Chapitre 7 : Le Contrat

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Lucifer ne fit même pas mine d'être surprise lorsque Gabriel se matérialisa d'un battement d'ailes à côté de la table à laquelle elle était installée. 

Cela faisait plusieurs jours qu'il les avait récupérées et il ne se gênait pas pour les utiliser à tout-va. Il s'assit en face d'elle, un sourire ravi aux lèvres. Elles étaient toujours invisibles aux yeux des humains mais Lucifer plissa les yeux face à leur lumière divine, jusqu'à ce qu'il les replie soigneusement dans son dos. 

Elle s'était installée à la terrasse d'un café, ses éternelles lunettes sur le nez, offrant son visage aux rayons du soleil. Une serveuse s'approcha d'eux avec un large sourire. 

- Qu'est-ce que vous prendrez ? 

- Une bière pour moi, répondit Lucifer. Et pour mon frère... Je n'en sais rien. Vous auriez de l'eau bénite ? Oui, un verre d'eau bénite. 

La jeune fille fronça les sourcils, un peu surprise. Gabriel se pencha vers elle avec bienveillance : 

- Un verre d'eau, ce sera parfait. Merci. 

La serveuse rougit joliment et se dépêcha d'aller chercher leurs commandes. Lucifer le fixa longuement avec méfiance : 

- Tu profites de ton apparence, là ? J'ai toujours su qu'il y avait une partie de fierté mal placée dans ces corps trop beaux pour être vrais. 

- Ne raconte pas n'importe quoi, la gronda gentiment son frère. C'est purement professionnel. Les humains font davantage confiance aux personnes attirantes. 

- Je le sais déjà. Pourquoi crois-tu que les démons aient choisi ce type d'apparence ? Mais tu aurais pu prendre autre chose. Les petits vieux inoffensifs aussi, ça inspire confiance. 

- Je ne serais pas au top de mes capacités si je prenais cette forme. Mais merci du conseil. Je saurais qu'il y a aussi des démons sous la forme d'humains âgés. 

- Oh ! Pas des masses. N'oublie pas l'orgueil. Ils aiment qu'on les compte parmi les plus belles créatures qu'on ait pu voir, pour la plupart. Il y a toujours une part d'orgueil, quelque part... 

Gabriel fit de nouveau rougir la serveuse lorsqu'elle posa leurs verres sur la table. Lucifer la regarda partir avec une moue désapprobatrice. Son frère reprit la parole : 

- Tu m'as fait venir pour une raison particulière ? 

Ce calme ! Lucifer n'en pouvait plus de ce calme. Depuis qu'il avait retrouvé ses ailes et sa paix intérieure, elle avait envie de lui fracasser la tête contre les murs pour lui enlever ce stupide air olympien de son visage. Elle inspira à fond pour se calmer et retrouva le sourire : 

- Je voulais savoir si tu avais pris connaissance de ton contrat. 

- Je n'ai lu que la six cents soixante-sixième page. 

Son sourire se perdit derrière sa bière. 

- Tu me connais trop bien. 

Les traits de Gabriel se firent soudain plus sérieux. 

- Je suis heureux que tu m'aies demandé ça. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu avais voulu autre chose. 

- Tu aurais trouvé un moyen de t'y soustraire, soupira-t-elle. Avec tes ailes, tu as retrouvé l'appui de ta famille. 

- Notre famille, la corrigea-t-il. 

Elle l'ignora superbement. 

- Et puis, Il ne m'aurait laissé faire n'importe quoi avec toi, de toutes façons. Même si tu avais été incapable de rejoindre le Paradis, tu restes un de Ses enfants. 

Le Droit CheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant