PDV Eijiro:
Un soir, sous le soleil couchant, alors qu'on joue avec Hanta et Minoru au ballon, un chevalier arrive sur un cheval. Il crie sans arrêt la même chose. Je mets du temps avant de comprendre.-Rentrez chez vous, fermez tout à clé! Un prisonnier s'est échappé!
Avec les garçons, nous nous précipitons vers l'auberge en abandonnant le ballon sur la place.
Nous rentrons dans un grand bruit en hurlant:-Un meurtrier s'est échappé ! Il va venir nous tuer!
Sans la moindre hésitation, M. Sero ferme la porte à clé et fait une barricade avec les tables. Nous nous cachons ensuite où nous pouvons de manière à ce que l'homme ne puisse pas nous voir.
Dans la pièce, je cherche ma maman des yeux. Je m'approche discrètement de l'aubergiste.-Elle est où ma maman?
-Elle n'est pas rentrée?Il fronce les sourcils et la cherche comme je l'ai fait il y a quelques secondes.
-Ne bouge pas de là. Je vais voir si elle est dans une chambre.
Rapidement, il se faufile dans le couloir. Je l'entends ouvrir doucement les portes qui grincent une à une.
Dans la ville silencieuse, on entend alors un énorme cri. Tous mes poils se hérissent.
Je ne sais pas comment, je me retrouve devant la fenêtre. Des bruits de pas s'approchent, résonnent sur les dalles de la rue dans l'obscurité. Je vois alors un homme habillé tout en noir. Un appareil en fer clouté maintient sa bouche grande ouverte. Son vêtement a l'air déchiré, au niveau de ses bras. Il traine une masse derrière lui. Quand il est assez près, je reconnais les cheveux qu'il tire. Je vois ensuite le visage de ma mère, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte. Mais surtout, je vois son gros ventre.
L'homme s'arrête à ma hauteur, tourne la tête vers moi. Je ne vois même pas ses yeux sous ce tissu sombre qui le recouvre partout. Par contre, je reconnais les mots qu'il prononcé.
Manger.
Femme.
Bébé.
Une main m'attrape et me force à reculer à l'abri alors que le meurtrier se jette sur la fenêtre.
Chair fraîche.
Une main me couvre les yeux et m'amène loin de cet homme. Au bout d'un moment, on me lâche enfin. Je reste là, perdu, pas sûr de ce que j'ai vu, et pourtant dévasté. Je sens mon cœur douloureux dans ma poitrine.
Je regarde M. Sero.-Maman... Elle va revenir, hein? À 22h, elle me ramènera à la maison. Je prendrai mon bain et elle rejoindra papa dans la chambre.
Je sens mes yeux se remplir de larmes.
-Et demain, elle me fera mon petit déjeuner. Elle me regardera recopier un livre et m'apprendra à reconnaître les différents arbres grâce à leur feuille. Hein qu'elle le fera ?
M. Sero me prend dans ses bras.
-Je suis désolé Eijiro. Ta maman était formidable.
Je n'ose pas bouger.
Durant toute la nuit, je reste là, les bras ballants. Je les entendais tous parler et je sentais leur regard sur moi. Mais je n'ai pas réagi.***
Le matin ensuite, M. Sero m'apporte une petite assiette avec des œufs au plat.-Mange Eijiro. Il te faut te nourrir.
Je me traîne jusqu'à la fenêtre. Il ne reste aucune trace de ce qui s'est passé cette nuit.
J'entends qu'il me pose l'assiette sur une table. Mais je ne vais même pas la voir. Je reste là à attendre ma maman.
Ce n'est que le soir, qu'un chevalier arrive. Les hommes enlèvent notre barricade.-On a attrapé le fugitif. Vous pouvez sortir.
Quelqu'un vient me boucher les oreilles et se met à parler. Je n'essaie même pas d'écouter la conversation. Je fixe juste un point dans le vide.
Le chevalier s'accroupit devant moi alors que le son parvient à nouveau à mes oreilles.-Je te ramène chez toi? Tu vas voir, j'ai un super destrier.
Ma voix tremble alors que je parle.
-Mais ma maman va venir...
Le chevalier me prend la main.
-Allez viens.
Il me fait monter sur son cheval et monte derrière moi.
-Il s'appelle Papier. Je sais que c'est un peu nul comme prénom mais c'est un super compagnon.
Il me ramène tranquillement à la maison sans que j'ai à lui dire le chemin. Mais ça m'arrange. Je ne sais pas si j'ai la force pour parler.
Je fixe mes doigts qui s'emmêlent à la crinière du cheval. Maman avait les cheveux plus doux que les crins du cheval...
Quand on arrive à la maison, le chevalier me prend dans ses bras et me porte jusqu'à la porte. Là, il toque.
Mon papa ouvre la porte quasiment de suite, le visage inquiet. Il a l'air soulagé quand il me voit. Il me prend contre lui et me serre fort.-Oh Eijiro, tu vas bien! J'ai eu si peur! Où est maman?
Mes yeux se remplissent de larmes.
Mon papa se tourne alors vers l'himme qui m'a ramené.-Je suis Shinya Kamihara, chevalier à la cour. Votre fils devrait aller dans sa chambre.
Sans trop réfléchir, je vais lentement dans ma chambre et ferme la porte. Je m'écroule sur le lit et serre Lapinou dans ma main.
Je me mets alors à pleurer sans pouvoir m'arrêter. Quand mon père rentre dans ma chambre, je ne fais que crier et me débattre.
J'appelle ma maman.
Je donne des coups de pieds.
J'appelle ma maman.
Je lance mon poing en l'air.
J'appelle encore et encore. Mais elle ne répond pas. Elle ne vient pas me consoler.
Alors je frappe l'air. Je me bats contre moi, contre mes pensées. J'essaie de me sortir cette image de ma tête. Mais elle reste là, gravée....
C'est le chapitre le plus long que j'ai fait pour l'instant. Mais pas sûr que vous dormez bien après ça!
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C'est notre secret
FanficLe père d'Eijiro est un paysan. Il a du mal à subvenir aux besoins de sa petite famille. Heureusement, Eijiro est là pour le soutenir. Dès le plus jeune âge, il comprend la détresse de ses parents. Pour ceux qui ont lu "Ma Princesse Masculine", je r...