Au pied de l'immeuble de Bryan, j'attrape le carton sous mon bras et referme le coffre de ma caisse avant de me diriger à l'intérieur. J'ai un peu d'avance. J'inspire et appuie sur le bouton de l'ascenseur. Je me suis décidé à aller déposer le carton devant son appartement et me tirer juste après, je n'ai pas la force de l'affronter. J'en suis incapable.
Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvre, je m'engouffre à l'intérieur et pile net en croisant le regard de Bryan. Une femme sort en me bousculant et je cligne des yeux quand la porte se referme derrière moi, nous laissant seuls, tous les deux, dans un espace confiné.
- Tes affaires, je lâche alors en lui tendant le carton qu'il attrape avant de le poser à ses pieds.
- Matt, je...
- Tais-toi.
Il fronce les sourcils et pince les lèvres en passant une main dans sa nuque. Est-ce qu'il sait qu'Emilie est venue se pavaner chez moi ? Est-ce qu'il est au courant de tout ce qu'elle m'a dit ? De la main que j'ai levé sur elle ? Vu son regard, je ne pense pas. Il est froid, mais en aucun cas je le dégoûte. Alors que ça sera clairement le cas lorsqu'elle lui racontera. Je soupire et tends la main pour arrêter l'ascenseur au second étage. Le sien est au huitième et je ne vais pas attendre jusque là. Je ne le peux pas. Immédiatement, je lui tourne le dos pour tendre la main mais il m'en empêche.
Il me fait tourner sur moi-même et appuie sur l'arrêt de l'ascenseur.
- Putain, tu joues à quoi ? Tu comptes me tuer pour te débarrasser de moi ?, je marmonne en m'écartant et il roule des yeux.
- Tu as lu ma lettre ?
Je serre les dents et baisse vivement les yeux alors que j'inspire. Il comprend. Il sait. Il soupire et s'écarte de moi, me laissant de l'espace. Mais au contraire, je le veux proche de moi, contre moi. Je ne veux pas de cette distance, je n'accepte pas qu'il me laisse derrière, pour une meuf qui s'en fout de lui. Je ne peux pas le tolérer.
- Pourquoi tu m'abandonnes ?, je murmure en plantant mon regard dans le sien. Pourquoi ce n'est pas elle que tu lâches ? Elle ne te rend pas heureux ! Tu l'as dit, il n'y a que moi. C'est moi ton monde, pas cette meuf ! Je pourrais tout faire pour te rendre heureux, je l'ai toujours fait...
- Arrête, grogne-t-il en détournant le regard et je secoue la tête, attrapant son haut entre mes doigts.
- Quitte la. Viens chez moi avec Claire s'il-te-plait, je tente parce que l'espoir est toujours encré dans mon cœur. Tu n'as pas besoin d'Emilie, tu n'es pas obligée de rester avec elle ! Merde, pourquoi c'est à nous que tu fais ça ? On ne peut pas s'abandonner, c'est toi qui le dit mais c'est toi qui t'éloigne, qui choisit de foutre en l'air notre amitié !
- Sérieux Matt, tu devrais la fermer. Tu n'en sais rien, gronde Bryan en me fusillant du regard. Tu n'as donc rien compris ?
- Mais je ne supporte plus ça !, je crie, furieux. J'ai besoin de toi merde, plus que n'importe qui ! Pourquoi ça serait à nous de vivre ça hein ?
- J'ai l'impression qu'on est des amants quand tu parles comme ça Matt, il se marre froidement et ça me stoppe. Mais on n'est rien de tout ça. Alors ne fais pas la victime.
J'ai l'impression d'être passé sous une douche froide. On n'est rien. Je bous. Littéralement. Si il a décidé d'être un connard, je vais agir de la même façon. Je ne veux pas qu'il écrase ce qu'il reste de mon cœur. Je ne veux pas qu'il parte vainqueur. C'est terminé. Il a choisi Emilie et je vais lui faire regretter de m'abandonner.
Le regard noir qui me lance me fait comprendre qu'il vaudrait mieux que je m'arrête, que je n'insiste pas. Et je suis censé faire ça comment ? C'est mon meilleur ami bordel. Et je ne compte pas le perdre pour une conne.

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Forgiveness
Ficção GeralÀ 25 ans, Matt et Bryan ont pris des voies différentes. L'un vit seul mais gagne bien sa vie. Quant à l'autre, il a une fille, une femme et travaille. Leur vie respective les éloigne mais leur amitié est trop forte pour qu'ils s'abandonnent. Jusqu'à...