12. Rapport dans les formes

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Erwin fit son entrée dans le commissariat au bout d'un gros quart d'heure, visiblement encore endormi. Une lueur intéressée brillait au fond de ses prunelles, synonyme de curiosité et de sérieux malgré l'heure matinale.

Levi l'attendait de pied ferme, toujours assis à son bureau. Il avait préalablement imprimé les informations afin de les présenter à son supérieur. Une précaution qu'il savait appréciable et nécessaire.

—J'ai appelé Petra, elle se charge des autres, annonça le commissaire. On va dans mon bureau ?

—Ouais, j'ai les documents et j'en ai fait des copies si besoin.

Ils rejoignirent la pièce entièrement plongée dans le noir. Ils s'installèrent en silence alors que le lieutenant contenait une euphorie palpable. Son ainé ne l'avait que rarement vu ainsi, surpris bien malgré lui. Il s'enquit :

—Alors, qu'est-ce qui mérite que tu désobéisses à un ordre, travaille jusqu'à l'aube et m'appelle à la même heure ?

Levi ne tiqua pas devant cet exploit rhétorique, apposa l'étendu de ses recherches sèchement sur la table. Une petite pile de documents en plus sur le bureau du plus âgé, ce dernier insista :

—Je t'écoute.

Le trentenaire ne cacha pas son mécontentement, il aurait préféré s'en tenir à une remise de réponses écrites. Il détestait toujours autant ce genre de dialogues inutiles, ces paroles de complaisances. Il n'en avait pourtant pas le choix, ramenant les dossiers devant lui. Ses yeux parcoururent les quelques lignes de récit, celles qui pourraient bien changer le cours de l'enquête. Il rassembla ses idées et se lança :

—J'ai croisé des cherches sur le prénom d'Eren pour remonter sur sa famille et ses origines. Sa mère, Carla Jaeger, est décédée de cause inconnue lorsqu'il était encore gosse, on ne sait toujours pas qui l'a tuée. J'ai trouvé son faire-part mais rien de plus. Grisha Jaeger est mort il y a trois ans d'un cancer. Ces informations m'ont permis de remonter au gamin.

—A Eren, corrigea immédiatement Erwin.

Levi grimaça imperceptiblement, fronçant le papier entre ses doigts. La fatigue le rendait moins enclin à la conversation et à la patience. Des cernes ombraient son regard devenu sombre à cause de la pénombre, son supérieur nota soigneusement cette nuance. Il l'encouragea à poursuivre, ses mains jointes sous son menton :

—Continue.

—Je n'ai pas trouvé son acte de naissance, quelqu'un a dû le détruire.

—Une association criminelle ?

Le lieutenant opina gravement, la possibilité gagnait du poids et de l'importance à ses yeux. Ce genre d'organisation demeurait extrêmement dur à arrêter pour la police, il n'y voyait rien de plus qu'un mauvais présage. Il reprit, très sérieusement :

—D'après ce que j'ai pu trouver, j'ai croisé les informations et j'ai pu établir une identité au g ... A Eren !

Il désigna les fiches devant lui, comme pour illustrer ses propos. Erwin s'en saisit sans même y jeter un coup d'œil, attendant manifestement les explications de son subalterne. Il le poussait dans ses retranchements, systématiquement et certainement par simple jeu. Le commissaire lisait en son cadet mieux que personne, fort de cette intelligence folle. Il décelait un besoin de vie, d'adrénaline et d'action, cette enquête lui était différente en tous ces points.

—Il doit avoir tout juste dix-huit ans et il a disparu dès la mort de son père. On n'a plus aucune information sur lui depuis son décès. Il est fils unique, il n'a aucune famille dans le pays ou à l'étranger, rien que l'on sache. Je n'ai rien trouvé de plus pour ce qui pourrait le rattacher à une organisation criminelle. C'est comme s'il était mort, comme s'il avait disparu à nos yeux.

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant