Lundi soir.
Allongé dans mon canapé, je ne bouge pas. Le bruit du verre dans mon dos ne me fait pas ciller. Je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit. Réfléchir, parler, dormir, manger, pisser. Tout est impossible. Je suis juste terriblement vide.
- Matt, va te coucher dans ton lit...
Je cligne des yeux. Et c'est tout. Je ne peux pas faire plus. C'est à peine si je parviens à respirer.
- Je vais appeler Tom, il saura peut-être quoi faire.
J'ai presque envie de rire. Mais je n'en ai pas la motivation. Alors je reste le regard braqué sur le plafond, les mains posées sur mon ventre, à attendre un quelconque dénouement de cette situation invivable.
- Salut mec ! Ouais, désolé de t'appeler aussi tard mais c'est une urgence en fait ! Je suis chez Matt, il m'a appelé il y a une vingtaine de minutes. Ca ne va pas du tout et je sais plus quoi faire. Il n'a pas lâché un mot, j'ai trouvé un verre explosé au sol et la lettre de Bryan ouverte... Ouais, je suppose... Il est sur le canapé là, on dirait un zombie. C'est terrifiant... D'accord, fais gaffe sur la route.
Un soupir m'échappe. Tom arrive. Le visage de Lorian apparaît alors à nouveau dans mon champs de vision et il pince les lèvres avant de passer un bras dans mon dos et de me redresser. Mollement, je m'assois sur le canapé et laisse ma tête retomber en arrière sur le dossier.
- Parle-moi Matt.
Je détourne mon regard du plafond vers lui sans ouvrir la bouche. Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Bryan est parti alors qu'il n'en a aucune envie. Il me laisse en me balançant qu'il va revenir. Il s'est tiré pour rejoindre Emilie en me jurant que jamais personne n'aura ma place. Ce qu'il n'a pas compris, c'est qu'il est déjà trop tard. Une autre a celle que j'aurai aimé avoir.
- Sa lettre était si terrible ?
Cette fois, il obtient une réaction. Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre tandis que je papillonne des yeux. Ses mots m'ont arraché le coeur en réalité. Il ne regrette rien. Absolument rien, pas même notre dérapage.
- J'y comprends plus rien Lo.
Ma voix sort éraillée, faible mais il l'entend. Et il me prend vivement dans ses bras quand mes larmes glissent silencieusement sur mes joues. Je ne parle plus, je pleure sans bruit, mais mon coeur hurle à la mort. Il est blessé, écrasé sous l'incompréhension. J'ai l'impression qu'on ne sortira jamais de cet enfer.
- Matt, Lorian, putain. Viens-là mec. Raconte-moi.
Des bras me tirent en arrière et je me retrouve blotti comme un gosse contre le torse de Tom, ses bras m'entourant avec toute la force qu'il peut trouver. Et ma petite bulle silencieuse éclate. Parce que c'est Tom, parce qu'il a toujours su m'écouter et être là . Alors je déballe tout, ce que la lettre m'a avoué, ce que Bryan m'a balancé, la douleur qui me broie de l'intérieur. Et cette furieuse envie de rouler sur Emilie jusqu'à ce qu'elle ne ressemble plus qu'à de la pâtée pour mon chat. Qu'elle disparaisse de cette putain de planète pour que Bry n'appartienne plus qu'à moi.
Tom ne pipe pas un mot, laissant ses doigts courir dans mes cheveux pour m'apaiser. Lo est toujours là , et quand je m'arrête de parler, les deux garçons se lancent alors dans une grande discussion. Aucun des deux ne me rassurent, ne me promet que tout va s'arranger. Car l'un comme l'autre, ils savent que cette fois, il ne suffira pas d'une petite semaine, d'une discussion autour d'une bière et d'une accolade pour réparer nos coeurs brisés. Il nous faudra plus, beaucoup plus.
~~
- Petite ordure ! Je vais te foutre le cul sur la poêle, tu vas moins rire !
- Oh, il est vexé le gros bébé !

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Forgiveness
Ficción GeneralÀ 25 ans, Matt et Bryan ont pris des voies différentes. L'un vit seul mais gagne bien sa vie. Quant à l'autre, il a une fille, une femme et travaille. Leur vie respective les éloigne mais leur amitié est trop forte pour qu'ils s'abandonnent. Jusqu'à...