Partie 28

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Lundi, sept heures, j'ai les yeux posés sur le plafond alors que j'entends Tom lancer sa machine à café. Le week-end est passé, Bryan est retourné chez lui samedi en nous laissant, Tom et moi, complètement dévasté à l'idée qu'il retrouve Emilie. Mais aucun de nous n'a vraiment le choix pour l'instant : Bryan a sa fille, je ne peux pas l'obliger à rester pour moi et Tom a des démarches à faire aujourd'hui. 

Je suis passé chez moi nourrir mon chat puis je suis revenu ici, la queue entre les jambes, parce que j'allais péter les plombs, seul. Tom m'a simplement ouvert la porte en m'ordonnant de faire la cuisine et j'ai abdiqué. 

- Café ? 

- Avec du whisky, je grogne en rabattant un coussin sur mon visage. La journée va être horrible. 

- Non : tu vas aller bosser avec Lorian et Aly, tu vas arrêter de penser à ce bordel. 

- Pendant que toi, tu vas voir les services sociaux ? T'as raison, je vais être au top ! 

- Arrête, râle Tom en m'obligeant à me pousser pour s'asseoir à mes pieds. Je vais simplement me renseigner. On se retrouve chez toi ce soir ? J'amène les bières.

- Ca me va. 

J'attrape mon portable et préviens Lorian que j'aurai sûrement un peu de retard avant de passer sur ma conversation avec Bryan. Samedi matin, avant de partir, il a été clair : aucun message jusqu'à ce qu'il revienne de lui-même. Ordre de Tom, qui reste la seule personne à avoir de ses nouvelles. Je sais pourquoi ils me tiennent à l'écart mais ça me fait enrager, Emilie a trop de pouvoirs et je ne le supporte plus. Il faut qu'elle dégage le plus rapidement possible, avant que je fasse la connerie de ma vie. 

- Allez, on se bouge. Déprimer ici n'aidera personne. 

- Comment tu fais pour être aussi... motivé ? je siffle en le dévisageant alors qu'il repart dans sa cuisine. Sérieux, on dirait qu'on n'est pas en train de faire exploser une famille avec toi. 

- A ta différence, je ne suis pas tombé amoureux de mon meilleur ami, réplique alors Tom en croisant mon regard. Je voue une haine effroyable à Emilie, mais la tienne dépassera toujours l'entendable et c'est ça qui fait que, personnellement, j'arrive à garder la tête froide.  Je suis là pour aider mon pote à sortir de cette merde, c'est tout. Toi, tu fonces dans cette histoire pour quelles raisons au juste ? 

- Pour l'aider aussi ! Elle est sérieuse ta question ? 

- Tu sais qu'il y a tellement plus en jeu, pour vous deux. 

Bouche-bée, je le regarde simplement me tourner le dos. Tom a raison, comme souvent : il est là en tant qu'ami, je suis là pour me battre pour mon avenir, notre avenir avec Bryan. Un long soupir m'échappe et je me décide enfin à me lever. Il faut que je m'occupe avant de devenir fou.

Lorsque j'arrive au garage, Aly est déjà sous une voiture, les mains dans le moteur et je m'excuse auprès de Lorian en le croisant près du tableau d'affichage. Il sourit, ne me demande pas pourquoi je suis en retard et s'éloigne vers une voiture de luxe. Je me change en vitesse dans les vestiaires, laisse la jeune femme m'embrasser la joue quand elle passe à côté de moi pour préparer des cafés et je me lance ensuite dans le changement de plaquettes de frein d'une caisse. 

La matinée se déroule dans un silence partagé, entrecoupé par la radio qui crache ses musiques. Deux clients sont pris en charge par Lorian, je reste dans mon coin et me concentre sur mon taf. Ca me permet de ne pas penser à Bryan, à Tom qui est parti se renseigner, à Claire qui s'apprête à voir ses parents se battre pour elle. 

- Matt ? On ferme la grille, tu manges avec nous ? me demande soudain Aly en s'accoudant sur la bagnole dont le capot est ouvert. Le patron est passé dans le week-end remplir le frigo.

ForgivenessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant