C'est notre secret

chapitre 50

Certains d'entre vous ont eu des soucis avec le chapitre alors je me reposte en espérant que ça marche!
...

PDV Denki (alors que pense celui que tout le monde a l'air de haïr dans les commentaires... Pour info, je reprends à partir de la conversation d'hier donc le dialogue est le même):

Je tourne en rond dans ma chambre et passe plusieurs fois devant le petit déjeuner que ma mère m'a apporté sans même y faire attention.
Qu'est-ce que je vais faire? Qu'est-ce que je vais lui dire?
Ça fait trois jours que je réfléchis. Mais j'y arrive pas.
Je veux pas le quitter. Je suis tellement bien avec lui. J'adore entendre son cœur battre quand nous dormons. J'aime son souffle qui chatouille ma peau. J'aime ses baisers, ses grandes mains.
Mais si on reste ensemble, on ne pourra jamais vivre au grand jour. Eijiro mérite d'être heureux. Et il ne le sera jamais pleinement avec moi.
On est encore jeune. Il saura se reconstruire et trouver une jolie fille qui... l'aime.
Alors qu'une boule se forme dans ma gorge, j'entends quelqu'un frapper à ma porte.

-Denki... C'est Eijiro... Tu as pu réfléchir?

Eijiro crache ce mot comme si c'était la pire des horreurs. Mais je le comprends... Bientôt, il dira mon prénom de la même manière...
J'ouvre lentement la porte.
Je ne sais pas trop à quoi je ressemble. Je ne dors quasiment plus. Mais vu la tête d'Eijiro, il peine à me reconnaître...
Je fixe le sol. C'est à moi de parler. C'est moi qui ai commencé tout ça...

-Eijiro, je...

Mais je n'arrive pas à parler. Les mots restent coincer dans ma gorge.
Je me mords la lèvre.
Je ne veux pas le faire souffrir...

-Tu... Tu ne... Tu ne veux plus de moi?

Sa voix tremble tellement.
Je ne veux pas lever les yeux. Si je le regarde, je vais craquer. Il faut que je tienne bon...

-Denki... Tu ne m'aimes plus?

J'explose en sanglot.
Bien sûr que je t'aime, idiot! Je t'aime comme j'ai jamais aimé personne! Je veux qu'on continue à se retrouver sous notre saule pleureur, que tu caresses mes cheveux, que tu me montres que tu m'aimes...
Mais je ne peux pas lui dire ça. Je ne peux pas.
Je repense alors à ce jour où le prince a avoué qu'il aimait Izuku. Je repense à la foule en colère. Et je me sers de cette colère pour alimenter mes larmes.

-Je suis désolé Eijiro... Mais je peux pas... Je peux plus... J'en peux plus... Toutes ces paroles, ces horreurs. Je pourrai pas supporter ça toute ma vie. Et j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose...

Je vois alors le poing d'Eijiro se lever. Terrifié, je n'ose pas bouger.
Je le mérite... Je le mérite...
Mais son poing ne fait que toucher sans aucune force mon torse. Lorsqu'il parle, je dois tendre l'oreille pour l'entendre:

-Donne-moi une vraie raison Denki. Donne-moi une vraie raison de me quitter et je te laisserai tranquille...

J'essuie mes larmes.
Il ne va pas lâcher le morceau...
Peut-être que si je lui sors une excuse bidon. J'ai que ça en tête, c'est la dernière chose que je peux essayer...

-Je... Ma maman a toujours rêvé d'être grand-mère. Si je reste avec toi, on pourra jamais avoir d'enfants et ma mère ne sera jamais complètement heureuse. Elle t'aime bien mais elle ne pourra pas avoir de petite fille...

Pour le coup, le poing d'Eijiro se fracasse avec force sur le mur. Je sursaute et ose enfin croiser le regard de Eijiro. Il encaisse la douleur du choc qui fait trembler les murs.
En revanche, sa voix montre toute la souffrance qu'il ressent à ce moment.

-Combien de fois tu as répété ces conneries dans ta tête?! Combien de fois?! Dix fois?! Vingt fois?! Cent fois?!

Je recule de peur.
Le prochain coup est pour moi, c'est sûr...

-Regarde-moi en face et dis-moi que tu ne m'aimes plus! Dis-moi que tu ne veux plus de moi, que c'était une erreur! Ose me le dire!

Je recule jusqu'au lit. Il faut que je trouve un truc qui lui fera lâcher le morceau. Il faut que je sois convaincant...
Je m'assois d'un coup sur le matelas. Peut-être que je pourra lui dire ça... Mais je vais l'anéantir...
Je ferme les yeux, inspire puis fixe un point dans le vide. Je sors en un souffle:

-J'ai trouvé quelqu'un.

Comme s'il venait de recevoir un coup, Eijiro titube et se rattrape au mur avant de se laisser glisser au sol.
Il lutte contre ses propres sanglots pour pouvoir demander:

-Depuis combien de temps...?

Alors il y croit...
Eijiro n'attend pas de réponse. Il se relève tant bien que mal et s'en va de la chambre. Je ne fais que le regarder partir, totalement perdu.
Je viens d'anéantir des mois de relation et des années de bonheur.
Je me laisse aller une bonne fois pour toute aux larmes. Je l'ai perdu, ça y est.
Je me lève et attrape le premier truc que je trouve sur mon bureau pour le lancer contre le mur. Le bol de lait explose en mille morceaux contre le mur.

-Denki! Maintenant tu vas m'expliquer ce qu'il se passe!

Ma mère rentre dans ma chambre, les poings sur les hanches.

-D'abord, tu ne manges plus et ne parles plus. Ensuite, Eijiro arrive comme s'il venait d'être déterré. Là, il vient de repartir avec la tête de quelqu'un qui veut se faire enterrer. Et pour finir, je te trouve toi avec le besoin de balancer ton petit déjeuner! Qu'est-ce qu'il se passe, bon sang de bon soir?!

Elle va ramasser les morceaux de verre avec précaution.

-Je l'ai quitté...
-Quoi?
-Je l'ai quitté...

Elle se relève.

-Mais pourquoi ?

Je secoue la tête.

-C'était trop dur. Ne pas pouvoir l'aimer comme je veux, devoir se cacher. Je veux pas vivre comme ça...
-Mais Denki, vous étiez tellement heureux. Je peux comprendre mais tu n'y avais jamais vraiment pensé jusque là. Tu n'aurai pas dû te laisser plus de temps?

Je lui fais signe que non.

-Ça n'aurait rien changé. Il mérite d'être heureux. Il ne le sera jamais comme il faut avec moi.

Ma mère vient me prendre dans ses bras.

-Quoi que tu décides de faire, à chaque fois, je serai avec toi Denki. Si tu crois que c'est le mieux, alors suis ton instinct. Mais pense à ton bonheur à toi aussi...

Mon bonheur a quitté ma chambre en titubant il y a à peine dix minutes. Et il ne reviendra sans doute jamais.