Dans le camp, le pionnier raconte son malheureux périple des jours derniers:
"... puis j'ai contourné vos palissades sans être remarqué par le garde. termine Fys en un regard moqueur dirigé vers Aby.
- Nous devons agir pour aider le reste de l'équipe! réplique l'intéressée en ignorant la remarque.
- Il vaudrait mieux renforcer la sécurité du camp avant de s'aventurer au dehors, ne tentons rien d'imprudent, rétorque Rubis d'un ton ferme.
-Nous devrions améliorer nos palissades et mettre de quoi nous nourrir de côté. D'autre part, nous n'avons plus aucun médicament, il faut donc continuer les études sur les espèces locales", confirme Lewis.
Après avoir pris ces décisions, le groupe se disperse et le travail commence, pendant que l'étoile commence à chauffer le sol trempé de Gyr.
Fys, Rubis et Pascal œuvrent au renfort des frêles fortifications qui entourent le camp, tandis qu'Aby aide Lewis à comprendre les différents outils de la salle de commande.
Aux environs de la mi-journée, tous les survivants se regroupent pour déjeuner. Les palissades ont été largement consolidées, et des murs hauts de trois mètres entourent le campement, lui conférant un semblant de protection contre l'extérieur."- Dites moi Rubis, pourquoi avez-vous renoncé au commandement qui vous plaisait tant? demande Fys pendant le déjeuner.
- Je ne suis pas d'une grande utilité dans le camp, et quoi qu'il arrive, Lewis restera ici. Donc, en lui laissant la direction, je me libère de mon astreinte dans l'enceinte. Je pourrais aller aider à retrouver ceux que vous avez laissé derrière vous par exemple, rétorque l'intéressée.
- Vous viendrez donc avec moi lors de la prochaine expédition... si votre motivation n'a pas baissé d'ici là bien entendu. Nous partons étudier les environs à quatorze heures.
- Combien serons-nous? Répond Rubis sans relever.
- Aby vient avec nous, je ne peux pas me permettre d'occuper plus de bras, termine Fys.
Après avoir terminé leur maigre repas composé des restes des pêches précédentes, chacun reprend sa tâche en suivant les indications de Lewis. Pendant le déjeuner, le médecin a demandé conseil à Rubis et Aby pour distribuer les rôles au sein du campement: les deux femmes lui ont conseillé de faire un inventaire de toutes leurs ressources pour que l'expédition puisse avoir des objectifs clairs. De plus, Pascal passera sa journée à tenter de bricoler un émetteur radio assez puissant pour atteindre les routes spatiales les plus proches.
Une heure plus tard, l'inventaire est fait: la nourriture vient à manquer. Heureusement, la proximité du fleuve rouge et des nénuphars géants permettent un accès relativement simple à une eau potable.
Rubis pose son regard sur son brassard: 14h00. Sans perdre de temps, elle rejoint Fys et Aby qui discutent tranquillement en l'attendant. Elle remarque instantanément leur proximité.
"Je ne vous dérange pas j'espère! Si vous voulez faire un tour tous les deux je trouverais une occupation, lâche Rubis, en plantant ses yeux inquisiteurs dans ceux de la pauvre Aby, dont les joues se sont empourprées.
- Le capitaine s'est donc décidée à nous rejoindre", répond le pionnier en se levant.
Il se dirige vers l'un des bâtiment, qu'il s'est approprié en guise de salle d'exploration. Les deux femmes le suivent, et Rubis répond par un petit sourire au regard boudeur que lui lance Aby.
"Notre objectif aujourd'hui est de cartographier la zone. Les scanners n'ont pas relevé de signatures thermiques particulières, mais nous devons rester prudents. Quoi qu'il arrive, ne touchez à rien, n'approchez votre visage de rien sans la plus extrême des précautions. Et n'oubliez pas Rubis: à l'extérieur, vous êtes sous mes ordres. Si vous tenez à votre vie, écoutez moi."
Rubis ne répond rien, consciente du risque. Elle réprime son envie de tout maîtriser, et empêche son fort caractère de s'exprimer.
*
Le soleil est haut dans le ciel quand la petite équipée se met en marche. Fys mène, écartant la végétation luxuriante à l'aide d'un long bâton. Plus tôt, ils avaient décidé de décrire un cercle autour du camp pour faire un bilan des ressources proches.
Après quelques minutes de marche, ils entendent un long hurlement. Le son horrible se répercute de toute part dans la jungle, semblant venir de partout à la fois. Fys frissonne: les souvenirs de la mort récente de Serron refont surface. Aux pieds des aventuriers, la vie grouille. Des nombreux petits insectes à carapace glissent entre leurs jambes. Le craquement de leurs armures sous les bottes du trio se mêle au bruit ambiant.
Soudain, à travers l'épaisse végétation, Fys perçoit un mouvement. Il s'arrête instantanément, aux aguets. Derrière lui, les deux femmes font de même. Rubis sort son arme thermique.
Des branches s'agitent quelque mètres devant le pionnier, des feuilles s'arrachent. A travers le feuillage, Fys distingue un énorme oeil entièrement blanc. Aby réprime un petit cri de surprise. A seulement deux mètres d'eux, un grand animal mastique tout ce qui passe à sa portée. Sa taille est impressionnante: trois mètres séparent ses pattes du haut de son crâne. L'immense bête quadrupède s'éloigne progressivement, à la recherche de feuillage frais. Avec une grande précaution, sans bruit, Fys s'avance à la lisière de la clairière. A présent, il peut voir l'animal dans son entièreté. Son cou, son crâne et son abdomen sont couverts de plaques sombres, une armure naturelle qui est empreinte de nombreuses cicatrices. Par endroits, on distingue de la peau en dessous de ces plaques, comme si elles avaient été percées.
Soudain, l'animal tourne une tête hérissée de cornes vers le pionnier. L'un de ses yeux est sombre, tandis que l'autre est intégralement blanc, comme dépourvu d'iris. Une grande balafre lézarde la paupière de l'herbivore, vestige d'un combat passé.
Fys reste sans bouger, l'animal le fixe de son seul oeil valide.
Soudain, le mastodonte tourne la tête vers la gauche, puis pivote tout entier dans cette direction.
Le pionnier recule vivement vers ses compagnes et s'accroupit, leur faisant signe de faire de même."Qu'est-ce... commence Rubis.
- Le silence," répond Fys dans un souffle.
En effet, tous les bruits de la forêt se sont tus: seule la bruyante respiration de l'herbivore est audible. La bête grogne sourdement, toujours orientée de la même façon, offrant son flanc lacéré aux regards des aventuriers.
Soudainement, des projectiles fusent en provenance des arbres proches: de petites dagues de métal argenté...
VOUS LISEZ
Gyr
Science FictionIci, nous vivons. Nous vivons d'elle. Elle nous nourrit de sa peau, de sa chaleur et de ses entrailles. Elle est tout pour nous, mais nous en prenons si peu soin. Nous cherchons à la connaître mais elle nous étonne toujours, nous émerveille, nous m...