Food Porn Lover

12 - L'urgence Natacha

Flo ✉ Je ne mange pas avec toi ce soir. Je viens à peine de sortir du travail et j'ai un rendez-vous pro.

Seb ✉ Ma salade de quinoa t'attendra dans un tupperware.

Eurk... Il n'aurait pas pu me préparer autre chose ? Genre... des nouilles instantanées ?

Je range mon smartphone dans ma poche avant de me tapoter les joues pour me donner du courage et sonner à l'interphone du 53 rue de la République.

Andréa Simon voulait que l'on se voit mercredi soir, et il veut qu'on couche ensemble. J'espère que Patrick l'a bien mis au courant sur le sujet de ma visite... Parce que ce chieur n'a pas répondu à mon mail professionnel.

J'ai beau sonner deux fois de suite, rien. Aucune réponse.

Je suis sûr qu'il est encore en train de se taper une mannequin, foutu Andréa Simon !

Soudainement, la porte de l'immeuble s'ouvre devant moi et Andréa, une grande housse de protection sous le bras, m'attrape la main alors qu'une voiture arrive devant nous.

Pas un bonsoir, pas un mot, rien. Il se contente de me faire grimper en vitesse dans le véhicule avant de demander au chauffeur de nous conduire... à l'aéroport ?!

— Allez-y à fond, on est pressé !

— Bonsoir Andréa ! m'exclamé-je pour l'interpeller.

— Ouais, salut.

Pour encore plus couper court à la conversation, il sort son téléphone et passe un appel avec un accent « franglais » dont je pourrais me moquer encore longtemps. Même si mon accent est tout aussi imparfait.

J'en profite pour le regarder de haut en bas, lui et sa tignasse brune frisée qui semble toujours en pétard. Ce soir, il porte ses lunettes qu'il redresse souvent d'un doigt, ainsi qu'une chemise blanche dont les manches sont retroussées et un pantalon noir. Je n'ai pas besoin de me rapprocher de lui pour sentir ce parfum mentholé émanant de son cou.

Je me demande s'il avait prévu qu'on travaille ou s'il voulait réellement coucher avec moi ?

Nous passons le trajet sans nous adresser la parole et, une vingtaine de minutes plus tard alors que le chauffeur a appuyé sur le champignon, nous descendons du taxi et nous nous retrouvons devant une entrée menant à une piste privée de l'aéroport. Andréa court jusqu'à la barrière de sécurité, discute à peine une seconde avec la sécurité qui lève la barrière pour nous et recommence à courir sur la piste vers ce qui semble être un jet privé.

« NATACHA ! » s'écrie-t-il alors qu'une femme sort d'un hangar en marchant vers ledit jet.

N'étant pas assez endurante, je suis obligée de faire le reste du trajet en marchant et n'arrive à leur niveau presque deux minutes après.

— Tu es vraiment un amour Andréa ! s'exclame la mannequin avec un accent russe en prenant le photographe dans ses bras.

— Prend en soin, je les ai fait développer en vitesse juste pour toi, répond-il en lui tendant la grande housse contenant surement des photos grands formats.

— Merci !... Et c'est ta copine ? Oh my god ! Est-ce que ma demande égoïste a interrompu votre rencard ?!

— Non... je... commencé-je tout essoufflée.

— C'est une collègue. Floriane Maillard de chez Go Shape!. Tu devrais regarder leur site, ça pourrait intéresser quelques-unes de tes amies mannequins.

Je n'arrive pas à le croire... Andréa Simon fait de la pub pour ma marque à une mannequin russe et surement renommée vu la taille de son jet privé ! Finalement ce n'est pas totalement un chieur.