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faut-il que je coupe ou que je glorifie mon cheveu trop âgé gorgé de nostalgie
(celui qui a la ref je l'épouse)


Tae Hyung porta ses mains à son cou, cherchant vainement de l'oxygène dans l'air ambiant. Une rafale de souvenirs l'avait pris soudainement à la gorge, lui coupant le souffle brutalement. Il se rattrappa contre un mur de l'hôpital, la respiration sifflante. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas eu de crise qu'il n'avait pas pensé à prendre ses médicaments avec lui. C'est avec une certaine panique qu'il se précipita hors de l'établissement, tanguant dangereusement dans la rue. Ses pieds tapaient violement contre le bitume, son souffle provoquait de légers panaches blancs devant sa bouche. La température extérieure était relativement basse compte-tenu de la saison. Ils étaient presque en été maintenant.

Ne faisant pas attention aux piétons qui fixaient le jeune homme avec dédain, Tae Hyung se réfugia dans une ruelle avoisinante et vérifiant à peine si une quelconque présence résidait dans ces quartiers, il s'effondra sur le sol, le dos appuyé contre un mur de briques. Des perles salées dévalèrent ses joues avec rapidité, tandis que son torse se soulevait au rythme de sa respiration frénétique.

Il avait senti comme un vide abrupte dans sa poitrine quelques minutes plus tôt. Une blessure qui s'était rouverte d'un seul coup, laissant une plaie béante dans ce qu'il lui restait de cœur. Tae Hyung s'efforça de camoufler ses pleurs irréguliers en plaquant ses mains contre sa bouche. Il ne voyait même plus correctement tellement sa vue était brouillée par les larmes. Il se demandait comment cela pouvait-il être possible qu'il lui manque autant, au point d'avoir l'impression qu'un fossé était creusé dans son âme. Des abysses sans fond dans lesquels il s'enfonçait petit à petit. Cela avait le même effet que de subir une mort lente et douloureuse.

Épuisé, ne prenant même pas la peine de prévenir ou rassurer Ji Min ou encore sa famille, il se laissa sombrer dans le monde ténébreux des songes.

— [...] —

Un raclement inquiétant se fit entendre dans le bâtiment abandonné, un son qui se répercuta dans tous les couloirs. Dans le silence qui plombait sinistrement les lieux, un halètement et des bruits de pas précipités était le seul vacarme qui perturbait ce calme implacable. Le jeune homme qui courait parmi les décombres de cette ancienne bâtisse lança un regard apeuré derrière lui. Avait-il réussi à le semer ? Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre, qui affichait 13h48. Il devait être le plus loin possible de lui durant douze minutes.  Il lui faudrait alors ensuite tenir soixante secondes sans n'apercevoir ne serait-ce que son ombre terrifiante.

Le jeune se remit à courir subitement en percevant des frottements, résonnant contre les parois métalliques de l'entrepôt. Il pouvait sentir son cœur battre à tout rompre, le sang pulser contre ses tempes. Le garçon déglutit difficilement et hâta le pas en direction des étages supérieurs. Il bifurqua à droite au fond du couloir et poussa les battants de sécurité qui grincèrent sur son passage. Son souffle saccadé faisait écho dans la cage d'escalier, ses pieds frappaient durement les marches qu'il grimpait quatre à quatre. Des traces d'humidité étaient nettement visibles sur les murs, la peinture jaunâtre craquelait et se décollait par endroit.

Le roux se précipita sur les portes du dernier étage et s'engouffra dans ce qui semblait avoir été un dortoir. Un corridor laissait entrevoir des portes en bois le long du mur malgré la faible luminosité. Les fenêtres donnant sur l'autre côté de l'immeuble étaient bouchées par des volets en partie cadenacés, quelques rayons de soleil miroitant entre les ouvertures. La poussière présente dans l'air dansait devant ces traits étincelants.

trust | yoonminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant