25 juin.
Je hais cette journée. Je la hais tellement que ça m'en fait mal.
C'est déjà difficile de faire le deuil de quelqu'un qu'on connait, mais c'est tout aussi difficile de faire le deuil de quelqu'un qu'on n'a jamais connu tout en ayant l'impression de le connaître depuis toujours.
Quand une personne s'éteint, c'est tout un pan de notre vie qui s'éteint avec elle, des souvenirs passés et des rêves futurs. Et lorsque l'on ne s'y attend pas, c'est d'autant plus dur.
J'avais mon propre appartement au sein de la boite. D'ordinaire, je ne m'y rendais que pour dormir et prendre une douche, et encore, quand je ne dormais pas en studio et que je ne me lavais pas dans les douches des vestiaires, mais ce jour-là, c'était différent. Je n'avais envie de voir personne. Je voulais simplement être triste en paix.
Dans mon salon trônait une affiche de lui, le plus grand de tous les grands, avec la citation suivante : « If you enter this world knowing you are loved, and you leave this world knowing the same, then, everything that happens in between can be dealt with. ». Autrement dit, « Si tu viens au monde en sachant que tu es aimé, et que tu quittes ce monde en sachant la même chose, tout ce qui arrive entre les deux n'a pas d'importance. ».
Je travaillais encore sur la question. J'ai eu beau fixer cette phrase pendant des heures, je savais que je n'en comprenais pas encore toute la mesure.
Ce jour là, je m'étais levée et m'étais assise par terre au pied de cette affiche, comme je le faisais chaque fois que ça n'allait pas. Et je restai là, immobile et silencieuse, en dépit du torrent de questions et de considérations métaphysiques qui déferlait dans ma tête. Chaque année à cette date, je ne connaissais ni la faim, ni le froid, il n'y avait que le manque et tout ce qui va avec.
Pourquoi toi ? Pourquoi si tôt ? Qu'est-ce que tu ferais à ma place ? Suis-je à la hauteur ? Le serais-je jamais un jour ?
Toc. Toc. Toc.
Qui est assez stupide pour me déranger un jour pareil ?
Je ne bougeai pas mais on frappa à nouveau.
Je me levai alors avec une lenteur extrême, priant intérieurement pour que la personne soit partie avant que j'arrive.
J'ouvris la porte. San était là, le visage contrit. J'étais presque contente de le voir.
Je baissais les yeux sur son T-shirt et je le vis. Michael. L'image était la même que sur mon propre T-shirt, à la différence près que j'avais fait ajouter la phrase « The only God I believe in » soit « Le seul Dieu en qui je crois ».
- Désolé de te déranger, dit-il, mais on m'a dit que je pouvais te trouver ici.
- On avait rendez-vous ?
- Ben oui... Comme tous les jours...
Je n'avais pas la force de le renvoyer chez lui. A dire vrai, je n'avais même plus la force de rester debout.
Sans rien dire, je tournai les talons, laissai la porte ouverte et retournai m'asseoir là où j'étais, libre à lui d'entrer ou de partir.
Il entra et ferma la porte derrière lui.
- Tout va bien ? demanda-t-il.
J'eu un rictus nerveux mais ne pris pas la peine de lui répondre. Quelle question stupide. La réponse était dans la question ; si tu demandes c'est que, de toute évidence, non, ça ne va pas.
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Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)
أدب الهواةLa vie de star, très peu pour moi. J'ai toujours été plutôt une femme de l'ombre, quelqu'un qui aime l'art mais qui préfère sublimer celui des autres plutôt que d'exposer le sien. J'avais décidé de vouer ma vie à cela, je ne vivais que pour mon trav...