Apprends-moi à t'aimer

Chapitre 3 : Ambigu

-Je n'aime pas le sport !
-On connaît le refrain, Matei, soupira Ngôi Sao en roulant des yeux. Même la chanson en entier !
-Vrai ! approuva Helena avec un sourire.

Tout le groupe d'amis de Matei allait en cours de sport. Ce serait une torture pour le jeune garçon qui n'aimait ni les efforts, ni suer.
Aujourd'hui, ils allaient faire un mélange entre condition physique et agrès. Ça tombait bien, la meilleure capacité physique de Matei était sa souplesse légendaire qui lui permettait d'exécuter des figures que personne n'avait envisagé avant...Quand son corps se courbait telle une barre de guimauve, tout le monde était impressionné.
Surtout Ayden, qui était aussi maléable qu'une barre d'acier à moins vingt-cinq degrés.

Mais ils s'étaient trompés. Aujourd'hui était le jour où ils allaient faire du unihockey. C'était un des sports favoris de Ngôi Sao et Stefano, à leur simple échelle d'amateurs, et Xiù prenait elle aussi du plaisir à y participer, en allumant les balles et en manquant de décapiter les gens en les fauchant de sa canne de unihockey.
Leur professeur s'était absenté un moment et on avait mis par élimination Matei dans le but. Ngôi Sao lui avait proposé de changer le match suivant mais le garçon avait répondu :
-Non, ça ira. Tu es meilleure en défense là qu'au but.
Puis il ajouta avec un air fourbe :
-Et je compte sur toi pour défendre les buts parce que moi, je suis une passoire et je laisserai presque toutes les balles rentrer !
-Petit malin, lui dit Ngôi Sao avec un sourire.
Xiù intervint :
-Je me mets en défense aussi !
-Non, lui dit sa meilleure amie quand ils se mirent à parler de stratégie avec leur équipe. Va en attaque avec Stefano, vous êtes bons là-dedans tous les deux. Je reste en défense avec Mélissa et Helena, tu seras le milieu de terrain.
-Parfait ! acquiescèrent les autres.
-Tu devrais commander une armée, rit Mélissa. Tu es une bonne stratège !
-Mais disons qu'entre placer des amis sur un terrain sans danger et diriger des troupes de soldats sur une zone minée au préalable, c'est un peu différent !

Soudain, Pierrick se rapprocha d'eux en les saluant avec un sourire un peu gêné. Il leur expliqua :
-Mon équipe m'a viré...On était trop, alors on m'a dit de venir dans votre équipe. Je peux ?
-Bien sûr ! fit Ngôi Sao, la seule qui puisse prendre une voix enjouée sans aucun sous-entendu ni arrière-pensée exprimée pour ne pas trahir Matei.
Le jeune garçon eut le visage éclairé et alla se chercher une canne dans un coin de la pièce. Quand il revint, il vit Matei se relever de son but et partir à son approche.
-Où vas-tu ? demanda-t-il avec surprise.
-Je...fit Matei, pris au dépourvu. Je dois aller chercher la prof. Je ne sais pas où elle a mis les casques et les gants pour le gardien.
-Tu veux que je vienne avec toi ? demanda Pierrick tout de go.
-Je...Non, tu, ah ! bégaya Matei. Non merci, ça ira. Je vais y aller.
Quelque chose changea alors dans les yeux du noiraud et c'est avec un regard triste, désolé et presque perdu que Pierrick demanda à son interlocuteur :
-Tu n'apprécies pas ma présence ?

Matei écarquilla ses yeux couleur d'écorce et eut l'impression que les quelques secondes qui suivirent sa question et pendant lesquelles il ne sut que répondre à son camarade de classe, durèrent plusieurs longues minutes.
-Je, non, je crois que tu es...Non, je...balbutia le jeune garçon. Tu devrais prévenir les autres que je ne suis plus là pendant quelques minutes, et puis si tu viens avec moi, tu ne peux plus jouer avec eux...
Matei s'enfuit alors comme un voleur sous le regard particulièrenent nouveau de Pierrick, allant chercher leur enseignante. Il avait honte de faire ça mais le noiraud l'avait vraiment pris au dépourvu...Surtout son regard. Un regard de chien battu qui donnait envie de serrer le chien battu en question dans ses bras.
Et puis zut ! Pourquoi Matei s'embrouillait l'esprit avec ça ?

Le jeune garçon ne le vit pas mais lorsqu'il quittait la salle de sport pour aller dans la partie du matériel, il ne vit pas Helena, Mélissa et Ngôi Sao échanger un regard très malicieux et sous-entendu. Elles avaient tout vu !
Quelle scène fort intéressante...
Alors qu'Helena donnait un coup de coude complice à Mélissa, Ngôi Sao porta une main à son menton au-dessus duquel s'étirait un sourire. Elle allait bien embêter son meilleur ami, et elle avait de quoi cette fois !