L'aube d'une nouvelle ère (2/6)

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New-York, vendredi 29 novembre 1918

Terry était sur le quai, face à la mer, les yeux perdus sur l'horizon. Aujourd'hui, il était venu en avance. Il voulait voir le bateau apparaître à l'horizon, le regarder s'approcher doucement. Un étrange et profonde joie l'habitait depuis la nuit dernière. Les minutes qui s'égrenaient bien trop doucement avaient porté sa tension nerveuse à son paroxysme. Pourtant, pour ce qu'il estimait être la première fois de sa vie, il éprouvait un étrange sentiment de paix, de soulagement.

Si la guerre était terminée, la sienne aussi venait de prendre fin... après une si longue séparation, il allait enfin retrouver Candy et ils ne se perdraient plus. Leur vie à deux allait enfin pouvoir commencer.

"Presque sept ans depuis que je l'ai rencontrée... pensa-t-il. Il y a six ans, je débarquai ici sans elle, pour me faire une nouvelle vie. Et il y a quatre ans, je la perdais pour ce que je croyais être toujours. Six longues années après Saint-Paul, je vais enfin l'avoir à mes côtés... "

Quand le paquebot apparut finalement au large, il sut avec certitude qu'elle était là, qu'elle arrivait et qu'elle allait bien. Une étrange sensation l'habitait, comme lorsqu'elle était près de lui. L'assurance qu'ils communiquaient même en silence, dans un accord parfait.

Il regarda le bateau s'approcher en silence, le cœur battant. Il ne vit même pas la foule qui s'agglutinait sur le quai, les ambulances qui s'approchaient. Comme pour Flanny, ce bateau était un navire-hôpital qui rapatriait des blessés, invalides et mutilés de guerre. Il y avait très peu de passagers, essentiellement des soldats qui étaient évacués des hôpitaux de base depuis l'arrière du front.

Le bateau était maintenant tout proche et il sentait son cœur au bord de l'explosion. Il sursauta violemment quand une main se posa sur son épaule.

- Terry ? Tu vas bien ? demanda Albert. On t'a appelé, mais tu ne nous a pas entendus...

- Excuse-moi, Albert, je crois que j'étais perdu dans mes pensées, je ne vous ai pas entendus arriver.

Ils étaient tous venus, Alexandra qui tenait Cristina par la main, Archie, Annie et leurs deux enfants, Adrian et leur petite dernière, Claire. Il y avait aussi Flanny, qui semblait anxieuse et Albert avait pris la petite Abigaïl dans ses bras. Terry salua tout le monde avec affection et retourna près d'Albert, le regard fixé sur le bateau qui était maintenant arrimé au quai.

- Elle arrive, dit doucement Albert. Elle rentre enfin.

- Elle va bien, murmura Terry. Je le sens, elle va très bien.

Albert lui lança un regard en coin et sourit. Il constatait une fois de plus la singularité du lien qui unissait Candy et Terry. Il se retourna vers le bateau et observa qu'on approchait les passerelles et les ambulances. Terry se dirigea vers le petit groupe et conseilla à Alexandra et Annie d'emmener les enfants à l'autre bout du quai d'où ils verraient mieux l'ensemble du bateau.

Elles comprirent son attention et détournèrent l'attention des enfants avec habileté en les entrainant avec elles afin qu'ils ne voient pas les blessés.

Un cordon de sécurité avait été mis en place autour des passerelles de débarquement pour permettre au personnel médical de travailler avec efficacité. Une cohorte de blessés commença alors à descendre la passerelle. Terry prit alors le bras de Flanny et l'entraina avec lui, laissant Albert avec Abigaïl et Archie avec Claire.

- Viens, on va les chercher maintenant, dit-il à la jeune infirmière.

Ils s'approchèrent des passerelles, cherchant du regard Alistair et Candy, qui n'apparaissaient toujours pas. C'est alors qu'il aperçut Alistair qui marchait devant Candy. Il portait un sac, la valise de Candy et guidait un blessé dont les yeux étaient bandés. Quand ils atteignirent la passerelle il se tourna vers Candy qui lui répondit par un signe de tête. Elle aidait un jeune homme, blessé à la jambe, à descendre la passerelle. Terry la regarda attentivement, elle était focalisée sur son "patient" et faisait attention à chaque endroit où il posait les pieds. Il la dévora des yeux, ses cheveux blonds, ses gestes... Elle était toujours aussi lumineuse et il eut la sensation de retomber profondément amoureux d'elle.

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