trust | yoonmin

freedom

presque trois mois plus tard
(point de départ : mort de dak ho)

Yoon Gi s'avança calmement vers le barreau, et s'y accouda, ses mains menottées. Il mentirait en disant qu'elles lui avaient manqué. Elles l'écorchaient, abîmaient sa peau blanchâtre. Il plissait les yeux sous la lumière blafarde qui l'aveuglait.

La juge s'approcha de son micro, et demanda d'une voix claire et forte au noiraud de raconter sa version des faits, depuis le début. Là où tout avait commencé.

« J'allais avoir vingt-trois ans lorsque j'ai été arrêté, il y a trois ans et demi maintenant, déclara Yoon Gi d'un ton qui se voulait le plus neutre possible. La présence de mes gants sur les lieux de la mort de Jung Kook a été prémédité, c'est un acte que j'ai délibérément choisi de faire le jour de son assassinat, lorsque je me suis rendu sur place, et là où j'ai découvert son corps ainsi que Kim Ha Joon, dans la salle lui aussi, véritable meurtrier de mon meilleur ami.

- Vous dîtes ici Kim Ha Joon et non Kim Dak Ho. Puis-je en connaître la raison ?

- Tout simplement parce que c'est Ha Joon qui a commis le meurtre de tous ces gens, et en aucun cas mon ami d'enfance. Ha Joon était une personne à part entière, qui était apparue suite à divers incidents survenus quand Dak Ho lui-même était plus jeune, mais aussi avec la maladie de Jung Kook. Je ne considère pas Dak Ho comme étant le responsable de ces atrocités. Ni Tae Hyung. »

La juge acquiesça lentement, et griffonna quelque chose dans la marge de ses feuilles, avant de reporter à nouveau son attention sur Yoon Gi pour continuer son interrogatoire, même si elle connaissait déjà ce qu'il lui disait, puisque sa version des faits avait été déposé officiellement, par son avocat, suite à la mort de l'avocat Kim Tae Hyung qui souffrait d'un trouble dissociatif de l'identité.

Ji Min observait la scène, tendu, scrutant chaque geste que réalisaient les jurés. Ses pupilles les détaillaient profondément, tentant d'y déceler un quelconque indice sur leur jugement final. Il savait déjà quelle serait la sanction, ou du moins il la devinait.

Quoi qu'il puisse dire ou faire pour aider son client, Yoon Gi était bien accusé d'une chose : de ne pas avoir dénoncé le véritable coupable de l'affaire. C'était de la non-dénonciation de crime, et le noiraud encourait une peine de trois ans d'emprisonnement supplémentaires ainsi que d'une amende de ₩ 51 335 000 (≈ 40 000€, qui est le montant de l'amende en France dans ce genre de cas). Tout ce qu'espérait Ji Min maintenant, c'était de réussir à alléger la sentence au maximum.

Il mordilla la pulpe de son pouce pour y défouler sa nervosité, alors qu'il tourna légèrement la tête pour lancer un regard au plus âgé qui retournait à sa place. Son sourire se voulut rassurant, mais ne réussit qu'à stresser encore plus le rosé. Il soupira en fronçant les sourcils, exténué en voyant les heures s'allonger à vive allure, et appuya distraitement la pointe de son stylo sur une papier vierge où il prenait des notes de temps à autre.

Le procès fut lent, très lent, et Ji Min crût réellement qu'il ne s'achèverait jamais. À un moment il lui sembla même que le temps s'était distendu tellement la trotteuse de sa montre ralentissait de seconde en seconde. En sueur, il passa inconsciemment sa main dans ses cheveux trempés, et il glissa un doigt dans le faible interstice qu'il y avait entre le col de sa toge et sa peau. En sortant, cette fois-ci, il se changerait sur place, peu lui importait si pour cela il devait se déshabiller dans les couloirs.

« Faîtes entrer le dernier témoin. » annonça la juge en relevant les yeux vers la porte qui s'ouvrait, sur le côté de la salle.

La salle d'ailleurs était bondée, encore pire que la première fois. Lorsque la nouvelle sur le véritable assassin de l'affaire 14 avait été dévoilé, l'information s'était dispersée comme de la poudre dans le vent. Les journaux les plus éminents avaient rédigé des articles tous plus long les uns que les autres, débattant sur la prétendue culpabilité de Min Yoon Gi, ce « fourbe aux allures d'assassin » qui n'était rien d'autre qu'« un pantin », manipulé par « un dangereux psychopathe mentalement dérangé ». Voilà que Yoon Gi passait maintenant pour un vulgaire lâche, qui n'avait pas eu le courage d'aller dénoncer son prétendu ami, pourtant coupable de bon nombre de meurtres. Mais Ji Min savait que la réalité était toute autre, et le noiraud venait d'expliquer pourquoi il avait agi ainsi l'instant précédent, face à la présidente du jury. Pour se protéger.