Effectivement, moins d'un calsihon plus tard, une escorte en uniforme de parade prit position devant le dôme. Son commandant se présenta à Vespef qui l'attendait devant l'entrée. Il la salua selon l'usage en Yrian qui différait de celui en vigueur en Helaria. De toute évidence la pentarque connaissait le protocole puisqu'elle réagit exactement comme il s'y attendait, un simple hochement de tête.
— Je sollicite pour moi et mes hommes l'honneur de vous escorter jusqu'à notre souverain Menjir le troisième, huitième roi d'Yrian, dit-il dans un helariamen impeccable, sans même une pointe d'accent.
— C'est avec grand plaisir que je vous accorde cet honneur. J'ai hâte de rencontrer ce grand souverain qui nous fait tant profiter de ses largesses.
— Si vous voulez bien me suivre.
Il accompagna son invitation d'un geste de la main. L'escorte se disposa autour des invités. Leur commandant prit la tête. Ils se dirigèrent vers le palais royal, à l'extrémité du domaine royal. Il n'était séparé du vide que par un petit jardin. Le bâtiment dominait la ville, donnant l'impression de la surveiller. Entre le dôme et le palais, tout un parc avait été planté, îlot de verdure dans un monde ravagé. L'allée au centre était conçue pour permettre à tout un équipage d'atteindre le grand escalier, mais les rangées d'arbres l'ombrageaient, ce qui devait être bien agréable pendant la journée. Même à cette heure matinale, le soleil tapait fort. Avant l'arrivée des feythas, le temps était plus frais, plus agréable, se remémora Vespef tout en marchant entre Deirane et Aster. D'un autre côté, le climat actuel avait rendu habitable toute la zone septentrionale du continent. Fuyant les déserts empoisonnés du sud, des communautés edorianes et stoltzt, noyaux de potentiels futurs empires, s'y étaient installés.
Menjir III, roi d'Yrian attendait ses invités en haut de l'escalier, il était en compagnie de ses ministres et de quelques diplomates étrangers en visite à la « capitale du monde ». Quand ils arrivèrent, il descendit les marches pour accueillir la pentarque, signifiant par là qu'il la considérait comme une égale. Pour la souveraine d'un royaume presque aussi puissant que le sien – si on se limitait au seul aspect militaire – c'était la moindre des choses.
— Dame Vespef, dit-il, on m'avait vanté votre beauté. Ceux qui vous ont décrit ont été injustes avec vous. Vous n'êtes pas belle, vous êtes sublime. Je suis heureux de vous rencontrer en personne.
— Seigneur Menjir, répondit Vespef, on m'a parlé de vous comme d'un grand roi et d'un esprit brillant. J'avais moi-même hâte de vous être présentée un jour.
D'un geste de la main, elle désigna le paysage environnant.
— Votre palais est magnifique. Je comprends pourquoi Sernos est tant chantée par les aèdes.
— Je me suis laissé dire que Kushan était magnifique aussi, avec ses milliers d'îles, ses canaux et ses ponts.
— Kushan n'est pas notre capitale. Imoteiv est loin de ressembler à Sernos, et la Résidence n'a pas la beauté de ces jardins.
— Imoteiv a d'autres avantages. La vie y est douce parait-il.
— Je ne peux que confirmer vos dires.
Le protocole voulait qu'il adresse un salut à chacun de ses invités de marque. Il se tourna vers Deirane.
— Madame, les années n'ont pas de prise sur vous. Vous êtes aussi belle que lors de notre première rencontre.
— Seigneur, j'aimerai en dire autant, hélas j'ai bien peur de...
— Honnêtement, je préfère que vous ayez oublié. J'étais jeune à l'époque, et stupide. Très jeune et très stupide.

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La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)
FantasyCela fait quatre-vingts ans que les tyrans ont été vaincus, laissant un monde en ruine aux pluies mortelles. Ces dernières années, la chronique a été défrayée par Deirane, la belle paysanne devenue reine. Mais elle ne fait plus parler d'elle depuis...