Un + Un = Trois (1/3)

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New-York, 15 décembre 1918

Ce soir-là, Candy s'était assise sur le tapis devant la cheminée de leur chambre. Elle attendait Terry qui devait rentrer d'une réunion tardive au sujet de la prochaine pièce que la troupe Stratford devait monter à Broadway.

Quelques heures plus tôt, elle avait fini de ranger la malle de son boudoir. Elle avait retrouvé la boîte où elle conservait toutes les lettres qu'elle avait écrites à Terry avant de partir pour l'Europe, sans jamais les lui envoyer. En les retrouvant, elle s'était soudain remémoré la peine qui l'avait accompagnée durant de si longs mois alors qu'elle pensait ne plus jamais le revoir. Elle les avait toutes relues et n'avait pu s'empêcher de verser quelques larmes, se demandant maintenant si elle devait les brûler ou les donner à Terry.

*****

Quand Terry arriva ce soir-là, il sentit son cœur bondir dans sa poitrine en arrivant devant sa maison. Il n'arrivait toujours pas à croire à son bonheur. Aujourd'hui elle était sa femme et elle attendait leur premier enfant. Elle était là, elle l'attendait dans leur maison. Une poussée d'allégresse l'envahit à l'idée de la retrouver et de la tenir dans ses bras.

La lumière du porche était allumée, elle l'avait laissée pour lui. La maison semblait plongée dans le noir hormis leur chambre, à l'étage. Il voyait la lumière filtrer à travers les rideaux et l'imagina devant sa coiffeuse en train de se brosser les cheveux. Il adorait assister à ce rituel d'avant le coucher, la regardant avec délices, sachant qu'elle le rejoindrait bientôt dans le lit.

Il se dépêcha d'entrer dans la maison et déposa son manteau dans l'entrée, sans allumer la lumière. Il ferma la porte à clef, éteignit le porche et grimpa quatre à quatre les marches qui le menaient à l'étage.

Il trouva Candy assise par terre devant la cheminée. Une boite était ouverte devant elle, posée à même le tapis et regorgeant de papiers manuscrits. Quand elle tourna la tête vers lui, il s'aperçut tout de suite qu'elle avait pleuré.

- Candy, mon ange, qu'y a-t-il ? demanda-t-il d'un ton inquiet en s'agenouillant auprès d'elle pour la prendre dans ses bras.

- Rien, Terry, tout va bien, dit-elle en l'embrassant avec douceur. C'est juste que tout-à-l'heure j'ai retrouvé ça, ajouta-t-elle en désignant la boite en bois délicatement sculptée. Ce sont toutes les lettres que je t'ai écrites pendant deux ans avant de partir en France, sans jamais te les envoyer. Et... en les relisant, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Et puis... je me demandais s'il ne valait pas mieux les brûler, elles appartiennent au passé maintenant.

- Sûrement pas ! dit-il d'un ton sans appel. Tu me les as écrites, alors je veux les lire. Chacune d'entre elles. Je sais très bien pourquoi tu ne me les as pas envoyées, mais c'est du passé. Tu n'as qu'à imaginer que je les ai toutes reçues aujourd'hui, comme si j'étais parti pour une trop longue tournée. Alors je vais les lire et ensuite elles rejoindront la boîte où je conserve toutes celles que tu m'as vraiment envoyées.

Elle se tourna vers lui pour le regarder attentivement. Après un bref instant, elle finit par lui tendre la boite.

- Comment s'est passée ta réunion ? demanda-t-elle finalement.

- Bien, dit-il simplement. En fait, Robert Hathaway n'avait pas trouvé tous les financements nécessaires à la création de la pièce, et il prévoyait beaucoup de retard avant la première. Je lui ai finalement proposé de lui apporter ce qu'il manquait et... il m'a fait signer un contrat dans lequel il me cède dix pour cent des parts de la compagnie.

- Alors, tu deviens producteur associé, si je comprends bien ? demanda-t-elle.

- Et oui, c'est un investissement important mais c'est une bonne chose, tu sais...

Les collines de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant