Inspire. Expire. Fais partir ta colère. Inspire. Expire.
Je regarde à nouveau mon smartphone : 10h30. Mes yeux se posent comme la veille au soir sur le nom « Simon » du 53 rue de la République avant d'appuyer sur l'interphone.
J'ai tout fait pour ne pas revenir ici mais mon patron ne m'a pas trop laissé le choix et a insisté sur le fait que « maintenant, j'étais une adulte ». Ça veut dire quoi ? Que lorsqu'on est enfant, on a le droit de ne pas faire des choses ? Que l'adulte ne doit jamais se défiler ? C'est totalement stupide comme raisonnement...
« OUI ? » s'exclame une voix féminine sortant de l'interphone.
« Euh... C'est bien chez Andréa Simon ? Je... euh... Je suis ici pour récupérer des ph- »
Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase que le bruit d'ouverture de l'entrée me coupe. Je pénètre dans la cour intérieure de l'immeuble avant d'entendre une porte et de constater que c'est celle en face de moi qui s'ouvre.
La mannequin d'hier, ses cheveux roux à peine peignés, passe sa tête dans l'embrasure de la porte et me fait signe de venir.
Je déglutis en avançant timidement dans la cour puis pénètre dans l'antre du dragon avant d'être choqué par la taille indécente de l'appartement.
Une immense pièce, du parquet au sol, une cuisine américaine avec un grand îlot central et ouvert sur un coin salle à manger. Des paravents séparent cet espace d'un autre où plusieurs lampes et objets de décors sont soigneusement disposés : un lieu de travail pour le photographe qui semble absent.
La mannequin disparaît de ma vue en rejoignant une autre pièce avant de revenir avec son sac et ses talons pour s'affaler dans le canapé contre un des paravents.
Je bascule un pied sur l'autre, pas du tout à l'aise par les secondes s'écoulant trop lentement à mon goût.
« C'était qu- »
...
Andréa Simon. La tignasse frisée en pétard, un début de barbe mais surtout... nu. COMPLÈTEMENT NU. BORDEL DE MERDE.
Le photographe plisse les paupières et ne semble pas me reconnaître, à nouveau.
Ne baisse pas les yeux vers son engin. Ne baisse surtout pas les yeux Flo sinon l'image restera gravée dans ton esprit à jamais.
« ...Ah oui, merde. Je reviens. » dit-il d'un ton tellement décontracté que ça en est rageant.
MERDE. J'AI BAISSÉ LES YEUX ! JE L'AI VU ! SA BITE ET SON CUL !
— Est-ce que vous savez où je peux trouver de la javel ? demandé-je à la mannequin en me massant les tempes. J'en ai besoin pour mes yeux.
— De quoi ?
— Laissez tomber...
Je pousse un long soupir mais reste paralysé au milieu de la pièce, serrant la sangle de mon sac à main de plus en plus. La mannequin passe devant moi pour retourner dans ce que je suppose être une chambre, avant de revenir et de me dire poliment « au revoir » en quittant l'appartement.
Non pitié, ne me laisse pas seule avec ce chieur dont le corps nu sera maintenant à jamais gravé dans ma foutue mémoire !
Un raclement de gorge me fait sursauter alors qu'Andréa Simon, enfin habillé d'un pantalon, d'un t-shirt bleu marine et de sa paire de lunettes, arrive devant moi. Son air dédaigneux, sa signature, me sonde quelques interminables secondes avant de s'illuminer.
— Ah ça y est ! Oriane Gaillard de chez Go Shape!
— ...Floriane. Floriane Maillard.
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Food Porn Lover
Romanzi rosa / ChickLitFloriane alias Flo est une jeune femme à double facette. Dans la vie réelle, elle est réservée et timide au travail, n'a eu aucun copain depuis le lycée, et ses amis se comptent sur les doigts d'une main. Sur Internet, en revanche, elle devient cool...