Chapitre 69 - Jay

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- Pour quelqu'un qui n'a officiellement plus de travail, tu m'as l'air bien occupée.

Je tournai la tête vers San. Je ne m'étais pas aperçue qu'il s'était réveillé.

- Bien dormi ? m'enquis-je.

- Plutôt ouais. Je te retourne pas la question, j'imagine que t'as pas fermé l'œil.

- En effet.

- Et c'est quoi qui t'a tenue éveillée toute la nuit ?

- J'essaie de trouver comment infiltrer des réseaux maffieux aux quatre coins du monde pour prendre soin de mes protégés et les faire revenir en France une fois que je leur aurai eu des papiers.

Il explosa littéralement de rire à la fin de ma phrase. Comme je ne réagis pas, il cessa au bout de quelques secondes.

- Oh. T'étais sérieuse.

- Evidemment.

- Evidemment, répéta-t-il sur un ton ironique.

Il bailla lourdement avant d'ajouter :

- Ce serait pas plus simple de t'occuper des personnes qui sont déjà ici ? Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui ont besoin de ton aide.

- J'y travaille. Enfin, je compte m'y mettre dès que j'aurais terminé ça. Le truc, c'est que je me suis vraiment attachée à ces personnes en particulier. Et puis j'ai bien conscience que je peux pas sauver tout le monde, du moins pas d'un seul coup.

- Ça se tient.

Même si j'adorais être avec San, j'avais bien conscience qu'il allait falloir que je sorte un minimum de chez lui si je voulais avancer.

- Je vais y aller, annonçai-je. J'ai pas mal de trucs à faire. Promis cette fois je te réveille pas en plein milieu de la nuit.

- En parlant de ça, j'ai trouvé le meilleur moyen pour ne plus que ça arrive.

On y était. Il allait sûrement me demander d'arrêter mon cirque. J'avais dû atteindre les limites de sa bienveillance. Je devrais juste être reconnaissante qu'il m'ait ouvert sa porte quand j'en avais le plus besoin. En débarquant chez lui hier, j'avais abusé de sa gentillesse. Je ne pouvais pas me permettre de débouler au moindre cauchemar. Je n'avais plus cinq ans.

- Tiens, fit-il à mon attention.

J'étais déjà sur le point de partir quand il m'interpela. Il souleva le couvercle d'un pot qui trônait sur le meuble de l'entrée et en sortit un trousseau de clés. Je le pris sans même réfléchir, avant de réaliser ce que ça signifiait.

- T'es sûr que tu veux me laisser ton double ?

- Ouais. Tu viens quand tu veux.

- Moi qui pensais que t'en avais marre que je squatte.

- Tant que tu continues à me payer en nature, y a pas de raison.

Je ne pus m'empêcher de sourire face à ce choix d'expression.

- Je parle de la bouffe hein ! se justifia-t-il, confus.

- Bien sûr ! Je vois pas ce que ça aurait pu être d'autre, fit-je le plus sérieusement du monde pour éviter de le mettre encore plus mal à l'aise.

Comme à l'accoutumée, je rejoignis ma grand-mère pour le déjeuner. Cette fois j'avais choisi le menu en plus de préparer le repas. Malheureusement, j'avais beau tout tenter pour me distraire, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à cette nouvelle mission que je m'étais attribuée. Il me manquait encore des pièces du puzzle, et c'était en train de me rendre dingue.

Le San et l'interdit (Fanfiction Orelsan)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant