Forgiveness

Partie 32

Bon. Les jours commencent à se ressembler et ça met vraiment mes nerfs à rude épreuve. Pourtant, j'essaye de m'occuper, de ne pas penser à ce qu'il se passe hors des quatre murs de ma baraque, ou du garage. C'est difficile. Très difficile. 

Bryan a déposé plainte il y a une semaine. Puis il s'est installé chez Tom : Emilie est toujours dans leur appartement. C'était évident qu'ils ne pouvaient plus vivre ensemble mais c'est douloureux de le savoir chez notre pote, alors qu'il pourrait être chez moi. Avec moi. Sauf que Tom a refusé dès que l'idée a à peine traversé mes lèvres. Cette procédure m'emmerde. 

Je souffle de nouveau en m'attirant le regard du petit vieux qui veut récupérer son cabriolet. D'habitude, je reste discuter avec lui mais là, je n'en ai pas l'envie, la force, la foi. Je serai capable de lui dire de se foutre sa bagnole au fond de la gorge et de plus m'adresser un mot. Le patron me mettrait certainement à la porte juste après, car c'est un bon client. 

- Matt, tu peux t'occuper de la BM ? Je prends monsieur Gitz en charge. 

Je lève un pouce à Aly, fais un signe de tête au papi puis m'éloigne vers le fond du garage. On ferme dans une heure, je dois encore m'occuper l'esprit de longues minutes. Et surtout, j'évite de penser à ce que je dois faire après. Des jours que je n'ai pas vu Bryan, et je vais le retrouver ce soir, après être passé à son appartement. Tom voulait y aller, pour m'éviter de croiser Emilie, mais j'ai eu le dernier mot. Pour une fois. 

La fin de journée est tout aussi longue que le reste mais dès que dix-huit heures sonne, je retire le haut de ma combi et noue les manches autour de mes hanches. 

- Je termine de nettoyer ça puis j'y vais. 

- On sort boire un verre avec Lorian, tu veux venir ? me demande Aly de l'autre côté de la pièce et je secoue la tête. Matt, j'aime pas trop te savoir seul quand tu es...

- Je rejoins Tom, je lui souris pour la rassurer. Promis, je ne rentre pas chez moi déprimer. 

Aly hésite une autre seconde puis finit par acquiescer. Si elle me croit pas, elle évite de le montrer. Je range mes outils dans l'établi au fond du garage, passe un coup de balai en dévisageant Lorian devant le tableau. Le bouchon du marqueur entre les dents, il tapote le bout du stylo dessus en attendant une illumination. Puis il souffle, fait une croix et note autre chose dans une case de la semaine prochaine.

- Un problème ? je lance et il se tourne vers moi un instant. 

- Tu te souviens de la nana pour laquelle je me suis épilé ? Je viens de remarquer qu'elle est sur le planning de demain. Je vais annuler son rendez-vous et la décaler à un autre jour. 

- C'est gamin, râle Aly en lui passant à côté, ses mains qui nouent les manches de son bleu de travail sur ses hanches. Tu devrais plutôt la jouer fine et lui montrer que ça ne t'a pas touché. 

- Sauf que...

- Tu t'apprêtes à me dire qu'elle t'a brisé le coeur ? l'arrête Aly en levant une main et je les regarde, amusé. Mec, tu la connaissais à peine. 

- Le coup de foudre, tu sais ce que c'est ? 

- Des conneries. Le plus souvent, quand tu apprends à connaître la personne, tu es juste déçu. 

Je roule des yeux alors que la jeune femme se détourne. Décidément, elle et l'amour, ils sont toujours en mauvais termes. J'échange un regard blasé avec Lorian puis il capitule et efface la croix. Malgré tout, il écoute Aly et ça, c'est beau. Il est moins gamin qu'on le pense.

Dans les vestiaires, on se change et je les salue avant de monter dans ma voiture. Aly me fait promettre de l'appeler si ça ne va pas et je fais au mieux pour la rassurer avant de démarrer ma caisse. Puis je prends la route vers l'appartement de Bryan. Les poings serrés autour du volant, je ne sais pas ce que j'espère, en y allant.