- Lundi matin.
Je me gare dans l'arrière parking du garage et sors en soupirant, frottant mes mains contre mon jogging noir. Je suis fatigué, j'ai la boule au ventre et je rêve de retourner m'enfoncer dans mon matelas. J'entre dans le bâtiment où je bosse, salue Aly et frappe mon poing contre celui de Lorian. Mes deux collègues mécaniciens.
- Putain, tu as une sale tronche Matt, ricane la seule fille et je roule des yeux.
- J'ai quasiment pas dormi, je grogne et rentre dans le vestiaire pour enfiler mon bleu de travail.
- Raconte-nous tout, s'amuse Lorian en frottant ses cheveux crépus.
Ce gars, mate de peau, est complètement gaga de sa tignasse. Il les attache vaguement en un chignon alors que je l'ignore et il m'invente une vie avec la blonde. Petite mais masculine de corps, elle est juste exceptionnelle notre Aly. Elle ne se laisse pas démonté face aux clients et elle met de l'ambiance dans ce garage. Je soupire et frotte mes yeux en fermant le zip de ma combi d'une main. Je vais m'endormir sous une caisse avant la fin de la matinée.
- Et si il avait baisé toute la nuit en réalité ?, éclate de rire Lorian et je me fige. Mon dieu, je veux tout savoir mec !
- Il ne sait rien passer de ce genre, je crache froidement et leur tourne le dos, me tirant dans la grande salle où trois bagnoles nous attendent.
Aly siffle dans mon dos et me rejoint en sautillant, place une main sur mon épaule. Je lui lance un regard et ses yeux pleins de détermination me font comprendre que je n'échapperai pas à la discussion. Agir comme un connard avec eux, ça n'arrive qu'une fois tous les quatre mois. J'ai horreur de les envoyer chier mais là, j'ai besoin qu'on me foute la paix.
- T'as passé un sale week-end ?, demande Lorian en attrapant une boîte à outils sans me regarder.
- On va dire ça, je réponds dans un murmure en l'imitant, suivi d'Aly qui suit mes mouvements des yeux.
- Détaille, soupire la seule fille et je secoue la tête. Pourquoi ?
- J'peux pas Aly, c'est tout.
Ses lèvres se pincent mais elle n'insiste pas et se dirige vers une Mini pour s'occuper de faire la vidange. La proprio doit revenir la récupérer dans une bonne heure. Je souffle et jette un œil au tableau où le programme de la journée nous attend. Cinq bagnoles doivent passer dans la journée, quatre vont passer la nuit ici et il y a possibilité qu'on récupère des voitures accidentées. Bon, faut commencer la journée alors, il y a du taf. Je me dirige vers une longue caisse bleue et commence mon boulot.
Je me perds en même temps dans mes pensées. Seule la musique résonne dans le garage, personne ne parle, nous sommes concentrés sur nos tâches.
Quand Bryan s'est tiré de chez moi hier matin, j'ai passé le reste de la journée sur le canapé, téléphone entre les doigts sans savoir quoi faire. Lui envoyer un message, m'excuser, prévenir Tom ou Antho, appeler mes parents, dire la vérité à Emilie, exploser l'écran. Je n'ai rien fait au final, j'ai simplement gardé le regard dans le vide. Le soir, je me suis mangé le reste de pâtes puis je me suis affalé dans mon lit. Et je n'ai dormi que deux ou trois heures. Je n'arrivais pas à m'enlever de la tête la sensation du corps de Bry contre le mien, ses lèvres sur ma peau, ses doigts dans mes cheveux. Mais je ne pouvais surtout pas effacer son regard dégoûté, ses mots acerbes et sa colère. Son "horrible" tournait en boucle dans mon esprit, me griffant le cœur d'une manière affreuse. Je n'ai pas pleuré mais j'avais mal.
Il n'a pas renvoyé de message, je n'ai pas eu un signe de vie. Rien, juste le silence et l'absence d'un mec qui a construit ma vie. Je n'arrive pas à regretter, à m'en vouloir d'avoir profité au maximum de ce moment. Ce n'était pas la première fois que nous nous embrassions. Oh non. Il y avait eu notre entrée au lycée où des abrutis avaient critiqués le fait que nous soyons proches physiquement. Je les avais royalement emmerdé et j'avais roulé une pelle à Bryan devant tout le monde. Je ne comptais pas me faire marcher dessus. Et il y a eu la fois, un an plus tard, où nous rentrions de soirée chez moi. Tout est flou dans mon esprit mais je me rappelle encore très bien qu'on avait failli coucher ensemble. C'était Bryan qui m'avait arrêté, qui avait repoussé notre rapprochement. De là, on avait décidé de faire attention, de ne plus se laisser emporter au risque de niquer notre amitié.
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Forgiveness
Ficción GeneralÀ 25 ans, Matt et Bryan ont pris des voies différentes. L'un vit seul mais gagne bien sa vie. Quant à l'autre, il a une fille, une femme et travaille. Leur vie respective les éloigne mais leur amitié est trop forte pour qu'ils s'abandonnent. Jusqu'à...