Chapitre 27 : Sernos, vingt ans plus tôt. (2/3)

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Depuis que Calen était malade, plus personne ne s'occupait de Deirane. Saalyn, qui aurait dû la prendre en charge était saoule la moitié du temps, même si l'autre moitié elle était assez gentille avec l'adolescente. Cela faisait presque une douzaine qu'elle passait une partie de ses journées à son poste d'observation quand elle remarqua une soudaine fébrilité en contrebas.

Un coursier venait d'arriver porteur d'un message. Aussitôt, les gardes dégagèrent la cour pendant qu'une autre troupe en uniforme – tunique et pantalon de cuir brun – les remplaçaient. Quelques-uns se chargèrent d'écarter les badauds et firent un barrage pour les empêcher de sortir de la zone commerciale. Les autres se disposèrent en haie d'honneur du mur d'enceinte jusqu'à la résidence. Presque toute l'armée stationnée sur place était là. L'ambassadeur lui-même se plaça en bas de l'escalier.

Une troupe de cavaliers pénétra alors dans la cour en deux colonnes parallèles. Tous étaient des hommes. Ils étaient grands, bien qu'il s'agît de stoltzt, très musclés, noirs de cheveux et bruns de peau. Leur tenue était constituée d'une tunique qui laissait les bras et les épaules nues, un pantalon et des bottes, le tout en cuir noir. Un couteau était passé dans chaque botte et ils avaient tous une grande épée dans le dos. Chacun portait ses cheveux, long et nattés. Les chevaux étaient également noirs.

À leur tête, il y avait trois cavaliers. Celui qui menait la troupe était une femme, une très grande femme. Elle faisait presque deux perches de haut, même les edorians ne pouvaient la regarder dans les yeux, très musclée aussi, même si elle l'était moins que les hommes ; elle était pourtant belle bien que d'un style différent de Calen ; sa chevelure, sombre avec des reflets dorés tombait librement sur ses épaules. A part cela elle était vêtue exactement comme ses hommes sauf que sa tunique s'ouvrait très largement sur une poitrine avantageuse. Bizarrement cela n'atténuait en rien l'impression de force virile qui se dégageait d'elle.

L'homme qui chevauchait à sa droite, légèrement en retrait était également un colosse, presque aussi grand qu'elle mais beaucoup plus musclé. Son visage aux traits carrés ressemblait à celui de la femme, ils étaient visiblement parents, frère et sœur peut être estima Deirane, ou père et fille, voire mère et fils. Comment savoir avec les stoltzt, le plus âgé n'était pas forcement celui qui paraissait l'être.

Le troisième cavalier de tête était presque insignifiant en comparaison. C'était une femme aux cheveux dénoués, signe – ainsi que l'apprit plus tard Deirane – d'une reine mustulal en titre. Parmi les Helariaseny elle aurait paru grande ; face à ses compagnons elle semblait minuscule. Sa tunique près du corps révélait une silhouette longiligne et élancée, aussi fine et souple qu'une liane. Un détail attira l'attention de la jeune paysanne, elle était la seule du groupe, et d'une manière générale, la seule stoltzin qu'elle ait jamais vue ayant les cheveux frisés.

L'ambassadeur s'avança face à la femme de tête.

— Reine Satvia, au nom des pentarques, je vous souhaite la bienvenue en Helaria.

— Maître Tresej, commença l'homme sur un ton apparemment solennel.

Puis un sourire éclaira son visage et c'est sur un ton léger qu'il continua.

— C'est donc toujours vous qui dirigez ce taudis ?

— Régent Jergen, mon pentarque vous a offert l'hospitalité pendant votre séjour ici, qu'y puis-je si vous êtes trop barbare pour l'apprécier.

Jergen éclata de rire, imité par Satvia.

— N'insiste pas, dit-elle, tu sais bien que ni toi ni moi ne pouvons gagner contre ce vieux forban.

La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant