Retrouvailles (2/2)

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New-York, mardi 16 avril 1918

Flanny était un peu inquiète, son ventre commençait à lui peser et elle se fatiguait rapidement. Mais elle avait tenu à aider les infirmières qui rapatriaient les premiers blessés américains du front.

Ces hommes avaient tous été gravement blessés et avaient été démobilisés. Elle avait tout essayé pour ne pas avoir à retourner aux États-Unis mais Candy et Alistair avaient beaucoup insisté et les combats qui s'étaient rapproché de Paris avaient fini par leur donner raison.

Le port de New-York était à l'horizon et ils débarqueraient dans quelques heures à peine. Mais elle craignait ce qui l'attendait en Amérique. Candy et Alistair lui avaient parlé d'Albert et de ses qualités mais jamais personne n'avait pris soin d'elle et elle ne pouvait pas dépendre de sa belle-famille. Elle avait prévu de se trouver un petit appartement qu'elle louerait, elle avait quelques économies et elle pourrait vivre jusqu'à ce que le bébé ait quelques mois. Ensuite, elle aviserait, avec son expérience elle trouverait facilement du travail et pourrait gagner de quoi faire garder son bébé jusqu'au retour d'Alistair.

Terry avait pris la direction du port au volant de la grande Ford qu'il avait récemment achetée. Albert, Alexandra et la petite Cristina étaient du voyage également. La petite semblait profondément endormie dans les bras de son père qui se targuait d'être le seul à pouvoir la calmer.

Le bateau de Flanny devait arriver dans l'heure qui suivait, ils avaient appelés le port régulièrement afin de savoir l'heure précise d'arrivée du navire et ne pas attendre trop longtemps sur le quai.

Quand ils arrivèrent sur le port, les passerelles du bateau étaient presque prêtes pour permettre le débarquement des passagers. Il y avait de nombreuses ambulances et transports de la Croix-Rouge et Terry fut traversé par ses souvenirs de Paris. Devant l'hôpital où Candy travaillait, il y avait toujours de nombreuses ambulances et ils se souvenait aussi de celles qu'il avait vues près du front. En comparaison, les ambulances de New-York paraissaient n'avoir jamais servi.

Ils se tenaient un peu à l'écart et restaient loin de la foule mais pouvaient voir parfaitement les passerelles. Quand les passagers purent enfin débarquer, ils découvrirent la longue cohorte des premiers blessés qui revenaient du front. L'horreur de ce conflit, à laquelle Candy était confrontée chaque jour leur sauta au visage. Les larmes coulèrent des yeux d'Alexandra mais Albert s'en rendit compte aussitôt.

- Ne pleure pas, Alexandra, dit-il doucement. Pense uniquement que ce qu'ils ont envie de voir sur ton magnifique visage, c'est un beau sourire. Pense à tout le plaisir qu'ils en auront. Et puis, pense à Candy. C'est peut-être elle qui les a soignés et si c'est le cas, elle a du leur sourire tous les jours. Nous sommes fiers d'elle et fiers d'eux. Ils doivent le sentir. Ce n'est pas la pitié et la peine que nous devons leur montrer, nous devons leur témoigner notre fierté. Ce ne sont pas eux, ni leurs blessures qui sont stupides, c'est cette guerre et ce qu'elle leur a fait. Alors pense à Candy et à la façon dont elle aurait agi.

Terry sourit pensivement en écoutant Albert. Oui, ils étaient tous fiers de Candy. Ils avaient tous vu sa générosité et son dévouement à l'œuvre.

Mais le temps s'écoulait lentement et le conflit n'en finissait pas ; elle lui manquait terriblement. Seraient-ils donc toujours condamnés à vivre loin l'un de l'autre ?

C'est alors qu'il aperçut Flanny qui descendait avec précaution la passerelle. Il se tourna alors vers Albert.

- Je la vois ! Je vais la chercher et je la ramène ici, dit-il en se dirigeant à grandes enjambées vers la passerelle.

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