Le vétérinaire de l'ambassade tournait autour du cheval blessé sous l'œil attentif de Dresil. Il examina attentivement la blessure de sa jambe, portant au maximum son attention sur l'articulation.
— Il n'a pas l'air d'avoir trop souffert, dit-il, comment cela est-il arrivé ?
— Une charrette a perdu son chargement alors que j'étais à sa hauteur, expliqua le jeune paysan.
— Pas de chance. Enfin, ça aurait pu être pire. Du repos et il pourra galoper à nouveau.
— Je ne sais pas si je peux lui accorder du repos, je dois rentrer chez moi.
— Vous êtes vraiment pressé ? Ça ne me gêne pas de le garder quelques jours ici.
— Quelques jours seulement ? Je croyais qu'il en faudrait des douzaines. Je peux rester aussi peu de temps sans aucun problème.
— À la bonne heure.
Le vétérinaire alla chercher le matériel pour désinfecter la plaie. Le jeune paysan se plaça à l'entrée de l'écurie pour regarder à l'extérieur.
— Pourquoi vous êtes-vous adressé à nous ? demanda le vétérinaire, il y a d'autres écuries en ville.
— J'aurais cru que vous apprécieriez d'avoir un client de plus.
— N'y voyez aucune critique. Juste de la curiosité. Vous venez de la campagne, n'est-ce pas ?
— Oui, j'ai une petite exploitation forestière à une soixantaine de longes au sud.
— Les gens de la ville sont assez tolérants avec nous, par contre les campagnards ne nous aiment pas beaucoup.
— Je n'ai pas pour habitude de détester les gens sans les connaître d'abord.
— Excellente habitude.
— On m'a recommandé vos services.
— Que celui qui l'a fait soit loué.
Puis le stoltzen se concentra sur les soins qu'il prodiguait à l'animal.
Il était habile, en un instant il eut nettoyé et pansé la plaie. Il reposa son matériel sur la table. Cela attira l'attention de Dresil.
— Cette jeune fille, de l'autre côté de la cour, demanda-t-il, qui est-ce ?
Le vétérinaire le rejoignit et regarda dans la direction qu'il désignait.
— Cette jeune humaine dans la galerie ?
— Oui.
Le vétérinaire scruta le jeune homme.
— Vous êtes venu chez moi parce que je suis le meilleur ou dans l'espoir de la rencontrer ?
Dresil rougit.
— C'est Deirane, une jeune humaine qui s'est réfugiée chez nous. Elle vous intéresse ?
— Elle est si belle. Elle a un enfant. Il y a peut-être un père quelque part.
— Ça pour sûr il y a un père. Mais pour savoir où il est, c'est une autre histoire.
— Il l'a abandonnée ?
— On peut dire ça.
Dresil se tut pour l'admirer. La cour était grande et elle était loin, malgré cela il trouvait le spectacle sublime.
— C'est la protégée de Saalyn. Une belle femme aussi, quoique pas très commode par les temps qui courent.
Dresil prit son courage à deux mains. Il traversa la cour en direction de la jeune fille, évitant le centre occupé par les soldats. Elle s'était installée sur un banc à l'ombre sous la terrasse qui ceignait le premier étage de la villa. Elle avait ouvert son corsage pour donner le sein à son fils. Toute son attention accaparée par son bébé, elle ne vit pas le jeune homme approcher. En grimpant l'escalier, il eut peur de commettre une infraction aux lois de l'Helaria mais personne ne l'arrêta et c'est le cœur plus léger qu'il s'engagea entre les colonnes.

VOUS LISEZ
La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)
FantasyCela fait quatre-vingts ans que les tyrans ont été vaincus, laissant un monde en ruine aux pluies mortelles. Ces dernières années, la chronique a été défrayée par Deirane, la belle paysanne devenue reine. Mais elle ne fait plus parler d'elle depuis...