Menjir joua un instant avec son couteau avant de continuer.
— Avant de décider des pénalités pour le perdant, il serait bon de déterminer qui a perdu et qui a gagné. Pour le moment nous avons une sorte de statu quo...
— Je vous arrête. L'Yrian est l'agresseur, il a attaqué le Chabawck. Les bawcks n'ont fait que se défendre et vous n'avez pas réussi à percer cette défense. Il semble donc bien qu'à l'issue des combats actuels, l'avantage est clairement au Chabawck.
— Vous vous avancez un peu vite. Les forces de l'Yrian ne se sont pas engagées en totalité dans ce conflit.
— Les bawcks n'ont pas mené de vraies attaques. Sinon, vous auriez subi quelques dégâts dans vos villes du nord.
— Vous ne vous vantez pas un peu ? Les orques sont un peuple bagarreur, mais ils ne sont pas organisés comme une vraie armée. Les remparts et l'artillerie mettent les villes hors de leur portée.
— En êtes vous bien sûr ? Ruvyin est pourtant tombée sous le contrôle d'une armée bawck. Et Ruvyin est plus puissante qu'Ortuin, étant une vraie ville de garnison.
Menjir médita un instant sur ces paroles.
— Je veux bien admettre que les bawcks soient de bons combattants, répondit le roi d'Yrian. Mais la prise de Ruvyin est en grande partie due au hasard et à la défaillance des défenseurs.
— Nous pourrions demander à la pentarque Vespef ce qu'elle pense sur l'incapacité de son pays à se défendre, répliqua Deirane d'un ton malicieux.
Sans le vouloir, Menjir avait insulté la pentarque. Avec un art consommé de la diplomatie, il se rattrapa.
— Je ne voulais pas vous insulter, dit Menjir, je voulais juste dire que quand les bawcks sont arrivés, Ruvyin avait déjà essuyé une violente attaque shaabiano. Elle était très affaiblie. Ils n'ont eu aucune difficulté à entrer. N'êtes-vous pas d'accord ?
— Je ne m'occupe pas de la stratégie, se défila Vespef, ce sont mes sœurs qui mènent la guerre. Mais il est vrai que Ruvyin est une position importante puisqu'elle protège l'accès à Ystreka. La Confédération a donc lancé des attaques de grande envergure sur la ville. Les bawcks en arrivant après n'ont eu qu'à entrer dans une ville en ruine et déserte. Nous nous étions repliés sur une base plus solide, il n'y a pas eu de combat.
— Donc cela contredit la thèse de l'efficacité des orques au combat.
— Faut-il que nous prenions Ortuin pour vous convaincre ? demanda Deirane.
Menjir la regarda en souriant.
— Disons que nous ne sommes pas en mesure de déterminer qui est le vainqueur et donc qui doit payer un tribut à l'autre.
— Aussi je vous propose mieux que le paiement d'un tribut : une alliance commerciale entre le Chabawck et l'Yrian.
— Et que possède le Chabawck que nous ne puissions pas trouver ailleurs ?
— Des outils en bronze d'excellente facture.
— Les nains sont capables de nous approvisionner en métaux de première qualité.
— En cuivre. Pas en bronze, seuls les bawcks savent le préparer.
— C'est vrai. Malgré tout le cuivre convient parfaitement à nos besoins.
— Il est moins durable.
— Suffisamment pour ce que nous en faisons. Qu'avez-vous d'autre à échanger ?

VOUS LISEZ
La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)
FantasyCela fait quatre-vingts ans que les tyrans ont été vaincus, laissant un monde en ruine aux pluies mortelles. Ces dernières années, la chronique a été défrayée par Deirane, la belle paysanne devenue reine. Mais elle ne fait plus parler d'elle depuis...