VINGT-QUATRE

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Ce serait mon premier jour officiel sur terre.

J'y avais souvent mis les pieds pour le plaisir, mais c'était mon premier jour de mission. J'allais accompagner Cælesti sur le terrain. Ce serait aussi la première fois depuis quelques temps que je reverrais ma terre natale. J'avais surtout exploré des terres inconnues.

Je souris au souvenir de Bois-Au-Mirages. Étant devenue une étoile sage, j'avais écouté la consigne de ne plus fréquenter mes proches, je m'étais entraînée à la magie avec une ardeur peu commune qui m'avait valu d'être considérée comme une sorte de génie. J'apprenais les règles du monde nocturne bien plus rapidement que n'importe quelle autre étoile avant moi.

Je savais me servir presque toutes les sortes de magie, savais changer de formes à volonté. Contrôler cette puissance était une autre paire de manche, par contre.

Il n'était pas rare que je m'emporte et déclenche une catastrophe. Malgré tout, j'avais été autorisée à commencer ma formation sur le terrain.

Comme aucun vivant ne me voyais encore, Cælesti me conseilla de tout de suite pratiquer mes déguisements. Si je n'étais pas capable de me faire passer pour un humain le jour où je deviendrai visible, je démasquée et je ne pourrais plus circuler à ma guise sans craindre d'être attaquée ou dérangée dans mes activités. Aujourd'hui, je me promenais sous les traits d'une jeune femme ronde à l'épaisse crinière chocolat. Je trouvais cette apparence agréable, réconfortante.

- Aujourd'hui, nous allons soutenir le roi dans une négociation avec une des régions de Sablentys, m'informa Cælesti. Ils seront de bon alliés.

- Depuis quand soutenons-nous le roi? Et depuis quand soutenons-nous Sablentys? Ce n'est pas à l'encontre de nos intérêts?

- Beaucoup de choses ont changé en ton absence, Astride.

- À moins d'un lavage de cerveau, je ne crois pas que le roi de Bois-Au-Mirage puisse un jour changer assez pour que je puisse le soutenir. Désolée, Cælesti, mais je ne suis pas très à l'aise avec cette mission et...

- Tu n'as pas à participer directement, pour l'instant, tu es ici en observatrice. Mais, je crois que tu changera d'idée assez rapidement.

- Je ne crois pas...

- Tu verra.

Nous entrions dans la salle du trône, qui était étrangement vide. Le roi, en temps normal, avait tendance à toujours avoir un spectateur quelconque pour admirer sa puissance. Cette fois, il n'y avait  que six personnes dans la salle: moi, Cælesti, deux gardes, Auguste et le roi. Le strict nécessaire.

Me demandant depuis quand Auguste était le plus proche conseiller du roi, je regardait ce dernier plus attentivement.

Ce n'était pas l'homme détestable qui avait toujours tenu ce rôle, c'était un autre homme, c'était Olivier. Il était encore plus époustouflant que dans mes souvenirs.

Son visage n'était plus aussi fatigué que la dernière fois, par contre il avait mûri. Ce n'était plus seulement un adolescent, mais un homme. Une barbe taillée avec un soin maladif découpait sa mâchoire anguleuse. Sa cape, couleur nuit, contrastait magnifiquement avec sa couronne aux teintes solaire, qui envoyait des reflets sur ses cheveux et son visage. Ce spectacle était magnifiquement irréel... J'en oubliais presque ma rancune à son égard.

Mon cousin, pour sa part, malgré quelques cernes sous ses yeux, avait bien meilleure mine et semblait même heureux.

Le roi salua Cælesti, une pointe de jalousie me piqua le cœur, j'aurais aimé qu'il me salue également. Devait se joindre à nous les représentants d'une région de Sablentys, apparemment ils se rebellaient contre des décisions injustes de leur roi et refusaient de s'allier à la Traktérie. Depuis combien de temps étais-je partie? Du peu que j'avais entendu, ces gens de Sablentys n'étaient pas les seuls, mais les premiers de toute une suite d'autres qui pensaient se joindre à eux.

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