Trois jours déjà! Trois jours seulement... et les ennuis commencent à s'accumuler.
Rubis lève les yeux vers le plafond blanc immaculé de l'Aube. A ses côtés, le chef technicien lui fait part de son désarroi:"- Nous n'avons pas les matériaux nécessaires pour colmater la brèche de façon durable, et sans compresseur d'air nos réserves se limitent à 5heures pour les 112 personnes du vaisseau.
- 110." rectifie Rubis.
Elle se lève et fait quelques pas vers la baie vitrée de la pièce.
"- Bien, faites une liste de ce dont vous avez besoin et transmettez-la aux pionniers, dans la salle de jeux. Laissez moi maintenant, j'ai à faire.
- Oui capitaine!"
L'homme passe la porte qui se referme sans bruit derrière lui.
Rubis reste quelques secondes, hagarde. Puis, elle se ressaisit et décide de se résumer mentalement la situation.
"Bon... le signal de détresse n'a toujours pas de réponse, mais ce n'est qu'une question de temps. Bien que nous ne puissions pas repartir avec l'Aube, il suffit d'attendre les secours.
Le principal problème qui se pose est celui des réserves d'eau et de nourriture. Il me semble que Fys a trouvé une source d'approvisionnement en eau, ce qui est le principal, reste la nourriture. Malgré le rationnement que j'ai imposé depuis hier, les stocks seront épuisés demain midi.
Et maintenant, on m'apprend que deux hommes sont morts à l'extérieur! Enfer! Il ne faut pas que les passagers l'apprennent, cette nouvelle ne ferait qu'amplifier la fureur qui s'installe dans les couloirs.
Ôh déesse, que dois-je faire? "
Coupant court à ces considérations, l'écran de communication affiche un appel entrant de la salle de jeux.
Le capitaine de l'Aube se détourne de la baie vitrée et s'assied devant l'hologramme."Je vous écoute Fys"
La figure du pionnier, en partie masquée par son chapeau apparait.
"- Nous venons juste de rentrer. Il faut espérer que tout ce que nous venons de rapporter est comestible. J'aimerais connaitre l'avancement des réparations, plus tôt nous partirons, mieux ce sera.
- Malheureusement, je viens de m'entretenir avec un technicien, les dommages semblent sévères. Il devrait vous envoyer un fichier sous peu.
- Si je comprends bien, nous sommes coincés sur Gyr pour un certain temps, n'est-ce pas?
- J'ai peine à l'avouer, mais c'est bien possible. Pionnier, nos réserves baissent. En dépit d'un danger réel, il faut que vous trouviez des alternatives qui nous permettent d'envisager la fondation d'une colonie sur cette planète.
- Il me faudra des bras, le souci étant que les voyageurs ne connaissent rien des perversités de la nature et chaque sortie met des vies en danger. D'autre part, savez-vous ce qui se passe dans les couloirs du vaisseau?
- Oui, je suis au courant. Il est tout à fait normal que les esprits se fassent méfiants avec les évènements récents. Fys, je vous demande de ne pas évoquer les morts pour le moment, il ne faut pas que la panique grandisse."
Rubis voit alors Aby s'installer près du pionnier et répondre à un appel.
"Le labo, dit simplement la jeune femme.
- Je vous recontacte" reprend le pionnier à l'attention du capitaine, avant de couper la conversation.
De nouveau seule, Rubis s'interroge: comment faire comprendre la situation aux habitants du vaisseau?
Après quelques minutes de réflexion, elle s'approche du bouton permettant de diffuser un message dans tout le vaisseau. Elle hésite quelques secondes puis soulève l'opercule qui couvre le petit bouton. Rubis souffle, se préparant avec appréhension à faire son annonce.
Enfin, elle appuie:" Bonsoir à toutes et à tous, c'est votre capitaine qui parle. Ce message s'adresse autant aux membres d'équipage qu'aux voyageurs. D'après les techniciens, l'Aube a subit des dommages qu'ils ne peuvent réparer pour le moment. Nous resterons donc un certain temps sur Gyr. Aussi, je demande à toutes les personnes capables d'aider l'équipe des pionniers de se rendre dans la salle de jeux. Toute observation de l'environnement de la planète est à prendre en note et à envoyer au plus vite à des membres d'équipage. Nos équipes travaillent d'arrache-pied pour veiller à votre confort, bonne soirée."
Dans les couloirs de l'Aube, tous s'agitent. Ils discutent entre eux, certains font preuve de courage et prennent des résolutions. D'autres pleurent, pensent à leurs familles. Les quelques enfants présents sur le vaisseau se terrent dans les bras de leurs parents et les membres d'équipage sont consternés. Ils vont devoir quitter leur vie technologique pour survivre en pleine nature, sans le confort auquel ils sont habitués.
Bien heureusement, les habitants ne se doutent pas que deux personnes sont déjà mortes. En effet, tous les témoins se taisent, pour tenter de maintenir l'intégrité de chacun.
Dans sa cabine, Scott est allongé sur l'un des deux lits. Lorsqu'il entend le message de Rubis, il est tiré de sa transe douloureuse et ouvre des yeux rougis par les larmes. Il se redresse, et prend sa tête entre ses mains, toujours assis sur le lit. Puis il regarde au dehors. A travers le petit hublot, il voit planer ces créatures blanches et charognardes. Leur piaillement est insupportable aux oreilles de Scott. Il remet sa tête dans ses mains. Après une poignée de secondes d'immobilité, il relève soudainement le visage et hurle rageusement:"Maudite planète!"
L'espace de quelques secondes, il reprend son souffle. Puis, il se lève, revêt son gilet et d'un pas rapide, s'échappe de la pièce.
A peine sorti dans le couloir, il entend un brouhaha inhabituel. D'ordinaire, les vaisseaux sont relativement silencieux. Mais le message du capitaine a déclenché une sorte d'émulation. Des passagers se rassemblent dans des chambres et les membres d'équipage ont bien du mal à se faire entendre.
Scott se dirige vers la salle d'exploration. Désormais, il connait le chemin par coeur, il l'a déjà fait quelques fois avec son frère. Ce souvenir est douloureux. Mais l'homme résiste et, avec un grand courage, prend sur lui et continue d'avancer. Une femme âgée s'écarte sur son passage, ses yeux brûlent de détermination.
Lorsqu'il pousse la porte décorée par Aby, il voit la jeune femme aux côtés du pionnier. Ils sont au fond de la salle, et mettent à jour la base de données.
Un court silence s'installe alors. Scott le rompt en demandant:"- Quelle heure demain?"
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Gyr
Science FictionIci, nous vivons. Nous vivons d'elle. Elle nous nourrit de sa peau, de sa chaleur et de ses entrailles. Elle est tout pour nous, mais nous en prenons si peu soin. Nous cherchons à la connaître mais elle nous étonne toujours, nous émerveille, nous m...