I'm flirting with the moon

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Les flocons de neiges virevoltent dans les airs avant de s'écraser en micro flaque d'eau sur le sol trop humide.

Le spectacle que m'offre la nature apaise mes yeux plissés par la fatigue.

Après une bonne douche, je rejoins ma mère dans la cuisine. Je m'appuies sur le plan de travail près de la cafetière poussiéreuse de Papa. Maman tente de comprendre la machine qu'elle vient de s'acheter pour venir compléter la collection des objets chers et inutiles dispersés dans la cuisine.

- Gabrielle, je t'en pries, déjeunes.

- Je n'ai pas faim. Je viens juste te prévenir que je vais au théâtre.

- Au théâtre ? Je ne comprends pas.

- Papa travaille toujours la-bas que je saches.

Maman détourne le regard de sa précédente activité pour me regarder avec une totale incompréhension, presque avec un sensation de trahison.

- Tu as gardé contact avec ton père ?

- Que tu le veuilles ou non, il reste mon géniteur. Puis, j'aurais besoin d'utiliser la salle de danse.

- Je vois...Tu rentres pour midi ?

- Je ne penses pas. Désolé.

- Ce n'est pas grave...alors...passe une bonne journée.

- Toi aussi.

Le théâtre n'est qu'à quelques minutes à pieds. J'ai du mal à croire que nous vivons si près de lui et qu'il est pourtant si distant dans son comportement...6 mois que je ne lui ai pas parlé et je reviens vers lui sur un coup de tête.

Je ne perds pas de temps à l'accueil et me dirige directement jusqu'au bureau de mon père dont la fonction est la plus haute ici, soit directeur tout simplement.

Son bureau est fermé, vide, froid. Je reste un moment comme ça, les yeux perdus dans le vague, cherchant une explication un temps soit peu rationnel à tout ceci. Un collègue à mon père vient me saluer.

- Ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vu ici. Que nous vaut cette visite ?

- Je viens voir mon père.

- Comment ça...tu ne sais pas ?

- Qu'est ce que je devrais savoir ?

- Ton père a démissionné il y a quelque mois.

- Pourquoi ?

- Je te retournes la question...

- Je ne sais pas...on est plus si proche...

- Oui, entre nous non plus ce n'est plus comme avant. Tu lui diras bonjour de ma part si tu le voix.

- Attends Marc !

- Oui ?

- Tu crois qu'il serait possible que j'utilise la salle de danse tout de même ? 

- Oui, bien sûr, viens, je vais t'ouvrir.

La musique rompt le silence. Elle envahit la pièce emportant mon cœur dans un rythme endiablé. Je suis en transe, comme les drogués en manque de came. Je laisse parler mon corps à travers une danse contemporaine sur la fameuse musique doctor. Je sens les émotions qu'il tente de transmettre jusqu'au bout de mes doigts.

Je suis plutôt fière du résultat malgré son côté un peu creepy, film d'horreur. Toutefois, c'est surtout ce qui fait tout le charme de la danse. Parce que c'est ce que m'a transmise la chanson et l'interprétation est quelque chose de très important, il ne suffit pas de connaître des pas.

La boîte de maquillage Halloween que j'avais dissimulé dans mon sac me permet d'affiner un peu plus encore le personnage. Je termine par un déguisement de fou échapper d'un asile psychiatrique.

Le tout mélanger à ma chorégraphie...c'est amplement satisfaisant. Évidemment, je ne me contente pas d'une seule prise. Je recommence mainte et mainte fois les mêmes pas, visant la " lune ", l'astre parfait, la perfection.

Satisfaite du résultat que me renvoie ma caméra hors de prix, je décide de mettre les voiles.

C'est seulement à ce moment là que je remarque l'heure tardive. Je n'ai pas pensé à prendre de l'argent sur moi...

Je marche un peu plus pour finalement me retrouver devant la porte à ma belle mère, qui abrite par la même occasion mon abruti de père. Je sonne jusqu'à qu'elle daigne enfin m'ouvrir. C'est qu'elle est sauvage celle-là.

Son chignon bien tiré vers l'arrière donne un côté asséché à son visage trop maigre. Elle repasse tant ses habits qu'elle doit certainement les changer toutes les semaines à cause de diverses brûlures...Et je ne voudrais même pas parler de ses autres nombreux défauts de perfection.

Ma mère d'avant n'avait rien à lui envier, mais celle de maintenant lui ressemble trop....

- Gabrielle.

- Martine.

- Que puis-je faire pour toi ?

- Me laisser entrer, ce serait déjà un bon début.

Elle me lance un sourire hypocrite avant de m'inviter à m'installe dans le salon de luxe avec écran géant intégré dans le mur et ses baffles de " cinéma ".

- Ou est papa ?

- Il avait une course à faire.

- Il en a pour combien de temps.

- Pourquoi es-tu là ?

Je souffle calmement.

- Ce qui est sûr, c'est que je ne viens pas te rendre visite.

- J'imagine bien...Je te proposes de repasser plus tard, qu'en penses tu ?

- Ais-je le choix de toute façon ? Ce n'est pas comme si c'était chez moi...ce n'est pas chez lui non plus soit dit en passant. Bon, ben, bonne journée.

Épuisée par la méchanceté de cette femme, c'est avec joie que je retrouve mon synthétiseur munit d'un micro pour effectuer les premiers enregistrement de la chanson.

Après avoir manger sereinement grâce au bon fonctionnement de mon projet, je m'installe à mon bureau, un bol de bonbon posé à ma droite, pour effectuer le montage vidéo.

Sincèrement, je ne pensais pas pouvoir terminer un si bon clip, sans vouloir me vanter, en si peu de temps. Le rendu est exceptionnel. Je dois avouer que mes dons en effet spéciaux ni sont pas pour rien.

J'ai beaucoup de chance de pouvoir faire de mes passions un produit si agréable à voir et écouter.

Puis, je pars du principe que chacun à ses propres capacités qui une fois misent en avant peuvent être si plaisante et qui ne se démarque pourtant pas particulièrement du lot en temps normal.

La vidéo posté, je me sens soulagé, comme enlevé d'un poids. Je m'accorde alors enfin un peu de répit tandis que le marchand de sable m'emmène sur son petit nuage...enfin...

Dans mon rêve, Loïc Nottet est à mes côtés, il m'explique quelque chose, mais j'ai du mal à saisir ce qu'il dit, je suis bien trop occuper à regarder ses moindres fait et gestes, de sa mâchoire qui se contracte à ses mains qui appuis son discours.

Si seulement ce rêve pouvait être réalité...j'aurais tant de chose


Our demons staring back with laughter ( LN )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant