Apprends-moi à t'aimer

Chapitre 10 : Fracassant retour

-Noël ! Comment ça va ? Tu étais vraiment malade pour manquer autant ! s'enthousiasma Mélissa en souriant.
-Merci, fit Noël mal luné. Ça va, maintenant. Je ne saigne plus autant, j'ai réussi à refermer ma violente hémorragie !
Il lança un regard noir à Pierrick qui ne comprit pas le pourquoi de cet air haineux...
-Mais...Comment ça ? Qu'est-ce que tu avais ? demanda le jeune noiraud.
-Ferme-la, je ne suis pas d'humeur...
Noël s'en alla et Massimo regarda alors Pierrick avec un air désolé.
-Je crois bien qu'il ne se remet pas de...Ça...murmura le beau blond en désignant discrètement Matei du menton.
Pierrick se figea.
-Pardon ? Il...Il n'a pas aimé que je...Lui dise ça ? masqua-t-il ses paroles pour ne pas révéler à voix haute tout cela devant tous les amis de Matei et Ngôi Sao.
Massimo hocha la tête.
-Mais pourquoi ? demanda Pierrick avec une sorte de filtre qui l'empêchait de voir l'amour que les autres lui portaient.
Massimo secoua la tête, cette fois-ci en signe de négation. Son ami noiraud s'en mordait les doigts et surtout actuellement, la lèvre inférieure. Il irait lui parler après...En espérant que ça se passe bien.

Quand à la pause, Noël alla aux toilettes pour soulager son envie pressante et sa vessie en même temps, Pierrick le suivit. Au moment où il sortit de sa cabine, Noël se cassa le nez sur son meilleur ami, qu'il voulait à tout prix éviter. Soit parce qu'il allait pleurer, soit parce qu'il allait s'énerver et le frapper. Enfin...Essayer de le frapper.
Il avait trop de réflexes et d'expérience pour se prendre le poing d'un débutant comme lui, et même si c'était le cas, il ne lui ferait pas mal ni beaucoup de dégâts...
Il décida de l'ignorer avec un bruit méprisant de la bouche et se lava les mains tranquillement. C'est quand il voulut sortir, Pierrick l'en empêcha.

-Quoi ? fit Noël, aussi agressivement que sa voix et son amitié pour son interlocuteur le lui permettaient.
-Noël...On doit parler.
-Rien ne m'oblige à parler avec toi ! lâcha Noël en poussant Pierrick, main sur son épaule, voulant atteindre la porte et sortir, pour ne plus sentir la présence pourtant si plaisante de son meilleur ami.
-Ne pars pas, attends ! lui dit Pierrick.
-Non, je m'en fiche, peu importe ce que tu vas me dire ! hurla presque Noël en repoussant le bras musclé qui lui barrait le passage.
-Si, tu vas m'écouter ! s'écria le noiraud, perdant pour la première fois son sang-froid et son calme.

Pierrick déplaça rapidement ses bras pour prendre dans ses mains les poignets de Noël et le plaquer au mur, juste à côté du lavabo. Le garçon se cogna la tête contre la paroi derrière lui et ferma ses paupières sous le choc, derrière ses lunettes, avant de les réouvrir pour s'écrier :
-Pierrick, qu'est-ce que tu fiches ? Lâche-moi tout de suite !
-Non ! fit Pierrick encore plus fort. Je ne te lâcherai pas !
Noël regarda Pierrick avec les joues rouges et un air choqué. C'est la première fois que son meilleur ami, si gentil, si touchant, haussait autant la voix. Surtout avec lui, son meilleur ami...
-Pierrick...lâcha Noël, dans un souffle encore sous le choc.
-Noël...J'aimerais vraiment que tu m'écoutes...fit alors son meilleur ami, en relevant les côtés internes de ses sourcils, ce qui lui donna un air tellement peiné. Est-ce que...Est-ce que je t'ai heurté pour que tu sois autant en colère contre moi ?
Noël crissa des dents en les resserrant trop fort les unes sur les autres.
-Bien sûr que oui, imbécile ! cria-t-il à la figure de Pierrick, proche de lui vu qu'il le maintenait toujours contre le mur avec force.
-Quand ? fit le beau noiraud avec un air soucieux de l'état de son ami.
-Crétin ! T'es trop aveugle pour le voir ? Lâche-moi !

Noël commençait à sentir les larmes lui monter aux yeux. Il ne voulait pas pleurer devant son meilleur ami, il ne voulait pas perdre la face pile devant lui ni la confiance qu'il lui portait depuis des années ni leur complicité unique ! Et cette dernière, il ne voulait pas la partager avec quelqu'un d'autre, et surtout pas Matei, ce premier de la classe à lunettes qui se croyait tout permis ! Il lui volait le regard de Pierrick depuis des semaines, des mois, jamais il ne s'était senti aussi délaissé par son ami. Déjà, qu'est-ce qui attirait le jeune homme si beau et parfait chez Matei, un garçon banal, de surcroît maigrelet avec à peu près autant de charme apparent que la paire de chaussettes au fond d'une armoire ?
Noël ne comprenait plus son ami et cela lui était complètement insupportable ! Il avait l'impression de perdre celui qui comptait le plus à ses yeux, et il ne voulait pas que cela arrive. C'est sans doute cette peur de perdre Pierrick qui l'avait fait se rendre compte de ses sentiments, déjà si forts alors qu'il avait décidé de les ignorer.