Forgiveness

Partie 36

Un mois et demi eu le temps de passer.

Ca pourrait n'être rien, mais c'est déjà trop. Six semaines à devoir se lever, travailler, vivre, respirer, et attendre. C'est le pire, l'attente. Caché sous le capot d'une bagnole quelconque, je tente d'oublier que Bry est à plusieurs kilomètres de moi, enfermé dans la maison de Tom sans avoir le droit d'en sortir. J'essaye de ne pas penser à ses lèvres, à son corps, à cet épisode sous la douche qui m'a donné envie de l'avoir à moi.

Et j'évite de penser à la mère de Claire, à qui elle est en train de chercher une excuse pour ce qu'elle a fait subir à Bryan. Antho a passé une soirée à me retenir de foncer chez ses parents pour tout renverser. Mon poing se referme brusquement sur la poignée du cric et je serre les dents. Tom suit l'avancée de l'affaire par je ne sais quel moyen, ce qui lui a permis de découvrir qu'Emilie passe une série de tests psychologiques pour savoir si elle est malade, sur ordre de ses parents qui ne la pensent pas capable de faire ça. Qui ne l'imagine pas broyer l'épaule de son mec, traumatiser sa fille et détruire leur vie de famille.

- Matt, besoin d'un coup de main ?

- Non, je marmonne à Lorian qui me jette un coup d'oeil d'à côté. Juste une seconde d'égarement. Et toi ?

Il ricane sans réelle joie, hausse les épaules et retourne sous sa camionnette. Je me mords la lèvre en revenant à mon moteur tandis que plus loin, Aly siffle l'air qui passe à la radio. La matinée est bien entamée, la pause repas est dans moins d'une demi-heure et je veux appeler Bry. Bordel.

Un grognement quitte mes lèvres et je cogne le capot du poing, énervé. Je n'en peux plus de cette situation, de ne pas savoir à quoi s'attendre, d'être incapable de protéger Bryan, de tourner en rond dans ma maison parce qu'il refuse de venir chez moi et que Tom préfère limiter mes visites chez lui. Je comprends pourquoi mais c'est trop frustrant pour ne pas avoir la possibilité d'être présent. Je déglutis et m'écarte brusquement de la voiture, de l'intérieur du garage pour me retrouver dehors. Du pouce, j'allume mon briquet et brûle le bout de ma clope tout juste sorti de la poche ventrale de ma tenue.

Mes doigts tremblent, j'aspire la nicotine avant de la recracher, l'estomac noué. Mes cinq minutes de pause ne me font aucun effet: quand je retourne à l'intérieur, je suis toujours tendu. Ca ne s'améliore pas sur le reste de la journée, même à midi. Je mange en silence, écoute distraitement Aly et Lorian parler d'un problème qu'elle a sur une BM. En reprenant le travail, je n'ai toujours pas lâché un mot. Quelque chose qui n'a pas beaucoup changé depuis que la procédure a été lancée.

Je m'étire le dos quand je me redresse, les doigts accrochés à la portière d'un 4x4. Le pied posé sur la petite marche, je laisse mes yeux vagabonder à l'intérieur du garage. Mes collègues sont aussi occupés, je tire mon torchon de ma poche et essuie mes doigts dessus. Le téléphone du bureau sonne alors et je lève un sourcil, regarde Aly s'en approcher. Elle décroche, un petit sourire aux lèvres, pendant que je claque la portière.

- Matt, on va se boire un truc après ?

- Je sais pas, je souffle en rejoignant Lorian. J'ai pas la tête à ça.

- Hé, grince-t-il en attrapant mon épaule pour m'empêcher de le dépasser. Je crois que t'as vraiment besoin de te changer les idées, mec. Tu ressembles à rien.

- Merci, j'apprécie le compliment.

Il rit doucement, serrant ses doigts sur ma peau. Un sourire étire le coin de mes lèvres alors que je finis par acquiescer.

- Va pour boire un truc ap...

- Matt ! Ramène-toi, crie soudain Aly. Tom au téléphone !

Je fronce les sourcils, tapote les poches de mon pantalon avant de jeter un regard vers les vestiaires. Je dois y avoir laisser mon portable. Lorian me relâche tandis que je rejoins Aly. Elle me tend le téléphone puis me passe à côté en cognant nos épaules gentiment. Puis je me laisse tomber sur la chaise à roulettes avant de tourner le dos au garage.