma mère, mes sept oncles et tantes ainsi que mes dix cousins.

Nous étions vingt-quatre membres d'une famille où il aurait dû y en avoir vingt-cinq. Je ne sais pas si j'aurai pu être un jour prête à voir les cernes d'inquiétude sous les yeux de ma tante Vanessa, qui s'inquiétait chaque jours du sort de sa fille. 

Autant je savais que ce n'était la faute de personne et que Gaëlle avait fait ce choix, autant je me sentais coupable.

Je me sentais comme si c'était moi qui avait créé cette situation.

Grand-mère s'approcha de Valériane et Auguste, l'œil approbateur.

- Quelle jolie jeune fille! Quel est votre nom, mon enfant?

- Valériane Grandbois.

- Oh mon petit Auguste qui est fiancé! Et toi, Astride? Un jeune homme en vue?

Je piquais un fard, mais heureusement pour moi, grand-mère continuait de parler et et n'y avait pas fait attention.

Je croyais que personne ne s'en était rendu compte, mais je fus détrompée un peu plus tard, lors d'une promenade avec ma mère.

- Comment s'appelle-t-il? M'avait-elle demandé.

- Qui?

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