Prologue

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Une masse humaine est étendue là.

Un corps inerte sur le matelas. Seul dans la pièce impure.

Une enveloppe charnelle inhabitée, laissée dans ces lieux tel un déchet.

Le visage inexpressif, cet être a presque l'air paisible ainsi. Parti là-bas, en un lieu méconnu et dont l'on ne revient pas.

Un froncement de sourcils ... Juste assez pour être bien certain qu'il n'est pas encore un cadavre.

Une expression de peur, soudain. Celle qui prend entièrement cette chair meurtrie, s'associant à la douleur.

Dans son regard, l'infini est visible. L'horizon d'un monde de décadence, de perdition et de chaos.

Dans les prunelles émeraude se dessinent les souvenirs et une existence. Celle qu'il tente de défendre à tout prix.

Une chose lui échappe. Visible malgré sa dimension immatérielle. Comme des nuages opaques qui s'échapperaient d'entre ses lèvres.

L'horreur se peint sur ses traits. Il n'a pas encore conscience de ce qu'il perd en cet instant. De ce qui lui était arraché.

Une part de son être, de son intégrité. Tout ce qui pouvait être volé et qui excluait la vie. Le pire châtiment pour le vivant. Une punition bien cruelle.

Eren Jaeger se perdait dans ces volutes monochromes jusqu'à disparaître complètement !

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Les Ténèbres jaillissent : immenses et sans limites. Une légende que tu sais désormais réelle. Un murmure dans la nuit qui t'atteint soudain, comme une évidence. L'éclat dans l'obscurité totale.

Le Néant grignote le monde, le tien. Tu pourrais presque l'entendre, le sentir tout proche de toi. Tu as peur de cela et de tout le reste. De cet endroit inconnu et glacial.

Il n'est rien de familier. Tu n'as aucune idée de l'endroit où tu gis actuellement. Même la pensée te semble complexe, comme si l'intelligence ne forçait pas les barrières de ces lieux.

Tu n'as plus de corps. Ici ne règne que l'esprit, avant qu'elle ne soit avalée par la noirceur qui pullule. Tu es cette âme perdue, celle qui tente de survivre, inexorablement. Une lutte pour une volonté primaire que tu ne contrôles plus.

La douleur s'impose à toi, sans que tu ne t'en doutes. Un poison vice né des méandres sombres. La souffrance imprègne la chair que tu sais inexistante, prête à te faire croire en l'impossible.

Tu rampes et te tords dans les bas-fonds de ce monde. Tu fais parti d'une chimère dont tu moquais tant. Etait-ce l'inconscience ou pire encore ?

Soudain, tu perçois que la noirceur t'atteint, brutalement. Comme un animal, un prédateur venu extraire tout ce qui pouvait être bon en toi. C'est insupportable ! Une torture que dont l'humain ne pouvait concevoir la portée. Les mots seuls étaient alors bien réducteurs.

Tu sens que quelque chose s'échappe de ton être, de ton âme. Une part de toi, de ce que tu as été. C'est une certitude mais tu ne peux rien y faire. Tu es impuissant face à la pire chose. Ce n'est pas la vie que l'on te prend, mais tout ce qui l'a jadis caractérisée. Un caractère, des petites et d'innombrables souvenirs.

Tout cela te glisse entre les doigts. Tu te débats avec le dernier des désespoirs. Une volonté folle et primitive. Un instinct de survie là où la conscience atteint ses propres limites. Tu protèges qui tu es, ce que tu n'aurais jamais pensé perdre un jour. Un nom, un prénom. Une existence paisible devenue cauchemar. Mais tu sais que ce que tu subis en cet instant est pire que tout. Il n'y a rien pour te sauver, juste le Néant froid et malfaisant. La solitude pour clore une histoire. N'y a-t-il pas pire fin ?

Tes forces te quittent lentement, tout comme ta résistance. Tu te sais perdu, et ta faiblesse ne peut-être blâmée. Un cri s'échappe, tu ne sais s'il est le produit de ton imagination, mais il résonne longtemps dans les profondeurs de l'Univers. C'est là l'ultime son et il ne te quittera plus.

Le vide t'engloutit après un long moment de calvaire. Tu l'accueilles, puisque la lutte n'est plus envisageable. Tu laisses l'obscurité s'emparer de ton être, effacer tout ce qu'il reste encore d'humain en toi.

Bientôt, les pulsions meurtrières prendront naissance entre tes entrailles. Une alternative bien cruelle à l'être que tu étais jusque là. Une copie conforme, identique en tout point. L'enveloppe charnelle que l'âme avait désertée, dans un accès de souffrance. C'était l'avenir, sans doute. Mais comment aurais-tu pu le savoir ?

Tu n'es plus rien. Tu disparais, comme un nuage après un jour de pluie. Un être éphémère qui signait là sa perte. Un château de sable que l'eau aurait détruit, au bout d'un long moment. Il ne restait que les apparences, mais même cela, tu l'ignorais.

Tu t'enfonçais dans les Ténèbres sans fonds. Les souvenirs s'échappaient et se fondaient dans l'obscurité. Plus de rires, plus de larmes. Plus de tristesse ou de joie. Ironie parfaite de l'existence.

De bien des manières, Eren Jaeger venait de mourir.


Voilà pour le prologue qui allie un point de vu "externe" et la seconde personne. J'espère que ça rester clair pour tout le monde. C'est normal que vous ne compreniez pas tout mais si vous avez quelques questions, n'hésitez pas ! 

Aussi, n'hésitez pas à voter, à commenter, ça me fera extrêmement plaisir. J'attends vos avis avec beaucoup d'impatience et la suite arrive dimanche ou la semaine prochaine. Vous ferez la connaissance d'un policier bien spécifique :3

Kiss sur vous !

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant