Partie 34

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Sur le dos, je garde mon bras derrière ma tête en attendant que les gars se lèvent. Personne n'a traîné hier soir pour aller se coucher finalement : trop fatigué par les émotions, par les événements qui s'enchainent en bousillant nos coeurs lentement. 

Avec un soupir, je passe mon autre main sur mon visage, épuisé. J'ai à peine réussi à dormir, les images de l'appart de Bryan tournant en boucle dans ma tête. Mes pensées ne m'ont pas laissé me reposer, elles essayaient sans cesse de visualiser la scène, d'imaginer ne serait-ce qu'une seconde ce qu'il avait bien pu se passer dans cette foutue cuisine. Une horreur, c'est mon unique certitude. 

- Réveillé ? 

- Ouais, je marmonne lors que la tête de Tom apparait au-dessus du dossier du canapé. Bien dormi ? 

- Comme un bébé, ricane-t-il alors que ses cernes m'assurent le contraire. Et ça a aussi l'air d'être ton cas, vu ta sale tronche. 

- Moi aussi, je suis ravi d'être ton ami. 

Il sourit, amusé, et tapote mon épaule avant de s'écarter pour aller préparer le café. Je me redresse pour prendre mon portable, je dois être au garage dans une heure. Tout en enfilant mon sweat, je rejoins la cuisine et attrape la poêle à crêpes avant que Tom ne se décide à cramer notre petit déjeuner. Il grogne, comme toujours, mais je me gêne pas pour le bousculer et allumer le gaz. 

- Tu sais que je le fais moi-même, quand t'es pas là, et je suis pas encore mort, râle-t-il en cognant mon épaule de son poing. Tu pourrais me faire confiance !

- Ouais. Mais je suis là, je ricane en attrapant une louche. Fais les cafés, c'est de ton niveau. 

- Un jour, je te ferai un repas complet et tu verras que je me suis amélioré, enfoiré. 

Je secoue la tête, moqueur, alors que Tom prend des tasses et le sucre. C'est à ce moment-là qu'une chaise de la table râcle le sol et je lève les yeux de ma première crêpe pour voir Bryan, assis, qui nous regarde. Mon coeur se contracte, il a cet air qui donne l'impression qu'il n'est pas avec nous. Pourtant, il cligne des yeux et finit par poser sa tête sur sa main, son regard qui détaille Tom. 

- Tu t'es pas amélioré. 

Je retiens un rire et Tom écarquille les yeux en se tournant vers lui, vexé. 

- Tu te fous de moi ? 

- Non. 

- Oh mais va te faire voir aussi, espèce d'ingrat ! râle Tom en lançant le café. Vous êtes vraiment ignobles. Je me casse le cul pour vous aider et voilà ce que je récolte. 

- Mais on t'aime, je susurre en l'attirant d'une main vers moi. Seulement lorsque tu ne cuisines pas. 

- T'es vraiment le pire, siffle-t-il en enfonçant un doigt dans ma hanche. 

Je ris en le laissant s'éloigner vers Bryan pour glisser nos cafés sur la table. Les minutes passent dans le silence, avec pour seul bruit le grésillement des crêpes qui cuisent. Je finis par éteindre le gaz et je rejoins les garçons à table après m'être assuré que la cuisine ne craint rien. J'attrape la confiture et une cuillère au moment où Tom croque dans une crêpe, les sourcils froncés. Ca arrache un sourire en coin à Bryan, face à nous. On sait ce qu'il est en train de faire : juger. 

- Pas mauvais. 

- Le talent, je murmure en haussant les sourcils plusieurs fois. Sinon, vous faites quoi aujourd'hui ?

Même si on savait que la conversation allait finir par revenir, ce n'est pas plus facile. Bryan se ferme en portant sa tasse à ses lèvres et Tom fixe le tas de crêpes. Sous la table, je tends doucement la jambe et mon pied cogne celui de Bryan. La peur qu'il se décale me donne envie de vomir mais au contraire, il cale sa jambe contre la mienne en relevant les yeux sur moi. 

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