Je ne savais pas à quel moment je m'étais endormie, ni comment nous nous étions retrouvés dans cette position, mais quand je m'éveillais, San dormait la tête sur mes genoux et j'avais une main dans ses cheveux et l'autre au dessus de ses hanches.
Je levai les yeux vers la pendule. Elle annonçait 7h54. On avait donc passé la nuit comme ça, à même le sol. Je ne voulais le réveiller pour rien au monde.
J'aurais pu passer la journée dans cette position, à le contempler. Il avait déjà des expressions juvéniles en temps normal, mais là, je ne l'avais jamais vu avec un air si innocent.
Soudain, son téléphone se mit à sonner et à vibrer, et il se redressa d'un seul coup.
Il regarda qui l'appelait.
- Merde.
Il décrocha tout de suite.
- Salut chérie... Oui je sais, oui, je suis désolé. On a travaillé comme des malades toute la nuit et je me suis endormi comme une grosse merde. Je suis vraiment désolé, c'est pour ça que je t'ai pas prévenue... Non bah du coup je vais rester là pour bosser, on n'a pas tout à fait fini donc ça m'évite de faire un aller-retour pour rien. Oui je rentre ce soir sans faute, je passerai chez le chinois avant de venir. Oui. Oui moi aussi. Bye.
Cet homme était un mythomane aguerri : un soupçon de mensonge bien fondant enrobée d'une couche onctueuse de vérité, le tout sans hésitation et sans même prendre le temps de réfléchir avant de décrocher. On sentait qu'il y avait des années de pratique derrière tout ça.
- Pourquoi tu souris ? m'interrogea-t-il.
- Pour rien, répondis-je sans pour autant parvenir à empêcher mes lèvres de se retrousser.
- Techniquement c'est pas vraiment un mensonge, enfin pas trop.
- Mais je n'ai rien dit.
- Non mais tu le penses tellement fort que j'arrive à le lire sur tes lèvres. Après tout on n'a rien fait de mal.
- On n'a rien fait de mal mais autant le cacher quand même, au cas où.
- Exactement.
- Tu es d'une logique imparable.
- Vu l'heure qu'il est, c'est tout ce que j'ai à donner. Dis, ça te dérange si je vais me recoucher vite fait ?
- Fais comme chez toi. Ma chambre est au bon du couloir.
- Je crois que je vais me contenter de ramper jusqu'au canapé.
- A ta guise.
Finalement, il semblerait que j'allais encore pouvoir le regarder dormir. Je crois que je ne m'en lasserai jamais.
Je pris place sur le fauteuil en face du canapé, histoire de pouvoir travailler tout en jetant un coup d'œil sur lui. Passer une journée à ne rien faire m'avait fait accumuler un retard monstrueux et je me mis donc en mode machine pour tout rattraper. Le doyen de la comédie française voulait monter les Misérables avec une mise en scène un peu modernisée, mais pas trop. Beyonce avait décidé de sortir un album concept accompagné d'un long métrage. Stephen King avait signé un contrat pour une nouvelle adaptation cinématographique de Ça. Eminem préparait son retour. Autant dire que je n'avais pas le temps de m'ennuyer.
A midi pile, on frappa à ma porte. Deux visites en deux jours, ça n'arrivait jamais. San ouvrit péniblement les yeux et me jeta un regard interrogateur, auquel je répondis d'un haussement d'épaules.
- C'est ouvert ! criai-je.
San se redressa sur le canapé puis s'étira de tout son long.
- Jenny chérie, tu es là ?
VOUS LISEZ
Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)
FanfictionLa vie de star, très peu pour moi. J'ai toujours été plutôt une femme de l'ombre, quelqu'un qui aime l'art mais qui préfère sublimer celui des autres plutôt que d'exposer le sien. J'avais décidé de vouer ma vie à cela, je ne vivais que pour mon trav...