Chapitre 12 : Multiples individus, multiples douleurs

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-Matei ? Je te parle !
-Oui, oui...Pardon...J'étais...Dans mes pensées...

Ce lundi, c'est-à-dire trois jours après que Pierrick lui ait dit d'attendre, Matei était ailleurs. Ngôi Sao avait discuté avec lui tout le week-end mais il avait répondu à un seul de ses messages sur cinq envoyés, et à chaque fois plutôt vaguement...
Aujourd'hui, à peine à neuf heures du matin, Ngôi Sao avait un peu de peine à capter l'attention du garçon et ses autres amis se demandaient ce qui se passait...Une fois seule à seul dans le couloir avant un cours, Ngôi Sao tapa de son coude dans les côtes de son meilleur ami et lui dit, tout bas pour ne pas attirer trop l'attention mais assez fort pour lui faire sentir le ton de reproche qu'elle voulait lui faire entendre :
-Matei ! Je sais que tu ne penses qu'à ton beau Pierrick mais essaie de rester un peu dans la réalité avec nous ! Moi je suis au courant pour Pierrick et toi, mais pas les autres et ils commencent à se demander ce qu'il se passe !
-Je...Je sais...fit Matei, un peu penaud.
-Il n'y a que Massimo et Noël au courant de son côté alors essaie de respecter ce que tu m'as demandé quand il t'a déclaré ses sentiments.
-De quoi ?
-De garder le secret jusqu'à ce que ce soit un peu plus concret entre vous deux ! gronda gentiment Ngôi Sao.
-Ou...Oui. Je vais essayer, lui dit Matei avec un ton un peu plus décidé qu'avant.

Après la remontée de bretelles de Ngôi Sao, Matei se comporta un peu mieux. Il avait l'air moins dans la Lune et du coup, la jeune fille reporta son attention sur Pierrick. Le jeune homme semblait très mal en point...
Il avait l'air si triste...
Ngôi Sao semblait le voir plus que Matei, toujours perdu dans ses pensées en grande partie axées sur lui-même. C'était peut-être égoïste mais c'était aussi purement humain...
Quand on est triste, peu de choses réussissent à transperser le voile qui se met devant nos yeux...
Ngôi Sao décida de parler à Massimo à la pause de dix heures...

-Massimo ?
-Oui ?
-Je peux te parler ?
-Oui, j'arrive, dit le beau blond en se levant de sa chaise.
Noël foudroya Ngôi Sao du regard et lui dit, agressif :
-Tu vas tromper Marveen, c'est ça, espèce de...
Massimo réagit très vite et heureusement avant que l'insulte ne fuse et ne puisse trop blesser la jeune fille. Il lui donna un coup de coude dans l'épaule après s'être levé de sa chaise.
-Ne sois pas aussi malpoli avec les gens qui ne t'ont rien fait ! gronda Massimo avant de soupirer. J'ai l'impression d'être le père veuf de deux enfants à problèmes, un turbulent et un lunatique !
Ngôi Sao cacha son sourire derrière sa petite main et les deux amis s'isolèrent dans le couloir, dans une zone à l'abri des oreilles et des regards indiscrets.

-Alors ?
-Pierrick, il va bien ?
Massimo laissa quelques secondes passer avant de dire avec un rictus sarcastique :
-Je crois que tu as pu voir et que par conséquent, tu peux deviner...
-Il ne va pas bien, c'est ça ?
-Effectivement, confirma Massimo en faisant la moue. C'est assez compliqué dans notre trio actuellement...
-J'ai vu ça...ajouta la jeune fille entre deux phrases du jeune blond.
-Pierrick est dans sa déprime due à son dilemme de "est-ce que je sors avec Matei et je blesse Noël encore plus" ou "est-ce que je m'abstiens et souffre en refusant de sortir avec Matei, alors que c'est moi qui lui ai demandé le premier, pour garder l'amitié de Noël"...Et Noël qui fait la tronche toute la journée parce que Pierrick veut sortir avec Matei...C'est franchement barbant à la fin !
-Je comprends...lui dit Ngôi Sao en tapotant l'épaule de Massimo qui semblait de plus en plus agacé par les comportements de ses amis, l'un déprimé en plein dilemme et l'autre, enfantin d'un gamin en pleine crise de jalousie...
Il la remercia du regard pour son geste.
-Pauvre, pauvre Massimo...lui dit-elle, avec un air peiné et désolé. Et toi tu es entre les deux, le...Fessier entre deux chaises.
Cela fit rire Massimo.

-De ton côté ? demanda le garçon blond, en croisant les bras et s'appuyant sur le mur, un peu à la manière d'un petit voyou.
-Par rapport à toi, ça va, j'imagine, avoua la jeune fille en haussant les épaules et les sourcils simultanément. Mais disons que c'est assez agaçant de voir Matei entre la dépression profonde et l'appréhension ultime, qui attends de recevoir la réponse de Pierrick.
-Mais il est vraiment imbécile ! explosa Massimo, mais néanmoins assez discrètement pour une explosion. Il lui demande enfin avec tout le courage du monde parce qu'il avait vraiment peur de se faire rembarrer et après, son meilleur ami de toujours ou presque lui dit qu'il l'aime aussi et ça bloque tout le long processus psychique qu'il a suivi pour trouver le courage de s'avouer à Matei ! J'y crois pas ! Je crois rêver des fois...
Ngôi Sao fut impressionnée par le débit de parole de Massimo cette fois extrêmement rapide par rapport à d'ordinaire et par son articulation parfaite en dépit de sa vitesse de parole impressionnante. Elle laissa quelques secondes de silence avant de dire avec un air intrigué :
-Depuis combien de temps, si ce n'est pas trop indiscret, Pierrick cherchait à avouer ses sentiments à Matei ?
C'était sa vie de toute façon, de poser des questions faussement indiscrètes. Massimo sembla réfléchir avant de dire avec son grand sourire charmeur mais vicieux à la fois :
-Tu aimes bien tout savoir, n'est-ce pas ?
-Bien sûr, rit Ngôi Sao. Comme toi ! Entre espions, on s'entraide et on garde le silence ! Secret professionnel !
Le clin d'œil complice de Ngôi Sao fit rire le beau blond qui lui répondit :
-Effectivement, je suis l'espion de mon trio ! Et bien sûr qu'on s'entraide tous les deux ! On sait même plus de choses que les deux principaux concernés eux-mêmes !
La jeune fille se joignit au rire de son interlocuteur avant qu'il finisse par se reprendre et lui dire :
-Pour te répondre, ça devait faire bien six mois...
Ngôi Sao fut impressionnée.
-Ça fait beaucoup ! constata-t-elle avec un air surpris.
-Oui, confirma Massimo avec son éternel sourire magnifique. Si tu savais pas quelles phases d'hésitations et de détermination aussi subite que temporaire il est passé...
-Je n'ose pas imaginer ! rit Ngôi Sao.

Apprends-moi à t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant