Chapitre 38 - Nouvelle aube

50 20 5
                                    

— C'est bien simple, nous retrouverons Hugot en partant à la recherche de l'Oiseau !

Les trois autres fixaient Céleste avec perplexité. Assis sur le lit à baldaquin d'Amælie, leur amie leur faisait face et marchait de long en large dans la pièce, plongée dans ses pensées et réfléchissant tout haut. Il lui paraissait évident qu'il leur faudrait suivre les traces du sceptre afin de retrouver leur ami, car il ne faisait aucun doute que ses ravisseurs désiraient se servir de lui pour être guidés jusqu'à l'Oiseau.

— Mais, Céleste, fit remarquer Lætitia, nous ne sommes que des enfants ! Ce n'est pas à nous d'effectuer ce genre de chose, d'autant plus qu'entreprendre ce voyage seuls est extrêmement dangereux.

— Je le sais ! s'impatienta Céleste. Mais nous sommes les seuls à pouvoir le faire ! Je suis la seule à pouvoir le faire. Alors si vous ne voulez pas, libre à vous de rentrer à Titania, mais moi je parts à la recherche du sceptre. Je suis une Sans-Frontière, la seule à pouvoir voyager en toute liberté entre les mondes ! Simplement... Je ne suis pas sûre d'être capable de retrouver Hugot à moi seule... Mais je ne peux pas vous forcer à m'accompagner, alors le problème est réglé ! Retournez aux Archives du Monde, poursuivez vos études, vos missions, vivez une vie d'Archiviste ordinaire – ce qui, entre nous, est plutôt une bonne chose – et moi je m'en vais.

— Non.

Céleste se tourna vers Roméo, surprise.

— Non, Céleste. C'est trop tard pour faire demi-tour, désormais. On est impliqués jusqu'au cou dans cette histoire. Pas forcément celle d'Hugot mais la tienne également. Et ce sera avec nous ou pas du tout.

— Avec nous, se décidèrent en chœur Lætitia et Amælie.

— Parfait, car de toute évidence, vous n'avez pas le choix !

La voix glaciale claqua dans l'air comme un fouet et figea sur place les quatre adolescents. Ils se retournèrent avec lenteur vers l'entrée de la chambre. Sur le seuil se tenait un homme d'une cinquantaine d'années, les mèches grisonnantes, un rictus froid et méprisant figé sur les lèvres, entièrement vêtu de noir, et encadré par deux autres hommes baraqués et armés de barres de fer.

— Qui... Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? balbutia Amælie avec peu d'assurance.

— Si vous voulez bien prendre la peine de nous suivre, nous allons vous escorter jusqu'au rez-de-chaussée, fit l'homme en noir pour ultime réponse.

Le quatuor ne prononça pas un mot de plus et ne se fit pas prier. Les trois intrus s'effacèrent pour les laisser sortir de la pièce et les suivirent de près tandis qu'ils descendaient l'escalier, des sueurs froides dégoulinant le long de leur nuque, tandis que l'un des hommes enfonçait sa matraque dans le dos de Céleste et l'autre dans celui de Roméo (les considéraient-ils tous deux comme les plus potentiellement dangereux, c'était une bonne question).

Dans le salon, le chaos s'était installé en maître. Une douzaine d'hommes et de femmes vêtus de la même façon grouillaient sur le parquet impeccablement ciré et fouillaient chaque recoin de la demeure, vidant chaque tiroir, chaque placard, chaque commode, allant même jusqu'à répondre le contenu du frigo sur le sol.

Parmi tout ce capharnaüm, M. et Mme. Stravosky se tenaient le dos bien droit, tendus, assis côte à côte sur le canapé. Ils étaient livides, la mâchoire crispée, leurs regards terrorisés fixant un point invisible droit devant eux.

— Maman, papa, qu'est-ce qu'il se passe ? interrogea Amælie d'une voix tremblante, le ton inquiet.

Aucun de ses parents ne répondit.

Le syndrome des cœurs de pierre I - PupilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant