4. Mise en scène

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L'entrevue ne s'était pas éternisée outre mesure, Levi avait tourné les talons afin de pouvoir communiquer son rapport à son supérieur. Une sorte d'urgence pesait sur ses épaules, une importance capitale dont la source demeurait inconnue.

—Levi ?

Le dénommé se retourna, déjà sur la défensive avant même de connaître l'identité de son interlocutrice. Il s'agissait de Petra, qui évoluait à grands pas dans les couloirs de l'hôpital. Le lieutenant consentit à marquer un temps d'arrêt, attendant que la jeune femme soit à sa hauteur.

—Tu as pu voir le garçon ?

—Ouais, Hanji m'a collé aux basques pendant un quart d'heure.

La brigadière sourit, sans méchanceté. Elle connaissait bien le médecin, amenée elles aussi à faire équipe au moment de diverses enquêtes. Le caractère quelque peu caractéristique de son ainé lui était alors bien connu.

—J'imagine qu'elle devait être intenable, ce n'est pas tout à fait un patient comme les autres.

Levi leva seulement les sourcils, montrant son approbation tout en restant impassible. Petra ne releva pas le manque d'enthousiasme ou de communication de son vis-à-vis, habituée avec le temps à ce comportement défait.

—Vous rentrez communiquer ton rapport à Erwin ?

—Ouais.

—Est-ce que vous pourriez m'y conduire ? Je n'ai pas envie de prendre le métro à cette heure de la journée.

Le lieutenant réfléchit quelques instants à la proposition de la jeune femme, pesant le pour et le contre. Il savait que s'il acceptait il devrait renoncer à la moindre notion de calme et de tranquillité. Il hocha positivement la tête au bout de quelques instants. Un sourire naquit alors sur les lèvres de la brigadière, d'une étouffante sincérité. Elle appréciait bien trop son supérieur, à un point où ce dernier était certain de ne pas être en mesure de rendre cela.

Ils poursuivirent leur chemin ensemble, sans que rien ne vienne perturber le silence installé. Ils croisèrent quelques infirmières au milieu du complexe monochrome. Des traits tirés assemblés à une atmosphère d'urgence permanente. Cela dans un lieu où la Vie et le Mort se côtoyait, comme de vieilles amies. Levi détestait les hôpitaux !

Ils sortirent pour s'installer dans la voiture de plus âgé. Le bruit mat de la portière résonna longtemps alors qu'une sorte de malaise régnait. Le trajet se déroula lentement et dans un calme lourd, presque pesant. Petra était étrangement tendue, les muscles crispés et la respiration presque imperceptible. Levi était plus discret, seuls ses yeux couleur d'orage étaient secoués d'un léger trouble.

Dans un crissement de pneu caractéristique et juste devant le commissariat, l'engin se gara. Le lieutenant reprit connaissance de la réalité, sans avoir remarqué au préalable s'en être déconnecté. La morsure du Soleil l'attint de plein fouet alors que celui-ci signait son apogée. Le lieutenant y risqua un coup d'œil avant de réajuster son regard, maudissant les rayons de l'astre du jour.

—Merci de m'avoir ramenée, vous m'avez épargné le métro.

—Pas de quoi.

Et Levi s'éloigna, abandonnant la jeune femme à côté de la voiture. Il ouvrit la porte de l'établissement et traversa la pièce où étaient amassés tous ses collègues de travail. Il ne leur accorda pas le moindre regard, bien conscient du tarissement des conversations sur son passage. Un respect profond ou un mépris irraisonné ? Ce n'était pas ce genre de pensées qu'alimentait l'esprit de l'homme, les ragots ne l'importaient guère.

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant