Food Porn Lover

49 - Otaku Lover

[Point de vue de Nina Evrard]

« Nina, attends ! »

Mes talons martèlent le sol alors que je fuis la plus grande tentation de ma vie : Patrick Bourbon.

Si l'on m'avait dit que je tomberais amoureuse d'un presque cinquantenaire marié, père de famille et surtout patron de ma boite, j'aurais ri à pleine dent.

Ce serait un bon speech pour un josei ça... Il faut que je pense à en parler sur mon forum.

Je m'appelle Nina Evrard, 28 ans, responsable marketing chez Go Shape! et je suis une otaku.

Un.e otaku, dans la définition française du mot, est une personne qui se consacre de façon obsessionnelle à un loisir d'intérieur (littéralement, un loisir pratiqué dans sa maison), tel que les mangas, les animes et les jeux vidéo en général, mais pas limités à ceux-ci pour autant.

Merci la définition Wikipédia. Une définition qui me correspond parfaitement, un peu moins pour les jeux vidéo malgré tout.

En public je suis Nina, la belle blonde qui plait à tout le monde et qui semble avoir une vie parfaite avec son fiancé.

En privé je passe mes soirées à lire des mangas, regarder des animes jusqu'à pas d'heure, faire du shopping de figurine pendant mes pauses au boulot et certain week-end en convention.

Tout ça sans le fameux fiancé, bien évidemment. Car aucun homme ne m'a jamais approché d'assez près pour voir cette vraie facette de moi.

Une Switch Girl par excellence.

Je ferme la porte de mon bureau et m'installe derrière mon ordinateur alors que mon patron déboule dans la pièce, l'air grave.

— Tu vas arrêter de me faire courir ?!

— Et toi, tu vas arrêter de me prendre pour ton vide-couille ?!

Il se peut que la fille parfaite n'ait pas un langage approprié quand elle est en colère...

Patrick Bourbon, mon séduisant patron, milieu de quarantaine, attentionné avec ses employés, cool et chic mais redoutable en affaire et qui ne négocie rien. Un vrai tigre que j'ai malgré moi provoqué lors d'une soirée, nous entrainant dans une relation adultère passionnelle menaçant mon avenir professionnel.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « je veux qu'on arrête » ? demandé-je avec irritation.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans les mots « Je t'aime » ? répond-il en se rapprochant de moi dangereusement.

— Pitié arrête ! Tu ne me connais qu'au travail et parfois en after-work, mais pas la vraie Nina.

— Je veux connaitre cette Nina que tu me caches. Je veux être plus que ton patron. Si tu me laissais voir ta vraie vie...

— Ça changerait quoi ? Tu es encore avec ta femme.

Patrick frotte sa fine barbe de trois jours avec nervosité en évitant mon regard et le simple fait de voir encore son alliance à son doigt me donne envie de lui arracher.

Alors que généralement j'arrive à contenir ma colère, lui a tendance à me faire exploser de rage. Il me permet d'extérioriser tous mes sentiments négatifs, ce qui me fait un bien fou mais conduit généralement à ce que je redoute le plus avec lui...

Ce que je redoute actuellement, là, dans mon bureau fermé.

— Tu ne m'as pas transmis ton dernier rapport, me dit-il en changeant complètement de sujet.