C'est notre secret

chapitre 49

PDV Eijiro:
Trois jours passent. C'est dimanche. Le soleil vient de se lever. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Je vais aller chez Denki pour savoir où on en est comme me l'a dit Katsuki. J'ai espoir qu'il revienne. Mais son silence lors de ces trois derniers jours n'augure rien de bon.
Je laisse un mot sur la table pour prévenir mon père que je sors.
Le chemin jusqu'à la ville me paraît interminable. Mais j'arrive chez les Kaminari beaucoup trop tôt à mon goût.
Je rentre dans la boutique. Mme Kaminari est là. Elle me regarde, surprise. Puis elle s'approche et chuchote:

-Eijiro, Dieu soit loué, tu es là. Denki est enfermé dans sa chambre. Il n'en sort jamais. Je ne sais même pas s'il mange. Qu'est-ce qu'il se passe?

Je baisse la tête.

-Il ne vous a rien dit?
-Qu'est-ce que je devrai savoir?

Je secoue la tête alors que les larmes que j'avais réussi à refouler ces derniers jours reviennent.

-Il devait réfléchir à notre relation. S'il vous plaît, laissez-moi aller lui parler avant que... avant que...

Je tente de ravaler mes larmes.
Mme Kaminari comprend alors. Elle me laisse monter à l'étage. Et lorsque j'atteins la porte, je toque.

-Denki... C'est Eijiro... Tu as pu réfléchir?

Rien que ce mot me hérisse.
La porte s'ouvre et je vois un homme blond au teint blafard et aux cernes creusés. Ce n'est définitivement pas le Denki que j'aime...
Il a l'air perdu.

-Eijiro, je...

Puis il reste bloqué. Il baisse la tête et se mord la lèvre.
J'ai compris. J'ai compris mais je ne veux pas y croire.

-Tu... Tu ne... Tu ne veux plus de moi?

Ma voix tremble beaucoup trop. En fait, tout mon corps est secoué de spasmes. Qu'est-ce que je fais là? J'attendais vraiment une bonne nouvelle?

-Denki... Tu ne m'aimes plus?

Il se met alors à pleurer.

-Je suis désolé Eijiro... Mais je peux pas... Je peux plus... J'en peux plus... Toutes ces paroles, ces horreurs. Je pourrai pas supporter ça toute ma vie. Et j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose...

Je serre les poings. Je lève mon bras pour le frapper mais je ne fais que toucher faiblement son torse avant que mon bras retombe à côté de moi.
Ma voix n'est plus qu'un faible murmure:

-Donne-moi une vraie raison Denki. Donne-moi une vraie raison de me quitter et je te laisserai tranquille...

Il essuie ses larmes.

-Je... Ma maman a toujours rêvé d'être grand-mère. Si je reste avec toi, on pourra jamais avoir d'enfants et ma mère ne sera jamais complètement heureuse. Elle t'aime bien mais elle ne pourra pas avoir de petite fille...

Ce coup-ci, j'arrive à fracasser mon poing avec force. Denki sursaute alors que le mur tremble sous le choc. Une douleur lancinante me vrille à l'épaule mais je serre les dents.
Par contre, ma voix laisse clairement entendre ma douleur et ma colère.

-Combien de fois tu as répété ces conneries dans ta tête?! Combien de fois?! Dix fois?! Vingt fois?! Cent fois?!

Denki recule de peur.

-Regarde-moi en face et dis-moi que tu ne m'aimes plus! Dis-moi que tu ne veux plus de moi, que c'était une erreur! Ose me le dire!

Denki recule jusqu'à son lit où il s'assoit d'un coup. Et là, la phrase qu'il me sort a le même effet que s'il m'avait mis un coup de pied dans le plexus.

-J'ai trouvé quelqu'un.

Il me dit ça sans un brin d'émotion.
Ma tête me tourne et je titube. Le mur me rattrape plus ou moins. Je pose ma main sur ma tête et essaie de remettre mes idées au clair. Mais tout est flou.
Je me laisse glisser au sol. Les mots que j'arrive ensuite à prononcer arrache le peu d'amour qu'il me restait.

-Depuis combien de temps...?

Il ne me répond pas. En fait, je n'attends même pas sa réponse.
Je me relève et chancèle jusqu'aux escaliers que je descends, par miracle, sans me casser une jambe.
Je ne me retourne pas lorsque Mme Kaminari m'appelle. Je sors juste de ce magasin et erre dans les rues de la ville pendant un bon bout de temps.
Le soleil finit par se coucher. Je m'assois dans un coin et observe les noctambules sortir de chez eux d'un air absent.
Qu'est-ce que je fais là? Qu'est-ce que je dois faire?
Je laisse ma tête partir en arrière et je me cogne contre le mur. Je ressens à peine la douleur. Je suis complètement anesthésié. Je ressens plus rien. La seule chose que j'arrive à sentir, c'est ce trou dans ma poitrine. Il est là, irrémédiablement présent. Ma propre tombe se creuse dans mon foutu corps.

...
Alors alors, que pensez-vous de Denki? 😊