Chapitre 49 - En route mauvaise troupe

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- Attendez ! Il manque la touche finale, s'exclama Andrea une fois que je fus maquillée et habillée.

À ces mots, elle me tendit des chaussures noires, plates, simples et élégantes. Je me résignai donc à abandonner mes Docs, non sans une certaine amertume, pour les enfiler. Par chance, la paire de Prada que Dea venait de me remettre était bien plus confortable que je ne m'y attendais, ce qui me consola un peu. J'eus à peine le temps de sauter à l'intérieur que Nylie conclut :

- Encore merci pour tout Dea, mais il faut qu'on file, on a un programme chargé. Hasta la vista !

Sa phrase n'était même pas encore terminée qu'elle me traînait déjà hors de l'atelier. J'entendis Andrea nous lancer un "Hasta luego hijas", à quoi j'eus à peine le temps de répondre "Adios" avant de quitter la pièce. 

- On passe chercher San au studio et ensuite on file, m'informa Nylie.

L'air était bien plus frais ici qu'à l'intérieur de l'atelier, et je doutais des capacités de ma veste à me protéger du vent une fois dehors.

- T'avais pas demandé des vêtements chauds à Dea ? J'irais pas jusqu'à dire que j'ai froid, mais je ne sais pas si je vais tenir toute la nuit juste avec cette veste.

- T'inquiète, me rassura Nylie. C'est fait exprès.

- Donc ton objectif c'est que je me pèle les miches ?

- Exactement ! Comme ça, quand San verra que tu te les gèles, il enlèvera sa veste pour la mettre sur tes épaules. Trop romantique.

J'explosai de rire malgré moi face à l'absurdité de cette remarque.

- Non mais, ma pauvre Nylie, pour qui tu l'as pris ? Un prince charmant ? Un preux chevalier sur son noble destrier sorti tout droit d'un conte de fée ?

- Jolie rime, mais les contes de fées, c'est ringard. Toi qui est fan de Shrek, tu devrais pourtant le savoir. En revanche, les histoires d'amour à l'eau de rose, ça, ça cartonne.

- Moi je préfère les histoires d'amour à l'eau de vie.

- Je croyais que tu ne buvais plus d'alcool.

L'épisode catastrophique des nuits d'été passées avec Andrew me revinrent aussitôt en mémoire. Je n'avais aucune envie d'en faire part à Nylie.

- Certes, acquiesçai-je. Ça ne m'empêche pas pour autant d'avoir la folie des grandeurs.

- Je voudrais pas te vexer tata, mais niveau grandeur, on a vu plus haut que toi.

- Toi la naine, la ramène pas trop.

- Sauf que, contrairement à certaines, la naine a encore une chance de grandir un jour.

Peste.

Nous arrivâmes finalement au studio où San nous attendait. Fidèle à lui-même, il portait un pantalon noir, avec un pull gris, des baskets blanches (histoire de mettre un peu de gaieté j'imagine), et avait une casquette vissée sur la tête. Au moins, il avait fait l'effort de lâcher le jogging.

Il me dévisagea de la tête aux pieds avec de grands yeux, puis il porta son regard sur sa tenue, avant de le renvoyer vers moi, l'air perplexe :

- Tu veux que...

- Tu es parfait, l'interrompis-je.

- De toute façon, on n'a plus le temps ! nous pressa Nylie. Allez, en route mauvaise troupe !

Et elle se mit aussitôt en marche. San et moi nous fixâmes quelques secondes, intrigués, puis nous décidâmes en même temps de nous diriger vers la porte, manquant de peu de nous percuter. Heureusement, son côté gentleman l'avait poussé à s'arrêter juste à temps pour me laisser passer. Il m'emboîta rapidement le pas puis vint marcher à mes côtés.

Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant