11. Acharnement personnel

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La boucle était bouclée.

Erwin savait tout et le rapport venait d'être remis. Hanji avait fourni le sien prestement et plus vite que jamais. Il n'y avait plus rien à faire à présent à part attendre. Cette pensée avait effleuré le commissaire qui avait ordonné à Levi de rentrer chez lui se reposer.

Et puis quoi maintenant ? Que faire pour combler l'absence et l'ennui ? Le lieutenant se le demandait sérieusement, alors qu'il traversait les rues bondées de la ville. L'incompétence se transformait en fardeau, un fléau devenu sien. Il y avait encore tant à faire, tant à découvrir mais il se retrouvait incapable d'avancer. L'enquête attendait et lui, ne pouvait simplement plus patienter !

L'esprit humain se muait en ennemi fugace. Les questions tournoyaient sans découvrir la moindre réponse, alarmées et alarmantes. Levi crut devenir fou, errant sans but au milieu de la foule. Ses sens lui hurlaient des ordres dépourvus de logique et il en était la parfaite victime.

Son visage demeurait impassible tandis qu'il marchait sans faiblir. Il tenait fermement dans sa main son portable, dans l'attente insoutenable d'un appel. Qu'espérait-il au fond ? Que le gamin refasse une crise et qu'il soit forcé d'intervenir ? Une volonté bien inhumaine en plus d'hypocrite ! Le lieutenant en était conscient sans son morigéner plus que de raison.

Un de ces corps anonymes le heurta violemment, manquant de le renverser sous le choc. Levi octroya un regard glacial avant de poursuivre son chemin. Il jura avant d'ajouter, un peu plus loin :

—Tch !

Il prit la décision de rentrer, refusant de s'interroger outre mesure. A quoi bon rester ici ? Cet amas de chair humaine de le dégoûtait profondément encore plus que leur omniprésence.

Levi pénétra aussi silencieusement d'une ombre dans son appartement plongé dans la pénombre. Seule l'odeur de refermée le força à ouvrir les quelques fenêtres menant à l'extérieur. Un ordre clair et méthodique régnait dans la pièce et un coup d'œil suffit au trentenaire pour constater que rien n'avait bougé. Ce geste était devenu un réflexe avec le temps, vestige de quelques années de service. Il déposa ses affaires soigneusement avant de soupirer profondément. Ce calme permanent lui rappelait un échec pas si lointain.

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L'homme s'effondra finalement sur le lit, le corps en sueur. Il venait de passer son appartement au peigne fin, à la recherche de la moindre saleté. Il n'y avait rien de gratifiant à cela, mais son cerveau lui octroyait ainsi un court répit. Il avait par ailleurs consacré l'heure dernière à s'entraîner, usant de toutes les techniques physique en sa connaissance. Les arts martiaux en faisaient partis, indéniablement. Levi excellaient en chacune des ces pratiques et ce, malgré les récents hématomes.

Le regard rivé sur le plafond, seule la respiration du lieutenant demeurait audible. En réalité, sa lassitude persistait sans que la fatigue ne parvienne à la détruire. Le sommeil, lui aussi, semblait l'avoir abandonné, au plus grand des désespoirs.

Qui était exactement ce fameux Eren ? Quel pouvait bien être ses liens avec l'enquête en cour ? Quel était l'origine de cette crise de violence sans pareille ? Quels dégâts cela pouvait-il engendrer ? Que ce serait-il passé si le policier n'avait pas été là pour intervenir ?

Tant de questions se bousculaient dans l'esprit embrumé du lieutenant, se disputant la priorité. Le regard émeraude du patient se superposait au sien, redoutable de réalisme. Il y lisait une haine sans pareille ainsi qu'un besoin vital de tuer, aussi incompréhensible soit-il. Une forme des plus proches de la peur accrocha la silhouette allongée de l'homme. Un frisson le parcourut brutalement, de haut en bas.

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant