3. Constat de vie

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Le commissariat était agité de bon nombre de discussions. Levi traversa les bureaux sans y prêté attention agacé prématurément par ce vacarme ambiant. Sa présence eut comme réaction de calmer quelque peu les éclats de ses subalternes.

Le lieutenant n'accusa pas le moindre regard, se contentant de rester concentrer sur son objectif. Malgré son attitude détachée, son cœur battait encore des révélations faites un peu plus tôt. Un masque parfait pour un soldat à qui il ne manquait plus que le titre. Un être qui aurait pu, ironiquement, être le meilleur des assassins.

—Tch !

Une exclamation spontané au quelle s'adonnait régulièrement l'homme. Un mépris certain que ses semblables lui inspiraient. Levi fit son entrée dans le bureau de son supérieur, d'apparence complètement calme. Erwin se tenait là, face à une pile monstrueuse de dossier administratif. Il semblait peut-être fatigué, les traits davantage tirés qu'à l'accoutumé. Il releva son regard azur et accrocha celui de son homologue, gris d'un jour d'orages.

—Levi, le salua-t-il, sans plus de cérémonie.

—Erwin.

Le dénommé soupira, pinçant ses lèvres. Il se décida à lancer la conversation, sachant pertinemment que son cadet ne s'y attèlerait pas :

—Des complications avec l'intervention. Hanji m'en a touché un mot.

—Oui, le corps hospitalier est directement intervenu. Je n'en sais pas plus, le gamin était inconscient ce matin encore.

Erwin hocha la tête et prit un moment pour se pincer l'arrête du nez. Levi avait vu juste, cette affaire était bien plus complexe qu'en apparence. Son instinct ne le trompait jamais, pas plus que l'attitude du commandant.

—Je vois. Hanji est restée vague mais je crois que les informations sont rares même pour les médecins. Elle t'attend à l'hôpital dès maintenant.

Ce fut au lieutenant d'opiner, sèchement et de manière presque mécanique. Il ne se perdait pas dans les paroles de circonstances, de celles qui jouaient inutiles. Il était comme cela, et son supérieur avait fini par se faire à cette idée.

—Bien, je ferai un rapport à mon retour.

Et il sortit, sans rien ajouter de plus. Il n'y avait pas de temps à perdre pour lui. Il quitta le commissariat pour emprunter l'une des nombreuses voitures de service. De celles qui imposaient le respect ou la peur chez n'importe qui.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, marquant au fer rouge sa présence dans l'horizon monochrome. Il était pourtant encore tôt, les passants affluaient dans les rues de la ville. Ces citadins usés par une existence sans réel but ou objectif. Levi en était dégoûté, méprisant cette idiotie humaine.

Le trajet fut rapide, quelques minutes à peine au plein centre de l'agglomération. Et l'hôpital se dessina au milieu des autres bâtiments, immense et caractéristique. Levi connaissait bien ce lieu, il s'y rendait régulièrement dans le cadre de son travail. Il parvenait à se repérer dans le complexe sans aucune peine, dans ce véritable labyrinthe de couloir immaculé. Il se rendit jusqu'au point de rendez-vous habituel. Hanji l'attendait déjà, un sourire dévorant son visage et faisant briller son regard automnal.

—Levi, le héla-t-elle

—La binoclarde.

Le médecin ne prit même pas la peine de relever l'insulte, elle y était habituée avec le temps. L'excitation se lisait dans chacun de ses gestes et le lieutenant y tirait qu'un cruel agacement.

Le sang des Innocents [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant