L'aube d'une nouvelle ère (5/6)

232 8 0
                                    


LaPorte, 3 décembre 1918


Albert, Alexandra, Alistair et Flanny repartirent pour Chicago. Candy voulait rester encore deux jours pour profiter un peu de la maison où elle avait grandi. Terry la regardait s'occuper des enfants avec bonheur, il l'écoutait parler de son enfance et lui raconter ses rêves et ses errances. Elle lui parla aussi des longs moments passés à penser à lui, après leur rupture, des larmes qu'elle ne laissait couler que la nuit.

Au moment de partir, elle se sentait heureuse ; ils passeraient Noël tous ensemble et se reverraient bientôt. Sur la route de Chicago, elle fit faire un détour à Terry et l'emmena devant l'étang de Lakewood. Elle savait que sa demande l'avait contrarié et qu'il s'efforçait de cacher la jalousie qu'il éprouvait vis à vis de ses souvenirs d'Anthony. De l'endroit où ils se trouvaient, ils pouvaient voir la maison des André.

- Terry, lui avait-elle dit, si je t'ai amené ici, c'est parce que je sais que tu t'efforces de masquer tes sentiments à propos de mon passé. Et je sais qu'être ici doit être difficile pour toi ; d'ailleurs je te remercie de ton attitude, parce que je sais ce qu'il t'en coûte.
Je voulais justement que tu saches que tu ne dois pas craindre mes souvenirs. Parce que de tous les moments de bonheur et de souffrance que j'ai connus ici, je ne retiendrai qu'une seule chose : sans ces événements, je n'aurai jamais fait ta connaissance. Et puis, je te l'ai déjà dit... l'amour que j'ai éprouvé un jour pour Anthony était un amour de petite fille. C'est en t'aimant toi, que je suis devenue une femme. Et... si j'ai souffert en perdant Anthony, ça n'était rien à côté de ce que j'ai traversé en te perdant, toi.

- Candy, lui répondit-il, écoute je...

- Non, laisse-moi finir, lui dit-elle sérieusement. Je t'aime à un point que je n'aurai jamais osé imaginer. Ce que tu m'as fait éprouver est tellement plus fort, plus profond et tellement plus beau... Ce que j'ai vécu avec Anthony était un rêve d'enfant mais avec toi je suis dans la réalité et... cette réalité est bien plus exaltante que tout ce dont j'ai pu rêver.
Te rappelles-tu cette fois en Écosse où tu m'as emmenée sur ton cheval et où tu m'as obligée à affronter ma peur, à regarder autour de moi ? La vie continue m'avais-tu dit, tu avais tellement raison, Terry. Tu es mon présent et mon avenir et je tiens à toi bien plus qu'à n'importe qui d'autre.
Et puis, il n'y a pas que ça, tu es mon mari, le père de l'enfant que je porte et l'homme dont je suis follement et désespérément amoureuse. Je t'aime à un point qu'il n'y a pas de mots pour le dire.

Il la regarda avec intensité, bouleversé par la déclaration qu'elle venait de lui faire.

- Candy, dit-il en lui attrapant la main. Je... je suis désolé que tu te sois rendue compte des mauvais sentiments qui m'habitent. Alors que je devrais remercier le ciel de t'avoir rencontrée, de t'avoir épousée et d'être aimé de toi chaque jour que Dieu fait. Je t'aime tant, ma chérie.

Elle lui sourit et se retourna vers le lac pour lui montrer une autre propriété que l'on distinguait au-dessus des arbres.

- La maison là-bas, dit-elle, c'est celle des Legrand. C'est là-bas que je suis arrivée en quittant la maison de Pony. J'avais douze ans. Ils avaient laissé entendre à l'orphelinat qu'ils allaient m'adopter mais finalement j'ai appris que je n'étais là que pour servir de compagnie à Elisa.
Comme tu le sais déjà, ça ne s'est pas bien passé du tout et je suis passée d'une mansarde poussiéreuse sous les toits à un lit dans l'écurie. Je n'étais plus que la domestique d'Elisa et de Neil. Et alors que je pensais que ça ne pouvait être pire, ils ont fait croire que j'étais une voleuse et on m'a envoyée au Mexique pour aller travailler dans une de leurs propriétés.
C'est à ce moment-là que l'oncle William est intervenu et que j'ai été adoptée par les André.
Je ne sais pas ce que je serais devenue sans Albert. Auparavant, quand j'étais chez les Legrand, j'avais l'amitié de tous les membres du personnel et Archie, Alistair et Anthony se relayaient pour essayer de m'apporter un peu de bonheur dans mon triste quotidien. Mais quand je suis partie pour le Mexique, j'ai cru que je perdais tout. Il ne me restait que des souvenirs, les souvenirs des quelques personnes que j'aimais et qui m'aimaient.

Les collines de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant