Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)

Chapitre 29 - Les yeux fermés

Lorsque j'ouvris les yeux, il faisait encore nuit. Je mis quelques secondes à réaliser que j'étais dans le lit et non plus au pied du canapé. Je levai la tête vers ce dernier et vis que San n'y était plus.

Alors là ma pauvre Jane, soit t'as pété une durite, soit il s'est barré. Et qu'est-ce que je fous au plumard d'ailleurs ?

Pour en avoir le cœur net, je sortis du lit et me dirigeai vers le balcon. Peut être qu'il n'arrivait pas à dormir avec cette chaleur.

- Ah, t'es réveillée, constata-t-il dans mon dos.

Je sursautai et me retournai vers lui avant de comprendre qu'il sortait de la salle de bain. Il était déjà habillé, comme prêt à partir.

- Tu t'en vas ? l'interrogeai-je.

- ON s'en va.

- Comment ça "on s'en va" ? On va où ?

- Ça c'est une surprise. Allez, habille toi ! À moins que tu ne tiennes absolument à ce que tout le monde découvre ton rêve caché, fit-il en désignant mon haut de pyjamas.

Je fis une moue dubitative puis finis par me diriger vers l'armoire pour y attraper un T-shirt noir, uni et ample, que j'enfilai sur le champ.

- Et moi qui croyais que tu allais me demander de me retourner, affirma-t-il en me regardant à moitié.

- C'est vrai qu'à ce stade, me voir en soutif est vraiment la pire chose qui puisse arriver ! ironisai-je.

- Dépêche toi, sinon on va tout rater !

- J'arrive, j'arrive ! pestai-je en enfilant mes chaussures.

- Attends, dit-il en les voyant, tu peux pas mettre ça. Prends plutôt une paire de baskets.

Je baissai les yeux vers mes escarpins avant de revenir vers lui.

- Des baskets ? Je fais un mètre douze, tu crois vraiment que je me trimbale avec des baskets sur moi ?

- Qui n'a pas de baskets de nos jours ?

- Moi visiblement ! Tu imagines si Andrea me voyait avec des baskets ? Elle ferait une syncope sur le champ.

- Ne me dis pas que t'as aucune paire de chaussures plates...

Je me mis à réfléchir rapidement puis sortis une paire de ballerines d'un tiroir. Il me regarda, perplexe, puis ajouta :

- Bon, c'est mieux que rien Calamity. On peut prendre ta voiture ?

- Ok mais je conduis.

- Tu ne sais pas où on va.

- Eh bien ça fait une bonne raison pour que tu me le dises.

- Tu es sûre de bien comprendre le concept de "surprise" ?

- Tu es sûr de bien comprendre le concept de "c'est ma voiture" ?

- Tu pourrais pas te contenter de te taire et de me suivre pour une fois ?

- C'est pas prévu au programme.

- J'ai dansé pour toi, et j'ai marché les yeux fermés comme un couillon devant tout le monde, alors tu pourrais au moins faire ça.

Bon, là, il marque un point.

Je soupirai puis lui jetai mes clés de voiture qu'il rattrapa au vol. Nous sortîmes donc de l'hôtel en catimini pour nous rendre jusqu'à la voiture.

Lorsqu'il alluma le contact, Fuel de Metallica se mit à hurler dans l'habitacle. Il est vrai qu'à l'aller, j'étais un peu sur les nerfs... Je baissai le son et optai pour quelque chose de plus calme : Shape Of My Heart de Sting.