La bulle que San et moi nous étions formée, Nylie la fit éclater en une fraction de seconde. Elle avait faim. Elle nous avait littéralement sauté dessus, en nous suppliant allègrement de l'emmener avaler quelque chose, sans quoi, je cite, elle aurait pu "suffoquer, s'évanouir, mourir, ou pire encore".
Nous prîmes donc la route vers Disney village, priant pour que nos pieds daignent encore nous porter jusque là. Nous finîmes par trouver un restaurant où la lumière était allumée. Commença alors une mission de supplication pour convaincre le chef de nous servir quelque chose. Le malheureux résista vaillamment, mais il n'eut d'autre choix que de céder face au regard larmoyant de Nylie.
Il nous avait à peine installés à une table que la petite se léchait déjà les babines. Cependant, l'attente eut finalement raison d'elle, car elle commença à piquer du nez en plein milieu du repas. Je vis sa tête faire des va-et-vient d'avant en arrière, et eus juste eu le temps de retirer son assiette avant que son visage ne s'aplatisse sur la table.
San et moi ne pûmes nous empêcher de laisser échapper un rire, moqueur mais attendri, face à cette image. La petite avait vraiment tout donné ce week-end. Ce qui me rappela qu'elle était censée partir en fin d'après-midi, et qu'il me fallait encore préparer ses affaires. Je fis signe à San qu'il était temps de lever le camp. Il se leva instinctivement, et me dit, en attrapant Nylie dans ses bras :
- C'est mon tour cette fois.
Il la souleva avec une délicatesse que je ne lui connaissais pas, et la cala doucement contre lui. Puis, nous nous mîmes en chemin.
Lorsque nous sortîmes du restaurant, le soleil commençait déjà à poindre dans le ciel, mais le parc était encore quasiment désert, et incroyablement calme. Enfin, calme, sans compter la musique entêtante qui tournait en boucle dans les haut-parleurs, du soir au matin, et du matin au soir.
J'avais demandé à François-Victor de nous attendre juste devant l'entrée principale ; cela étant, cette dernière nous paraissait encore démesurément loin. Les kilomètres parcourus dans la nuit commençaient à peser lourd dans les chaussures, les heures de sommeil décalées depuis deux nuits drainaient toujours un peu plus nos maigres réserves, et le contre-coup des sensations procurées par les manèges faisait peu à peu son effet sur notre métabolisme.
San et moi ne décrochâmes pas un mot du trajet, nous savions que le moindre effort allait nous coûter une énergie que nous ne pouvions pas nous permettre de dépenser. Nous nous contentions de marcher tels deux âmes en peine au milieu de cette atmosphère surenchantée. Je trouvais le paradoxe amusant mais n'eut pas le courage de sourire.
Au bout d'un moment, je vis que San commençait à faiblir, sans se plaindre pour autant. J'attrapai alors son bras pour l'aider à supporter le poids de Nylie, tout en continuant à avancer. Nous étions presque arrivés.
Dès que nous aperçûmes notre chauffeur, un faible élan de motivation nous fit brièvement accélérer. San posa Nylie et l'attacha sur le siège de droite, tandis que j'entrai par l'autre porte pour m'installer au milieu avant qu'il ne me rejoigne. Dès que San fut assis, je tombai littéralement de fatigue sur lui, et n'entendis même pas la voiture démarrer. D'ailleurs, je pense qu'il en fit de même.
Une fois rentrés, j'emmenai Nylie dans son lit, puis m'empressai de rassembler ses affaires, plier ses vêtements, tout ranger dans sa valise et son sac à dos, afin que tout soit prêt pour son départ. C'est seulement lorsque tout fut en ordre, que je me rendis dans la chambre pour me reposer un peu avant de prendre la route pour l'aéroport. Je pensais trouver San endormi, mais au lieu de ça, il était assis, l'ordinateur sur les genoux, le regard dans le vague.
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Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)
FanfictionLa vie de star, très peu pour moi. J'ai toujours été plutôt une femme de l'ombre, quelqu'un qui aime l'art mais qui préfère sublimer celui des autres plutôt que d'exposer le sien. J'avais décidé de vouer ma vie à cela, je ne vivais que pour mon trav...