Fin d'été à Paris (1/2)

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Paris, le 12 septembre 1917


Candy avait fini son service et se dirigeait vers la salle des infirmières où elle retrouva Claudine, une jeune infirmière française, toujours optimiste et efficace.

- Bonjour Candy ! Dis donc, tu as de la chance de n'être pas de service cette semaine ! Tu sais quoi ? La rumeur est confirmée et toi et moi pourrons y assister ! On ne nous a pas prévenus plus tôt pour nous faire une surprise ! dit-elle joyeusement.

- Mais de quoi parles-tu ? demanda Candy intriguée.

- Et bien de la venue d'Éléonore Baker, l'actrice de Broadway ! Figure-toi que demain soir et après-demain soir, nous aurons du théâtre à l'hôpital. Une pièce en anglais et une autre en français ! C'est tellement formidable. Jamais je n'aurais imaginé la voir ! Et d'aussi près ! Je suis si contente !

Candy pâlit légèrement, elle s'excusa auprès de son amie et s'enfuit dans les escaliers. Elle jaillit dans la cour de l'hôpital devant lequel se garaient les ambulances. Elle s'avança jusqu'à la grille et appuya sa tête en fermant les yeux contre les barreaux, complètement essoufflée. Elle se sentait oppressée et avait l'impression que son cœur voulait jaillir de sa poitrine. Elle ne savait même pas si elle devait rire ou pleurer, si elle devait espérer ou pas... Éléonore serait là demain... Et Terry lui avait dit qu'il travaillait avec elle... Elle n'arrivait pas à reprendre son souffle, son cœur était complètement affolé et une boule lui étreignait la poitrine. Demain ! Éléonore serait là demain !

- Candy, quelque chose ne va pas ? demanda Arthur, l'un des ambulanciers qui l'avait vue sortir alors qu'il nettoyait son ambulance.

- Non, ce n'est rien ! dit-elle avant de se retourner, j'ai juste reçu une bonne nouvelle, ajouta-t-elle avec un petit sourire, retrouvant finalement la maîtrise de sa respiration.

- Tu es sûre ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Oui, je t'assure ! J'avais trop chaud et j'ai eu besoin de prendre l'air et maintenant, ça va mieux, dit-elle avec un sourire et un calme feints.

- Tu as terminé ton service ? Moi, je commence le mien.

- Oui, écoute, c'est vraiment gentil de t'inquiéter pour moi mais j'allais sortir, dit-elle avec le ton rassurant dont elle usait souvent avec ses patients.

- Alors, bonne promenade, à bientôt Candy, dit-il en la saluant de la main alors qu'il retournait vers son véhicule.

Candy sortit du bâtiment marcha au milieu des platanes en direction de l'avenue Charles de  Gaulle. Elle était de repos pour les cinq prochains jours. Elle avait tout d'abord refusé mais le chef du service lui avait imposé de prendre ces cinq jours car elle ne l'avait pas fait depuis près de sept semaines. En dépit de ses vives protestations, il lui avait rétorqué qu'il avait besoin de personnel au mieux de sa forme en chirurgie et que cette mesure était obligatoire ! Elle avait donc tout son temps devant elle pour plusieurs jours.

La nouvelle de Claudine l'avait mise dans un état de nervosité incroyable. Elle avait envie de courir, de grimper aux arbres et sauter de branche en branche pour évacuer toute l'énergie qu'elle sentait bouillonner en elle. La décharge d'adrénaline provoquée par la phrase de Claudine l'avait complètement retournée. Au point d'en oublier totalement Alistair et Flanny, ce qu'elle regretta aussitôt.

"Flanny, Alistair... De toute façon, il est temps qu'ils prennent en main leur destinée. Quand je les vois ensemble, je suis sûre qu'ils s'aiment incroyablement. Alexandra m'a écrit qu'elle préviendrait Tom avant d'en parler à Patty mais qu'elle ne le ferait que lorsqu'Alistair donnerait son accord.

Tu es géniale, Alexandra, merci de m'avoir permis de rassurer Alistair, merci aussi de prendre soin de Tom et de Patty. Il faudra que je te l'écrive et que je dise encore une fois à Albert combien sa femme est merveilleuse ! Quand je pense qu'Eléonore est peut-être déjà à Paris... et si Terry...

Non, ne pense pas à ça ! se morigéna-t-elle. Tu seras déçue s'il n'est pas là. Tu vas rentrer dans ta chambre, Candy. Après une bonne douche, tes idées seront plus claires. Tu écriras à Albert et Alexandra et ensuite, tu retourneras voir Flanny et Alistair ! "

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