2. Tableau macabre

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La Nuit délaissait son territoire, ce royaume d'obscurité qui ne serait bientôt qu'un souvenir. L'aube reprenait ses droits et colorait le ciel de mille nuances pastelles.

Le Soleil n'était pas encore visible, l'astre se confondait avec l'horizon et ses couleurs. La terre et le ciel s'embrassait, de la plus belle des façons. Le jour ne tarderait pas à arriver, mais les premières lueurs apparaissaient déjà. Un semblant de lumière alors que ce sombre règne touchait à sa fin. L'aube s'offrait au regard humain, encore paralysé par la lourdeur de ces heures d'errance.

Personne n'en était témoin, la bêtise de ces lieux resterait dans l'ignorance une fois de plus ! L'activité de la ville reprendrait bientôt, suivie de cette ferveur immense et pleine. Tous ces êtres imparfaits reprendraient le chemin du travail, pressés et passivement aveugles. Un engouement journalier dont la Nuit mettait un terme, de manière bien ironie !

—Il ne manque personne ?

—Non, tout le monde est là, lieutenant Levi.

Deux fortes et assurées, aux tonalités bien différentes. Tout cela dans le simple but de briser le silence inquiétant ? Non, les mœurs et les objectifs des humains allaient au-delà de cela. Une vingtaine d'individu était rassemblée là, comme si tout était parfaitement normal. Comme si leur place avait toujours été en cette Terre. C'était faux, bien-sûr, mais le doute était permis !

—Bien.

La fraicheur de l'atmosphère s'échouait sur les traits durs et tirés de Levi. Ce dernier était prêt, de toutes les manières possibles et envisageables. Le danger n'était jamais exclu de ce genre d'intervention, mais c'était justement cela qu'il enviait. L'air avait cette odeur ce matin et il tirait un trait momentané sur la morosité de son quotidien.

—Nous attendons vos ordres, lieutenant.

Le dénommé garda le silence, laissant la brise déposer un frisson contre sa chair. Cet instant devait rester graver dans son esprit au fer rouge. Il ne se doutait de rien, cette importance majeure lui était offerte, sans qu'il ne la comprenne vraiment. L'urgence incompréhensible de la situation.

Le lieutenant accusa un regard fermé pour l'aube. Il n'en voyait pas encore la poésie, ni même le sens. Cela lui échappait encore, à lui comme à tous les autres êtres présents en ces lieux.

Devant lui, une vieille bâtisse se dressait. C'était un entrepôt datant de plusieurs dizaines d'années et le temps avait laissé sa marque. La peinture avait disparu, laissant place à un gris sale. Les taules recouvraient presque entièrement les murs et la toiture, offrant un complexe de plusieurs centaines de mètres. Levi évaluait tout cela, de manière méthodique et professionnelle. Il ne devait pas sous-estimé la complexité d'une mission d'apparence enfantine.

Le jeune homme sentait le regard de son subalterne posé sur lui, avec impatience et une pointe de respect. L'attente commençait et il était en mesure d'y mettre un terme. Ses hommes s'impatientaient, bien éveillés malgré l'heure matinale.

Le lieutenant leva son bras, lentement, avec la pleine conscience de la portée de son geste. Immédiatement, les autres se tendirent, prêt à s'élancer. Mais leur supérieur leva un doigt, le visage totalement neutre comme dépourvu de toute émotion. Il n'y avait pas besoin de mots, une poignée d'entre eux s'élancèrent vers l'avant. Leur rôle était simple, repérer les lieux, sécuriser un périmètre ciblé de la zone. Tout était précis, calculé bien que l'intervention ait été soudaine dans son annonce.

Le Soleil se distinguait maintenant, s'élevant déjà dans le ciel clair. Levi y jeta un regard rapide, complètement éteint. Pourtant, cette mission était une aubaine pour lui, mais il gardait cela pour lui.

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant